Bandette

A savourer sur la plage (ou ailleurs…)

Les codes du Comics américain sont bien connus : des histoires courtes qui forment des chapitres, un dessin qui aime à éclater les perspectives comme les apparences, avec des lignes de force qui pointent toutes vers le lieu de la planche où l’action, souvent violente, est la plus puissante, un dialogue qui se veut d’une part très  » parlé  » et, d’autre part, pour accentuer la narration, extrêmement littéraire parfois.

Ici, nous nous trouvons en face d’un comics qui, justement, ne sacrifie aucunement à tous ces codes, sauf un, le premier, la construction en chapitres. Le dessin est souple, vif, rapide, sans effets spéciaux, et plus proche de la bd européenne que de la bd américaine. Le scénario rend hommage, de manière appuyée même, au neuvième art belgo-français. Un des personnages, un policier, par exemple, s’appelle  » Belgique « , et les initiales de ses prénoms sont B.D.!

L’histoire elle-même, celle d’une jeune voleuse masquée, en concurrence avec un voleur tout aussi masqué et rappelant les traits du  » Spirit « , est totalement démarquée par rapport à  la bd du nouveau continent. La violence est traitée en ellipses, et, d’ailleurs, très peu présente, le sourire prime sur l’action.

L’héroïne, Bandette, fait d’ailleurs penser à cette  héroïne que bien des enfants, et des adultes se souvenant de leurs lectures enfantines, connaissent : Fantômette !

J’avoue que, à la lecture de cet album, je me suis bien amusé… Tout en me demandant si, finalement, il ne s’agissait pas d’un pastiche, tout simplement… Qui sait ?… Cela dit, le résultat est agréable à lire, le dessin, sans tape-à-l’œil, sans virtuosité ostentatoire, est totalement lisible, et l’ensemble forme un excellent bouquin délassant à souhait et accessible à tous les publics !

 

Bandette (dessin : Colleen Coover – scénario : Paul Tobin – éditeur : EPcomics)

Jacques Schraûwen