15 Belles Cartes Postales

Le Meilleur Des Vacances : 15 sourires à partager, à envoyer !!!

Vos vacances sont terminées ?… Je suis certain que vous avez oublié d’envoyer quelques cartes postales à vos amis… ou ennemis ! Réparez vite cette erreur en choisissant FLUIDE GLACIAL comme support de vos messages !

 

Cartes postales © Fluide Glacial

Le soleil brûlant de l’été n’est plus qu’un souvenir ?… Vos folles bal(l)ades dans des paysages qui n’avaient peut-être pas beaucoup envie de vous accueillir sont immortalisées sur quelques photos perdues sur votre disque dur ?… Vous vous morfondez déjà derrière votre bureau en maudissant le temps qui passe toujours trop vite quand il est souriant ?… Je vous propose de lutter contre la morosité en feuilletant ce petit album de cartes postales à détacher (donc à envoyer !) ! Des cartes postales désuètes et absurdes, souriantes et farfelues…

 

Cartes postales © Fluide Glacial

Le sourire naît souvent, dans la vie, d’un décalage entre le réel et ce qu’il pourrait être, d’un décalage entre la raison et la déraison assumée. Quoi qu’aient ou en dire d’aucuns, l’humour n’est pas la politesse du désespoir, tant il est vrai qu’il est foncièrement, toujours, impoli. Et provocateur.
Et cela fait bien longtemps que Fluide Glacial a compris la chose, pratiquant en toute liberté un humour qui parfois n’est qu’un gros « comique » de circonstance, parfois un humour retrouvant les soubresauts du surréalisme, parfois un humour très enfantin, très pipi-caca… Ici, avec ces cartes postales, c’est vraiment le décalage qui est à l’honneur, l’idée qui jaillit de la confrontation entre des mots-légende et des images presque tendrement trafiquées…

 

Cartes postales © Fluide Glacial

Ne boudez pas votre plaisir, surtout ! Oubliez tous les soucis nés de vos vacances qui, j’en suis certain, n’auront pas été aussi agréables que ce que vous en espériez !
Et prenez votre plus belle plume, votre plume la plus provocatrice, la plus surréaliste, la plus provocante, selon vos envies profondes, et retrouvez le bonheur de l’échange de mots au dos des images !…

Jacques Schraûwen
15 Belles Cartes Postales – Le Meilleur Des Vacances (auteurs : Plonk & Replonk – éditeur : Fluide Glacial)

40 Éléphants : 2. Maggie, Passe-Muraille

40 Éléphants : 2. Maggie, Passe-Muraille

Un gang exclusivement féminin, dans les bas-fonds de Londres… Un scénariste efficace, une dessinatrice au talent évident… Deux auteurs à écouter dans cette chronique !…

 


 40 éléphants©grandangle

Kid Toussaint est un scénariste qui aime à aventurer ses mots et ses idées dans bien des directions différentes… On lui doit par exemple une incursion dans la Grande Histoire, avec l’excellent « Brûlez Moscou », on lui doit aussi les aventures féminines, féministes et policières de « Holly Ann », ou l’univers fantastique de Magic 7, ou les affres de la guerre avec le superbe « Brûlez Moscou ».
De manière générale, Kid Toussaint a une prédilection pour des aventures à intégrer dans des époques historiques précises, et sa façon d’aborder ainsi l’Histoire dite majuscule au travers de récits à taille humaine ne manque jamais d’intérêt.
C’est encore le cas, ici, avec cette série qui nous plonge dans le Londres du début du vingtième siècle. Qui nous y fait découvrir aussi et surtout un groupe de femmes qui, sous des dehors parfois très conventionnels, se révèlent de dangereuses criminelles, capables de tout, même du pire ! Dans son scénario, Kid Toussaint a choisi d’éviter tout romantisme inutile… Ces 40 éléphants, femmes de la truanderie profonde, opposées aux 40 voleurs, sont des voleuses, des tueuses, des femmes sans foi ni loi…
Pour construire cette série, narrativement, Kid Toussaint et Virginie Augustin ont partagé des références identiques, celles du cinéma des années trente, ce cinéma noir qui n’hésitait pas à forcer le trait mais sans jamais tomber dans la seule caricature… Des références qui leur permettent, à tous deux, de se lancer dans des cadrages puissants, dans des ruptures de ton et de graphisme, avec une véritable musique intérieure qui rythme les deux premiers albums…

Kid Toussaint: le scénario et les deux références


 40 éléphants©grandangle

Cela dit, Kid Toussaint a un autre plaisir, dans pas mal de ses albums, celui de multiplier les personnages. Sans pour autant faire ce qu’on pourrait appeler des bd « chorales », il adore placer ses personnages centraux dans des environnements desquels ils doivent se distancer pour exister pleinement.
Il y a là une gageure, toujours, pour les dessinateurs qui travaillent avec lui : parvenir à ne pas perdre le lecteur en cours de route et lui permettre de reconnaître chaque personnage sans devoir sans cesse revenir en arrière dans sa lecture.
Et Virginie Augustin, avec des codes de couleur, par exemple, mais aussi et surtout avec la force évocatrice de son dessin, y arrive sans aucun problème. Et elle réussit ainsi à nous montrer des femmes normales, qui appartiennent à différentes couches de la population, sans jamais les caricaturer, et qui, toutes, sont reconnaissables. Même si, dans chacun des deux albums déjà parus, c’est une femme qui occupe de manière évidente le devant de la scène.

Virginie Augustin: les personnages et les gens normaux


40 éléphants©grandangle

Une bande dessinée, c’est une histoire écrite…. C’est aussi, surtout peut-être, du dessin qui donne vie à un récit de façon efficace et, ma foi, artistique… C’est enfin l’ajout de la couleur qui peut, certes, se révéler inutile ou, comme ici, devenir totalement et véritablement compagne de la narration !
Hubert connaît le dessin de Virginie Augustin… Et c’est à un travail artistique qu’il se livre pour, non seulement, créer des ambiances, mais faire de ces ambiances un élément moteur du récit, de son évolution, de sa construction.

Virginie Augustin: la couleur

 40 éléphants©grandangle

Dans cette série, deux albums, donc, sont parus. « Florrie, doigts de fée », le premier volume, mettait en scène une jeune femme acceptée par la bande des 40 éléphants. Une jeune femme dont on découvrait qu’elle était, en fait, une « indicatrice » de police, à la recherche de la vérité sur la disparition d’un enfant qui lui était proche, et manipulée par un policier soucieux, peut-être aussi, de l’aider dans sa quête.
Dans le deuxième volume, « Maggie, passe-muraille », on assiste, évidemment, à la suite de l’enquête entamée dans le premier opus. Mais cette enquête, et son aboutissement, ne sont là, en tout état de cause, que comme alibis à une narration qui fait la part belle à la lutte entre les gangs, à la violence, au meurtre, le tout au long d’une construction presque théâtrale, ou plutôt proche, cette fois, des feuilletons cinématographiques et littéraires du début du vingtième siècle.
Et dans ce qui est un premier cycle (je l’espère… ), l’intérêt ne faiblit à aucun moment, tant grâce au scénario, et singulièrement aux dialogues, que grâce au dessin.

Kid Toussaint: la narration

Le dessin de Virginie Augustin associé au scénario de Kid Toussaint forment la trame, dans cette série, de ce qu’on peut appeler une vraie et belle réussite !
Il y a du rythme, de l’action, du sentiment, de la haine, de la mort, du silence, des larmes… Il y a le portrait d’une époque, un portrait qui se refuse à l’angélisme comme au voyeurisme.
Et j’espère et j’attends que d’autres portraits de femmes viennent bientôt compléter le tableau haut en couleurs de ce gang féminin des 40 éléphants !

Jacques Schraûwen
40 Éléphants (dessin : Virginie Augustin – scénario : Kid Toussaint – couleurs : Hubert – éditeur : Bamboo/Grandangle)

Quipou

Quipou

Un auteur belge, une chronique qui le laisse parler…

Un livre 100% belge… Deux adolescentes, Lea et Iloa, une Française et une Inca, se retrouvent unies au-delà des siècles et des cultures pour retrouver, ensemble, les routes de l’existence et de la mort… Un livre dense, intelligent, lumineux, dans lequel le fantastique et le réel se mêlent intimement !

 

C’est en 2015 qu’était paru le premier volume de ce  » Quipou « , sous le titre  » L’ombre Inca « , et j’avais eu le plaisir de le chroniquer et d’en rencontrer l’auteur. Deux ans plus tard, les aléas de l’édition font qu’aujourd’hui un autre éditeur a pris cette histoire en charge et a permis à Benoît Roels d’aller au bout de son histoire, en une très réussie intégrale… Une histoire qui mêle l’adolescence vécue de nos jours et celle qui fut vécue, à l’autre bout de la terre, il y a des siècles…

Léa, Française atteinte du syndrome d’Asperger, ne se souvient que très peu de ses origines péruviennes. Adoptée, elle a construit, avec sa mère, une existence plus ou moins  » normale  » en France. Plus ou moins, parce qu’elle ne réussit pas, du fait de son intelligence  » différente  » à nouer des liens, à créer des relations humaines basées sur le respect mutuel. Harcelée, parfois, par ses compagnes de classe, elle l’est aussi par des cauchemars qui lui donnent l’impression de vivre une autre vie que la sienne, celle d’Iloa, une jeune Inca promise à la mort, en sacrifice aux dieux et à leurs pouvoirs.

L’histoire de Quipou, c’est donc celle de Léa… Une Léa qui, à la suite d’un accident, va se retrouver dans le coma et avoir la certitude qu’une autre existence côtoie la sienne, ne fait plus qu’une avec elle.

Et cette certitude va la conduite, au Pérou, sur les traces d’Iloa… Sur les traces, aussi, de son père qu’elle n’a plus vu depuis bien longtemps. Sur ses propres traces, finalement, en des routes où vie et mort se superposent dans une espèce de persistance de la conscience…

Ce livre, vous l’aurez compris, au-delà de l’aventure quelque peu mystérieuse, fantastique, voire ésotérique, nous parle de la foi. De la foi plurielle, plutôt, sans dogmes ni diktats. Une foi qui, aux quatre horizons de la planète, s’ouvre à des réflexions qui parlent de réincarnation, par exemple.

Le  parti pris de Benoît Roels est de croire en cette conscience de Léa devenant double. Mais, en même temps, de ne pas fermer la porte à la science et au doute. Un doute incarné par la mère de Léa, un doute renié par son père, tout au long d’une quête initiatique qui, parfois, se fait aventure historique,  parfois aussi polar presque sociologique, parfois enfin description, de l’intérieur, ce qu’est l’adolescence, de ce qu’est l’éducation, de ce qu’est la transmission de valeurs humaines et humanistes.

Benoît Roels: foi, croyance, doutes…

 

Benoît Roels: les parents et leurs valeurs

 

Pour Léa, Iloa, cette jeune Inca morte depuis bien longtemps, est une amie tangible… Une amie qui accompagne chacun de ses pas… Une amie qui lui parle de sa mort, volontaire, en d’autres temps, un suicide qui, sans doute, l’empêche de rejoindre les territoires qu’on ne sait pas, qu’on ne dit pas, ceux de l’ailleurs…

Le fil conducteur de cet album, c’est l’objet qui lui donne son titre : le Quipou. Une ceinture faite de corde à nœuds, et qui raconte  une histoire, un itinéraire… Un livre, en quelque sorte, qui n’en a nullement l’apparence…

Un symbole, surtout, puisqu’il y a bien, de par la position de chaque nœud et de par leur agencement, un récit, mais aussi un  » chemin « … Et c’est bien de chemins qu’il s’agit, avant tout, dans ce livre, des chemins de vie, des vies toutes différentes les unes des autres, mais toutes, étrangement parfois, dépendant les unes des autres.

Parce que la force de Benoît Roels, c’est de parvenir à nous faire plusieurs récits, et que tous aient leur importance, et à réussir à ce que tous les personnages suivent, finalement, leur propre quipou, en des quêtes identitaires tantôt conviviales, tantôt opposées.

Benoît Roels: tous les symboles du quipou, ceinture et chemin…

 

La force de Benoît Roels, également, c’est de construire sa narration par le dessin, certes, mais aussi et surtout comme un metteur en scène, par le talent qu’il a à ce que chaque personnage ait sa propre manière de parler. C’est presque en tant que dialoguiste, en effet, qu’il fait évoluer son histoire, et on entend, en lisant ses textes, les intonations différentes de chaque interlocuteur, leur manière différente de parler, d’agencer les mots…

Au niveau du dessin, il y a la même volonté, chez Roels, qu’au niveau de l’écriture, celle de permettre au lecteur de deviner et de comprendre les sensations et les sentiments de tous ses personnages. Et pour ce faire, Roels s’est fait le chantre du  » regard « … Ce sont en effet eux, tout au long de cet album, qui définissent les protagonistes, qui en délimitent les présences, les importances… Et dessiner ainsi les regards, pour Benoît Roels, c’est s’approcher au plus près de ses  » acteurs  » et nous offrir à nous, lecteurs, la sensation d’en être tout aussi proches…

Benoît Roels: les dialogues
Benoît Roels: les regards

 

Le graphisme de Benoît Roels s’inscrit résolument dans ce qu’on pourrait appeler une tradition réaliste classique. N’oublions pas qu’il fut, en son temps, adaptateur en bande dessinée de romans pour la jeunesse écrits par des auteurs extraordinaires comme Foncine et Dalens, et illustrés par deux dessinateurs qui ont marqué leur époque de manière indélébile, Pierre Joubert et Pierre Forget.

Avec un tel style classique, un style qui permet une lecture immédiate, sans difficulté visuelle, on pourrait avoir peur de se trouver, graphiquement, dans du tout-venant. Mais il n’en est rien, que du contraire, parce que Benoît Roels est aussi un coloriste de talent. Ce qui caractérise ce Quipou, au-delà de l’histoire, au-delà du dessin, au-delà du fantastique omniprésent, au-delà de la puissance des regards de page en page, c’est la lumière des couleurs qui font plus que créer l’ambiance, qui la précèdent, en quelque sorte. Feuilleter cet album avant de le lire, c’est ressentir, déjà, les différents lieux racontés et décrits, les différents moments dessinés et montrés…

Benoît Roels: le dessin et la couleur

Benoît Roels a réussi son pari, avec ce livre : raconter une histoire passionnante qui aborde des tas de thèmes aussi importants que la transmission, la foi, l’adolescence, la différence, l’acceptation des cultures des autres…

Et ce Quipou est, vraiment, un chemin de mots et d’images qui mérite, assurément, qu’on s’y attarde, qu’on en souligne la beauté et la qualité…

 

Jacques Schraûwen

Quipou (auteur : Benoît Roels- éditeur : sandawe.com)