Game Over : 18. Bad Cave

Jeu vidéo et humour noir !

Une série BD dont le succès auprès des enfants et de leurs parents ne faiblit pas au fil des années ! Un humour pas sage du tout pour enfants et parents sages ou moins !

Game Over 18 © Dupuis

Game Over, ce sont des gags d’une page. Game Over, c’est une série impossible dès lors à résumer, mais qui fait sourire, qui fait rire, sans arrière-pensée. C’est une série parallèle à une autre série de son auteur, Midam, qui met en scène Kid Paddle, un gamin de neuf ans, fou de jeux vidéos, et qui a une tendance à mélanger un peu trop le réel et le virtuel. Et Game Over, c’est tout simplement Kid Paddle qui joue à un jeu vidéo ! En une suite de gags d’une page, le lecteur se trouve comme Kid, en face d’un écran sur lequel évoluent deux avatars : le petit barbare et la princesse. C’est, en quelque sorte, un jeu de plateau, mais assez politiquement incorrect, puisque le petit barbare et la princesse ne sortent jamais vivants de leurs périples !

En effet, les héros meurent à chaque page, et de mille et une manières différentes ! Et pourtant, c’est une série que les enfants adorent ! Et leurs parents ! Pour son côté un peu trash, c’est vrai, mais aussi pour ses valeurs formidablement « politiquement incorrectes » !

Game Over 18 © Dupuis
Midam : la mort…
Midam : être politiquement incorrect

Si « Game Over » a énormément de succès, c’est d’abord parce que c’est une bd dans la grande tradition de la bande dessinée des années 80. Midam, l’auteur, s’amuse, par exemple, à faire comme Franquin et Gaston, c’est-à-dire à terminer tous ses gags par une sorte d’animation dessinée autour de l’expression « game over ».

Game Over 18 © Dupuis
Midam : les « signatures »

On pourrait se dire qu’au bout de 18 albums, les gags ont tendance à devenir par trop répétitifs, mais ce n’est pas le cas, que du contraire. On sait comment chaque histoire d’une planche va se terminer, mais on ne sait pas comment on va arriver à cette fin ! En fait, c’est une bd très ludique, une bd qui se lit de manière frontale, sans réfléchir, une bd qui se fiche pas mal des modes et des habitudes, une bd à sucres rapides, de ces sucreries dont on se souvient, adulte, comme des vraies richesses de son enfance enfuie ! Non, ce n’est pas trash, Game Over : c’est amusant, c’est jouissif, c’est hors normes, c’est dessiné d’un trait vif et lisible d’un seul regard. C’est une bd pour ados qui, eux, savent faire la différence entre la virtualité et la réalité ! Et pour arriver à cette efficacité, dans le dessin comme dans la construction narrative, il faut à Midam et ses collaborateurs une fameuse dose d’humour, certes, mais aussi de travail… L’humour, d’ailleurs, finalement, ne correspond-il pas totalement au titre de ce film des années 70 : « Sérieux comme le plaisir » ?

Game Over 18 © Dupuis
Midam : sérieux comme le plaisir

En lisant cet album, je n’ai pas pu m’empêcher de penser à quelques références cinématographiques, celles de ces films muets de Chaplin ou de Laurel et Hardy. Il y a un côté répétitif et pourtant changeant, il y a une conclusion attendue mais un déroulé, lui inattendu. Cela dit, pour Midam, les références sont celles, essentiellement, de dessins animés qui ont bercé bien des enfances, les aventures de Bip Bip et du coyote. Des dessins animés qui, comme « Game Over », n’avaient pas peur de rire de la douleur, de l’échec, de la vie !

Game Over 18 © Dupuis
Midam : les références

Ne boudez pas votre plaisir à vous plonger dans les aventures mortelles du petit Barbare et de la Princesse ! La bonne bd populaire, celle qui peut être lue de l’enfance jusqu’à la maturité, n’est pas tellement fréquente, de nos jours où une certaine intelligentsia, qui prend de plus en plus de place, prend plaisir à n’aimer que des albums abscons, mal dessinés souvent, nombriliques toujours.

Game Over, c’est pour toutes celles et tous ceux qui aiment l’humour, même et surtout quand il est profondément noir !

Jacques Schraûwen

Game Over : 18. Bad Cave (auteur : Midam, avec l’aide d’Adam et de Thitaume, éditeur : Dupuis – 48pages – parution : octobre 2019)