L’atoll de Bikini, en plein Pacifique, n’a pas que donné son nom à un maillot féminin… Il fut aussi le théâtre d’essais atomiques juste après la deuxième guerre mondiale. Et le voici sujet d’une série bd très trash !…
Bikini atoll – © Glénat
Dans le premier volume de cette série résolument traitée à l’américaine, on assistait, éberlués, à des tueries sans nom, au sein d’un groupe de touristes. Il y avait pour eux, amateurs de paradis dépaysants, tout ce qu’il faut à leur bonheur : des cocotiers, du sable lumineux, l’océan à perte de vue, le soleil, le désir, et ses accomplissements charnels. Mais y avait aussi des épaves de bateaux militaires, des bâtiments étranges perdus en pleine jungle, des bunkers qu’on devine hantés et des requins tueurs. Et, surtout, des mutants ! Les expériences nucléaires du passé deviennent une attraction touristique qu’ils n’attendaient pas, et qui se révèle absolument mortelle !
Bikini atoll – © Glénat
Dans ce deuxième tome, premier d’un nouveau cycle, nous retrouvons, un mois après le carnage du premier volume, les deux seuls survivants, Lysette et Alan. Une jeune bimbo qui n’a pas oublié d’être intelligente et un jeune trisomique. Esseulés sur cette île qui ressemble désormais pour eux à la véritable antichambre de l’enfer, ils espèrent et attendent de l’aide. Seulement, lorsque cette aide se présente, enfin, sous la forme d’une équipe de tournage d’un spot publicitaire, personne ne croit vraiment à ce que les deux survivants leur racontent. Le seul centre d’intérêt que cette équipe a, c’est de finaliser le film qu’ils sont venus tourner, pour des raisons financières surtout, artistiques beaucoup moins. Et ils forment très vite, sur cette île à l’âme plus que sombre, un microcosme dans lequel tous les défauts humains prennent vie…
Bikini atoll – © Glénat
A partir de cela, les choses, bien entendu, vont s’agencer pour que l’horreur reprenne le pouvoir, et que les modèles féminins aux courbes affriolantes découvrent sur la plage de cet atoll que la beauté n’est pas le meilleur des laisser-passer face à l’indicible !
On est dans de la bd à l’américaine, de la bd qui ressemble aussi à ces films de série B, voir c ou d, qui depuis des années enchantent les ados et les post-ados de toutes les nationalités !
Le scénario est quelque peu attendu, comme dans ces films, et cela fait partie du jeu, donc du plaisir de la lecture. On attend, lecteur, de voir comment le scénariste va se débrouiller pour réussir quand même à nous étonner…
Et puis, il y a le dessin, en noir et blanc, avec un côté lavis qui estompe un (tout) petit peu les scènes d’horreur pure. Un dessin diablement efficace, avec, toujours comme dans les films américains de série Z (oui, oui, on peut aller jusque-là dans l’alphabet cinématographique…), des » rebondissements » graphiques qui ne naissent pas tous du seul scénario. Il y a ici sans aucun doute, une belle complicité entre le dessinateur et le scénariste…
Bikini atoll – © Glénat
La période des vacances est bien choisie pour se plonger dans un tel livre… A lire au premier degré, évidemment, même si, au détour des pages, ce sont quelques vrais problèmes de société qui sont abordés. Comme la » différence « , au sens large du terme, avec Alan, élément humain à la fois observateur, poétique et totalement décalé…
S’amuser à se faire peur, cela fait partie intégrante de l’âme humaine… Et quand ce jeu est réalisé avec talents (ceux du dessinateur et du scénariste), le plaisir est vraiment au rendez-vous ! Et c’est le cas avec cette série !
Jacques Schraûwen
Bikini Atoll 2 (première partie) (dessin : Bernard Khattou – scénario : Christophe Bec – éditeur : Glénat)