La voix de Frank Pé est celle d’un auteur, jamais celle d’un faiseur… Un homme empreint de passion, de passions plurielles, et de regards brillants et souriants sur son métier…
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Après avoir cherché, cherché encore, j’ai retrouvé le son de l’interview disparue du site internet de la rtbf… Une interview dans laquelle Frank Pé a pris le temps de me parler de sa passion, de ses passions, du dessin, de la conception qu’il avait des histoires à raconter… Une interview que Frank Pé avait conservée sur son site personnel. Et que voici, tout simplement…
Le « fantastique » a toujours fait partie intégrante de mes plaisirs de lecteur, depuis ma découverte, adolescent, de Jean Ray, de Gérard Prévot, de Marcel Béalu, de Claude Seignolle… Et, dans le cadre de la bande dessinée belgo-française, Philippe Foerster en est le héraut incontestable !
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Mais Philippe Foerster fut aussi scénariste, de temps à autre, en une époque lointaine où, avec Cossu, Andreas et Berthet, ils partageaient un atelier. Et la rencontre, ainsi, s’est faite, tout naturellement, entre l’imaginaire extrêmement large de Foerster et le graphisme au réalisme original de Berthet. Le résultat : un western dans lequel le fantastique, cher à Foerster, n’est pas présent !
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Ce western, paru initialement il y a une trentaine d’années si je ne m’abuse, joue avec les genres et les codes pour nous parler de Calamity Jane, de Hickok, d’un truand tueur se baladant avec le cercueil d’un ami, avec des chasseurs de prime, avec un gamin sourd-muet sans doute. Je le disais, tous les codes y sont : l’Histoire de l’Ouest américain en fond d’écran, avec Little Big Horn, par exemple, la violence gratuite, l’alcool, la mort, la légende et la réalité triviale…
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Mais les genres, eux, multiplient les références et les accents : il y a du gore, il y a des ambiances glauques et moites, il y a du western pur et dur, il y a de la grande Histoire, et même des envolées presque bibliques. Du Tarentino dessiné, en quelques sorte, avant Tarentino ! C’est, vous l’aurez compris, un excellent album que celui-ci, dans lequel la couleur occupe une place essentielle. Une réédition vraiment réussie, avec un dossier de Charles-Louis Detournay qui ne manque pas d’intérêt… Avec un scénariste d’un talent évident, que j’ai eu le plaisir de rencontrer…
Philippe Foerster
J’ai déjà parlé de Philippe Foerster dans mes chroniques, à l’occasion, entre autres, de la sortie d’un album paru chez mes amis Eliane et Cédric, de Forbidden zone, « Noir c’est Noir« .
J’ai déjà parlé avec lui de cette passion qu’il a du genre fantastique, de cette faculté qui est la sienne de créer l’horreur avec des sourires stridents, de mêler à l’innommable quelques étranges tendresses.
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Rencontrer Philippe Foerster, c’est toujours rencontrer quelqu’un qui a une vue de son métier qui manque parfois cruellement à certains auteurs mis en évidence par des médias quelconques. C’est toujours un moment de choix, comme perdu dans les méandres du temps…
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Et je n’ai pas résisté, bien évidemment, cette fois encore, à l’envie de le faire parler de ce fantastique à la belge qui est le sien, de l’écouter parler de ses influences, de Gotlib aussi…
Philippe Foerster
De nouvelles aventures dessinées par Foerster sont à venir, m’a-t-il dit. En attendant, se plonger ou se replonger dans ses livres, comme dans ceux de son complice Philippe Berthet, cela fait partie totalement du plaisir de lire, du plaisir d’aller à la rencontre d’univers extrêmement personnels et originaux…
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Et ces « Chiens De Prairie » qui unissent leurs deux talents, croyez-moi, en une réédition réussie, méritent véritablement le détour !
Jacques et Josiane Schraûwen
Chiens De Prairie (dessin : Philippe Berthet – scénario : Philippe Foerster – couleur : Dominique David – éditeur : Anspach – mai 2025 – 64 pages)
Portrait d’un scénariste au travers d’une conversation à bâtons rompus
La bande dessinée est un art étrange, dont la qualité ne peut naître que grâce à une alchimie étrange entre des mots, des dessins, des couleurs, des impressions et un récit. La complicité, dès lors, entre dessinateur et scénariste, est le premier gage d’une réussite.
Parmi les scénaristes actuels, il en est quelques-uns qui réussissent cette alchimie bien souvent… Yann, Zidrou, Zabus, par exemple. Et Jean Dufaux !
Son actualité plus ou moins récente est extrêmement variée : L’intégrale de « Double masque », dessiné par Martin Jamar, une adaptation de Giono, « Un roi sans divertissement », dessiné par Jacques Terpant (un livre que je vais bientôt chroniquer ici), un nouveau « Complainte des landes perdues » avec Teng au dessin…
De série en série, de bal(l)ade dans la grande Histoire en création de personnages et de récits à taille humaine, Jean Dufaux aime mêler au réel des failles qu’on peut qualifier de « fantastiques ». Mais, toujours, ce qui le motive, ce sont des quotidiens qui, magiques peut-être, nous font rêver aux magies de nos propres vécus…
Une rencontre avec Jean Dufaux, ailleurs qu’au profond de ses livres, c’est un moment de choix, c’est l’occasion de découvrir, loin des clichés, ce qui anime un créateur, ce que sont ses plaisirs d’écriture qu’il partage avec nous. Une rencontre avec Jean Dufaux, c’est l’occasion de deux ou trois questions, pas plus, pour l’écouter vous parler, en face à face, avec plaisir, avec réflexion, avec intelligence…
Voici donc cette conversation, autour d’une bonne table… Bonne écoute…