Les Fables de La Fontaine – illustrées par Quentin Blake, lues par Denis Podalydès

Les Fables de La Fontaine – illustrées par Quentin Blake, lues par Denis Podalydès

Il fut un temps pendant lequel l’enseignement primaire faisait grand cas des Fables écrites par La Fontaine. Elles étaient un outil pédagogique exceptionnel, pour la mémoire, l’analyse, la diction, la rédaction même ! Retrouvez-les, illustrées avec bien plus que de la simple malice !

Les Fables de La Fontaine © Les Arènes

Quelle définition peut-on donner au mot « culture » ?… Quel sens accorder à l’expression « patrimoine culturel » ?

Bien des penseurs, depuis toujours sans doute, se sont penchés sur ce questionnement. Toute culture, finalement, est la résultante ente le quotidien, et donc l’évolution d’une société, et ce que le passé, donc la civilisation, a créé comme réalisations. Le patrimoine, dès lors, ne peut se résumer à partir d’une seule réalité physique. A côté de l’architecture, les cathédrales par exemple, ou les temples grecs et romains, il y a les œuvres d’art, tangibles, il y a les traditions qu’on appelle folkloriques, il y a la chanson, il y a la littérature, la poésie, autant de formes qui sont les miroirs d’une époque, certes, mais également des jalons dans l’évolution d’une société qui est la nôtre.

Les Fables de La Fontaine © Les Arènes

La Fontaine fait, sans aucun doute possible, partie de ce patrimoine résolument intemporel parce qu’universel. Ses fables, certes inspirées par Esope, continuent toujours à exprimer des gestes, des attitudes, des réactions, des sentiments qui restent ceux de notre aujourd’hui.

Bien entendu, il y a les grands classiques, « Le Corbeau et le Renard », « Le Lièvre et la Tortue »… Mais il y a toutes les autres fables, moins connues, voire totalement oubliées, et qui, assurément, méritent le détour.

C’est ce que j’apprécie dans ce livre qui nous offre, à sa manière, un vrai panorama de l’œuvre d’un fabuliste. On y trouve les textes aux morales (dans le sens philosophique du terme) évidentes, tous publics, bien évidemment. Mais on y découvre également quelques poèmes infiniment plus légers, courtois pratiquement, libertins en tout cas, comme « La Jeune Veuve », ou « Le Mari, la Femme et le Voleur » ou encore le très étonnant et très passionnel « La Chatte Métamorphosée en Femme »…

Les Fables de La Fontaine © Les Arènes

Ce livre est somptueux, amusant, endiablé, par les textes, mais aussi par le dessin de Quentin Blake, un des plus grands illustrateurs contemporains, un de ces artistes capables, en quelques traits, de donner vie à un dessin et, ce faisant, de dépasser le texte illustré.

Le seul bémol que je fais concerne le cd et le côté très monocorde, sans véritable interprétation, de Denis Podalydès. Ce n’est pas l’acteur que je juge, là, mais je trouve faible la façon dont il semble lire les fables de La Fontaine sans vraiment vouloir y plonger. Il faut dire que j’ai écouté bien des fois Luchini dans le même exercice… La Fontaine a besoin de cabotinage pour être amusant à l’écoute aussi, et Denis Podalydès a choisi, lui, la voie du dépouillement. Il « dit » bien, mais sans âme, à mon humble avis !

Les Fables de La Fontaine © Les Arènes

Cela dit, ne boudez surtout pas votre plaisir ! Ce livre est un vrai plaisir, pour les yeux comme pour l’intelligence… Une édition presque à l’ancienne, avec un papier qui aime le contact des doigts… Et le cd, tout compte fait, peut s’écouter, à petits doses, peut se faire écouter (dans les textes moralistes tous publics…) par vos enfants, vos petits enfant…

Un cadeau idéal donc pour les fêtes de fin d’année…

Jacques Schraûwen

Les Fables de La Fontaine – illustrées par Quentin Blake (éditeur : Les Arènes – septembre 2020 – 117 pages et un cd de Denis Podalydès)

Les Dictionnaires – Le Larousse 2020

Les Dictionnaires – Le Larousse 2020

Voici le temps des dictionnaires… De quoi s’amuser à se balader dans l’univers des mots et d’y découvrir quelques nouvelles apparitions.

Ils sont deux, bien sûr, à se partager le marché, selon l’expression consacrée : « Robert » et « Larousse ». Cette année, « Robert » s’est offert la collaboration de Riad Satouf, de manière sans doute à s’attirer aussi un public d’amateurs de bandes dessinées.

Mais le dictionnaire qui, d’année en année, reste probablement le plus populaire, le plus proche des lecteurs et de ce qu’ils disent et lisent, c’est le Petit Larousse.

Dictionnaire, certes, mais encyclopédique, et richement illustré, cet ouvrage est pratiquement entré dans le langage courant !


Carine Girac-Marinier: populaire

Se voulant ouvert à toute la francophonie, Le Petit Larousse cherche chaque année à accueillir des mots et des expressions, d’une part, entrés dans le langage courant en France, mais aussi venus d’ailleurs… Venus de Belgique, par exemple, ou du Québec… Julos Beaucarne et les Wallons seront heureux de voir apparaître le mot « gayole »… Même si sa définition me semble, personnellement, quelque peu approximative… A côté de « gayole », de « dédiésélisation », de « doxocratie » ou d’Antispécisme » (des mots dont je ne vous ferai pas l’injure de vous en donner la définition !), on trouve donc des accents tantôt belges, tantôt suisses, tantôt québécois… Des accents venus aussi de Mayotte, de Louisiane, du Burundi.


Carine Girac-Marinier: le choix des mots

Carine Girac-Marinier: les entrées francophones

Une des grandes caractéristiques du Petit Larousse, également, c’est la grande partie qui y est consacrée aux noms propres… De Tom Cruise à Sébastien Ogier, de Marc Veyrat à Terry Gillian, de Gisèle Halimi à Etienne Daho, ils sont nombreux, cette année, à rejoindre la cohorte de célébrités qui, pour la plupart, sont cependant bien oubliées !


Carine Girac-Marinier: les noms propres

Un livre, quel qu’il soit, c’est toujours un voyage… Une aventure de curiosité… Une immersion dans un univers de culture et d’inconnu… Une source de jeux, de souvenances et de découvertes…C’est encore plus le cas avec un dictionnaire. Le Clézio, il y a quelques années, disait à Gérard Valet qu’il avait toujours, sur sa table de nuit, un dictionnaire !

Il est vrai que d’aucuns, de nos jours où la technologie prend de plus en plus le pas sur la « tradition », pensent que la lecture sur « papier » est désuète, obsolète, à totalement dédaigner ! Je reconnais que le « numérique » a, dans le domaine de la langue et du langage, bien des avantages, qu’il offre bien des possibilités de recherche et, donc, de découvertes. Mais, tout comme Carine Girac-Marinier, j’ai la faiblesse de croire, envers et contre tout, que le livre, dans son ensemble, a devant lui encore et toujours une belle éternité !

Jacques Schraûwen

Interview de Carine Girac-Marinier, directrice du département langue française et encyclopédies des éditions Larousse


Carine Girac-Marinier: papier et numérique

Sortie le 21 mai 2019

Hôtel Atlantide

Hôtel Atlantide

Illustration et voyage graphique

Je vous invite à une promenade hors du temps, aux profondeurs du surréel…

Le tout dans un livre d’art qui vous invite à en faire, peut-être, une bd…

Hôtel Atlantide © Le Tripode

Ce livre (superbement étonnant !) nous fait balader, de page en page, dans les chambres d’un hôtel qui mêle l’océan et ses mystères à la poésie du quotidien. Et cette balade ressemble ainsi à une sorte de roman graphique dans lequel seul l’imaginaire a sa place.

Les chambres ressemblent à toutes les chambres de tous les hôtels de province. Des murs sans âme, des fenêtres, des portes ouvertes, des lavabos, des baignoires parfois. Une lumière, comme presque éteinte. Et des locataires, dont on devine parfois qu’ils sont là depuis longtemps, dont on croit qu’ils viennent à peine d’arriver, parfois, dont on pense qu’ils ne sont là, souvent, que pour quelques heures. Quelques nuits. Quelques rêves toujours éveillés…


Hôtel Atlantide © Le Tripode

On n’est pas en présence, à proprement parler, d’une bande dessinée, c’est évident. Mais toutes ces chambres visitées en quelque 50 pages forment, en fait, la trame d’une histoire à inventer, sans cesse, à réinventer… C’est donc une bd, oui, scénarisée par chaque lecteur à sa manière… Ce sont mille et une bd… Quand je parlais de surréel, je parlais surtout de surréalisme. Et il est vrai que Serge Kliaving, le rêveur dessinateur de ce livre, est à inscrire dans la mouvance d’Armand Simon ou du Magritte dessinateur. Dans la mouvance, surtout, de l’immense Topor, par les symbolismes que Kliaving utilise dans plusieurs de ses dessins, des symbolismes qui ont tous une base pratiquement freudienne.


Hôtel Atlantide © Le Tripode

L’Hôtel Atlantide, pour improbable qu’il soit, prend vie, prend rêverie… Les femmes et les hommes qu’on y croise vivent et bougent (à peine…) dans un univers à la fois très ressemblant au nôtre, avec des murs, des miroirs, des sièges, mille objets du quotidien, et à la fois issu des profondeurs marines. De cette mer dont Baudelaire disait à l’homme qui devait la chérir toujours.


Hôtel Atlantide © Le Tripode

Le dessin peut être immédiat, il peut être silencieux, il peut être narratif. Il peut aussi ne pas avoir besoin de mots pour exprimer toutes ses folies. Et, à ce moment-là, le dessin devient art, sans doute, mais poésie, surtout ! Et cet Hôtel Atlantide est à savourer, de dessin en dessin, comme une plongée dans l’univers d’un artiste qui assume pleinement et avec talent ses influences évidentes…

Jacques Schraûwen

Hôtel Atlantide (auteur : Serge Kliaving – éditeur : Le Tripode)


Hôtel Atlantide © Le Tripode