Ars Magna : intégrale

Ésotérisme, nazisme et résistance dans Bruxelles hérissée de croix gammées… Une intégrale passionnante!

Nous sommes à Bruxelles, en 1944. La Grand-Place arbore des dizaines de drapeaux nazis. Mais la victoire semble de plus en plus improbable pour l’envahisseur qui occupe la capitale belge.Improbable, mais pas impossible: les Allemands savent qu’au dix-septième siècle, à l’occasion de la reconstruction de cette fameuse Grand-Place, une loge ésotérique secrète y a dissimulé un message crypté qui doit conduire à un objet capable de changer la physionomie de la guerre. C’est donc à une course entre les Allemands et la résistance que nous allons assister. Avec un personnage central qui n’est pas vraiment un héros traditionnel, mais beaucoup plus un petit fonctionnaire sans beaucoup de relief.

L’ésotérisme est très à la mode, de nos jours, et c’est vrai aussi (et surtout…) dans l’univers de la bande dessinée. Il devient trop souvent moins un élément de l’intrigue que le moteur même d’une histoire qui se laisse alors guider dans des arcanes pas toujours évidents à comprendre.
Ici, fort heureusement, ce n’est pas le cas. Alcante, le scénariste, a délibérément choisi les routes de l’aventure. Et cette aventure, ce jeu de piste, cette course au trésor racontée en trois épisodes réunis dans cette intégrale, ne manque vraiment pas d’intérêt.

Alcante: Ars Magna

Un scénario fouillé, un dessin d’un réalisme très descriptif à l’efficacité évidente…

Alcante, le scénariste, prend plaisir à mêler la grande Histoire, l’aventure et un ésotérisme qui reste plausible. Et le dessin de Jovanovic, dans la restitution de Bruxelles au fil des âges, est d’une véritable perfection. L’Hôtel de ville pavoisé de croix gammées, le Palais de Justice dominant les Marolles, la rue du Chêne, la Place Royale, c’est Bruxelles qui devient, au fil des pages, le vrai personnage central de cet album, ou, tout au moins, l’élément essentiel de toutes les évolutions narratives. Point n’est besoin d’être féru en alchimie et en ésotérisme pour aimer ce récit. Il suffit d’avoir envie de se laisser entraîner par l’imagination fertile d’un scénariste qui réussit sans difficulté à mélanger les époques, et par le dessin simple et réaliste d’un dessinateur amoureux des décors qu’il immortalise! Et le plaisir, dès lors, est au rendez-vous!

 

Jacques Schraûwen

Ars Magna : intégrale (dessin : Jovanovic – scénario : Alcante – éditeur : Glénat)