Le Ric Hochet de Zidrou et van Liemt ressemble à celui de Tibet et Duchâteau… Mais il s’en différencie par le fait que ses nouveaux auteurs en fassent un être qui vit, rêve, bouge et aime comme tout un chacun, et pas (plus, plutôt…) comme un super-héros !
Ric Hochet © Le Lombard
Nous sommes en 1968, dans une société française qui ne se reconnait plus vraiment et qui, lentement mais sûrement, se dirige vers ce qui sera un mai flamboyant…
Dans cette France à la poursuite d’elle-même et de neuves valeurs, le journalisme incarné par Ric Hochet ne correspond plus à ce que sont les aspirations, en ce domaine, de la jeune génération. Il faut dire que la politique politicienne a pris de plus en plus de place, et que les compromissions, même avec le journal où travaille Ric, sont monnaie courante.
Dans cet album, Ric Hochet se retrouve d’abord confronté à un truand qui réussit presque à le tuer, et dont on devine que, dans les prochains livres, il aura encore sa place. Mais il se trouve aussi confronté à des meurtres étranges qui ont lieu dans les jardins du Luxembourg et qui semblent n’avoir été provoqués que par l’ardeur de baisers amoureux et fougueux !
Une autre confrontation vécue par Ric Hochet, dont un bras est plâtré, c’est de devoir laisser Nadine conduire sa voiture, ce qui ne l’enchante vraiment pas, macho comme il est depuis toujours…
Et l’enquête, donc, commence… Avec Bourdon, bien entendu, complice de toujours… Mais surtout avec des personnages qui sont bien de leur époque, des jeunes journalistes d’extrême gauche qui se battent pour des vérités que le monde du pouvoir veut occulter, et qui ont un rapport très étroit avec le pouvoir de l’argent et des essais nucléaires au fond d’un désert africain…
Ric Hochet © Le Lombard
Du côté du scénario, même si certaines péripéties sont attendues, le plaisir est au rendez-vous, tant il est vrai que Zidrou réussit à parler de notre propre société au travers d’un récit qui aurait pu pourtant être daté. Tant il est vrai, également, qu’il adore humaniser Ric Hochet, le montrant intimement enlacé, le montrant puissamment embrassé, le faisant vivre dans le quotidien le plus trivial, comme celui d’une vaisselle non faite ! Zidrou nous raconte une histoire policière linéaire, dans la veine de ce que Ric Hochet a vécu pendant des dizaines d’albums déjà, mais il mitonne ce récit de quelques réflexions importantes, de pas mal de traits d’humour aussi, plus directs peut-être et plus adultes en tout cas que ceux dont Tibet aimait émailler ses albums.
Du côté du dessin, van Liemt réussit à nous restituer un Ric Hochet qui ne trahit en aucune manière celui de Tibet, son créateur, mais en lui donnant plus de consistance, plus de jeunesse, aussi, dans le trait comme dans le mouvement.
Ne boudons surtout pas notre plaisir ! La renaissance de Ric Hochet est une belle réussite, sans aucun doute, puisqu’elle ne trahit pas son modèle tout en lui permettant de s’intégrer plus profondément dans le monde qui est le nôtre !
Sous le dessin de van Liemt et les mots de Zidrou, Ric Hochet, incontestablement, prend chair, et c’est un vrai plaisir que de pouvoir le suivre dans ses nouvelles aventures !
Jacques Schraûwen
Les nouvelles enquêtes de Ric Hochet : 2. Meurtres Dans Un Jardin Français (dessin : Simon van Liemt – scénario : Zidrou – éditeur : Le Lombard)