Un livre qui, malgré les thématiques déjà bien souvent vues, réussit à séduire… A découvrir !
Ce n’est pas de lune qu’on parle dans cet album… Mais, avec Moon, on entre de plain-pied dans l’univers de la science-fiction. Le récit est, ma foi, assez facile à résumer : après une guerre nucléaire, le monde a repris vie. L’ancienne Europe est désormais le territoire d’entités humaines réunies dans d’immenses cités. Nous sommes, oui, dans un univers postapocalyptique, tout simplement.
Et dans cet univers, grâce à la technologie, les voyages dans le temps sont désormais possibles. Avec, en corollaire, le danger de voir la criminalité envahir non seulement les lieux, mais aussi les époques. Rick De Ridder et Lynn Moon sont ainsi les employés d’une agence gouvernementale dont la mission est de traquer les criminels qui voyagent dans le passé.
Dans ce premier volume, ils se retrouvent pendant une croisade, juste entre Croisés et Saladin… Avec comme mission d’empêcher que soient livrée aux Croisés, par un de ces criminels justement, une mitrailleuse… Et de le faire en évitant les soubresauts du temps, en empêchant que leur intervention dans un passé lointain provoque des changements dans leur présent… Thème récurrent de la littérature sf, le paradoxe temporel se trouve ici au centre du récit, inspiré de manière évidente par le livre « la patrouille du temps » de Poul Anderson, que je ne veux que vous conseiller de lire… Mais ce n’est pas le seul thème, et c’est ce qui rend cette bd intéressante. Parce que ces deux agents, héros de ce livre, ont trois enfants, des triplés, un peu arsouilles, surdoués chacun dans son domaine, trois mômes qui décident un jour de suivre leurs parents dans une de leurs missions… Et donc, finalement, c’est l’enfance et ses possibles, et ses révoltes, ses richesses et ses regards qui se trouve au centre du récit. C’est l’opposition entre le monde de l’enfance et celui des adultes… Entre le lien familial et les obligations sociétales…
Le scénariste Johan Vandevelde construit un scénario qui tient la route, linéaire, sympathique, bon enfant ai-je envie de dire. De son côté, le dessinateur Stephan Louwes, avec un dessin à la fois inspiré de l’univers manga, démesures graphiques répétitives en moins, et une bd européenne traditionnelle des années 70, choisit de ne pas faire de fioritures graphiques pour accompagner ce récit. Son dessin est vif, clair de bout en bout, en nuances de blanc, de noir et de gris. C’est un bon livre, oui, tous publics, que le deuxième tome devrait faire encore mieux décoller…
Jacques et Josiane Schraûwen
Moon – 1. Une Balle Pour Un Croisé (dessin : Stephan Louwes – scénario : Johan Vandevelde – éditeur : Anspach – 2024 – 72 pages)