Auprès De Mon Arbre – un titre inspiré par Brassens pour un livre à ne pas rater !

Auprès De Mon Arbre – un titre inspiré par Brassens pour un livre à ne pas rater !

Les arbres sont des compagnons immobiles de nos quotidiens… Pas seulement en forêt, mais sur les chemins campagnards, dans les villages et les cités, dans les jardins citadins. Ce sont eux les héros essentiels de ce livre !

Non, je ne vais pas ici vous faire un discours écologique pompeux, ne vous en faites pas !

D’ailleurs, qu’est-ce que l’écologie ?

Quand on cherche la définition de ce mot, la première que l’on trouve définit une science s’attachant à l’étude des êtres vivants. La deuxième définition nous parle d’un équilibre entre l’homme et ce qui l’entoure, mais avec une dangereuse dérive, puisqu’elle parle de « doctrine ». Quant à la troisième définition, elle est la dérive ultime, puisqu’elle définit une idéologie politique aux formes, reconnaissons-le, de plus en plus autoritaristes et de moins en moins démocratiques…

Je souscris pleinement, évidemment, à la première définition…

La deuxième correspond, sans aucun aspect doctrinaire heureusement, au contenu de ce livre-ci : un livre qui nous parle de tout ce qui, au plus proche de nous, les arbres, participe à l’équilibre entre l’humain et son environnement naturel. Et j’y souscris tout aussi sereinement !

Quant à la politique, elle n’a (plus) rien à faire avec l’humanisme, ni même avec l‘intelligence !

copyright ernst

Donc, revenons-en à cet album.

Comme le disait Brassens, il ne faut jamais s’éloigner de son arbre… Il faut le regarder, le voir, le sentir vivre.

Et c’est ce que nous offre ce livre, au travers d’un personnage, Jo la Genette, qui, de page en page, nous fait découvrir la beauté des arbres, d’une part, leur variété, mais aussi tout ce que cette beauté cache de vie, d’espérance de vie, de diversité grouillante, d’existence, tout simplement, autonome, solidaire, des mots desquels il nous restera toujours beaucoup à apprendre et à espérer…

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Certes, ce livre est ouvertement et volontairement destiné à sensibiliser une jeune génération plus souvent sensible à la virtualité immédiate qu’à la réalité tangible… On peut parler, bien évidemment, d’une sorte de vulgarisation scientifique, tant il est vrai qu’on y apprend des tas de choses… Saviez-vous, par exemple, que dans une haie, centrée par un arbre, on trouve des oiseaux, des mammifères, des insectes, des dizaines d’espèces d’araignées, et même des reptiles ?

Parce que, au-delà ce l’arbre, c’est tout un univers naturel que nous approchons, lecteurs curieux, tout au long de ce livre. On y parle des haies, on y parle aussi de l’importance d’un paysage, pour la diversité naturelle autant que pour le regard qui s’y pose, on y parle du langage des arbres entre eux, de racine à racine, on y parle du bois et de ses mille utilités journalières, on y parle des fondations de Venise…

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Et on le fait simplement, avec humour, aussi…

Grâce aux dessins d’illustration, dus un auteur de bande dessinée auquel on doit la série la plus importante, humainement parlant, de ces vingt dernières années (au moins…), « Boule à zéro » (avec l’excellent scénariste Zidrou). Serge Ernst est un dessinateur engagé, à sa manière, et depuis bien longtemps, depuis ses fameux « Clin d’œil » des années 70.

Engagé non politisé…

Engagé, avec Boule à zéro, pour faire sourire les enfants hospitalisés…

Engagé aujourd’hui pour montrer la richesse la plus immédiate qui n’appartient à personne, et donc à tout le monde, la nature, les animaux, les arbres, omniprésents pour qui sait encore ouvrir les yeux, pour qui veut encore éclairer ses regards.

Ce livre n’est pas distribué en masse… Il est le fruit d’un travail passionné de quelques auteurs, et d’un dessinateur motivé par son sujet, et parvenant, sans avoir l’air d’y toucher, à faire de l’humour la plus belle des armes de l’intelligence…

Ce livre est donc vendu sur les sites de l’éditeur : www.ap32.fr et www.jolagenette.com si vous le voulez avec une dédicace de Serge Ernst.

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Jacques et Josiane Schraûwen

Auprès De Mon Arbre (illustrateur : Serge Ernst – éditeur : arbre et paysage 32 – 109 pages – www.ap32.fr et www.jolagenette.com si vous le voulez avec une dédicace de Serge Ernst.)

Aimer Pour Deux

Aimer Pour Deux

Le portrait intimiste d’une femme pendant la guerre

Aimer pour deux, c’est une partie de l’histoire de la mère du scénariste, Stephen Desberg. C’est un album surprenant, c’est un album « habité », c’est un livre très personnel…

Aimer pour deux © Bamboo GrandAngle

Oui, c’est un livre qui tient à cœur à son scénariste, le Belge Stephen Desberg… C’est beaucoup de son histoire, de ses origines, qu’il nous raconte dans « Aimer pour deux ».

Une histoire qui se déroule pendant la guerre 40-45. Monique a 20 ans, elle arrive à Paris, en 1941. Paris occupée… Certes, elle subit cette guerre, jusque dans la vision de la mort d’un de ses amis musiciens… Mais elle est surtout avide de sa propre jeunesse, avide de vivre ses vingt ans avec passion.

Aimer pour deux © Bamboo GrandAngle

Et donc, cette femme, c’est la mère de Stephen Desberg… Un scénariste pour qui, de manière évidente, était venu, à la genèse de cet album, le besoin de partager des émotions et des sentiments puissants.

Stephen Desberg : le scénario

Monique, de par ses amitiés, a la chance de pouvoir briller dans une société où se côtoient les belles femmes et les officiers allemands. Sans doute ne ferme-t-elle pas totalement les yeux, mais elle n’a pas non plus le besoin de quelque engagement que ce soit.

Observatrice bien plus qu’actrice, elle se plonge dans un monde en déliquescence, certes, mais dans lequel les arts, la littérature comme la musique, occupent une place importante.

Aimer pour deux © Bamboo GrandAngle

Monique n’est pas une héroïne…

Stephen Desberg et Emilio van der Zuiden : le personnage de Monique

C’est dans le monde de la nuit, de l’art aussi, qu’elle rencontre Francis, qu’elle l’épouse, qu’elle devient mère d’une petite fille.

Mais voilà, à la Libération, elle tombe amoureuse d’un officier américain, elle abandonne tous ses droits sur sa fille, et elle s’en va.

Avec son nouvel amour, elle va avoir un fils. Stephen Desberg.

Et c’est donc de sa mère que Desberg nous parle…

Pour ce faire, il fait parler sa mère dans ce livre, et c’était un pari risqué… Un pari gagné… Monique nous devient proche, on ne la juge pas, on la découvre, on la regarde vivre. On comprend, avec Desberg, que les péchés n’appartiennent qu’à soi. On comprend que le révélateur premier des passions humaines, c’est la mort, son côté à la fois hasardeux et inéluctable. On plonge aussi dans une œuvre littéraire, dans l’écriture comme dans les références : Pierre Louys, Valéry, Dorgelet, Breton, Céline, Brasillach sont présents, comme en décor.

Et il faut souligner, ici et là, dans l’écriture de Desberg, quelques alexandrins qui rythment, à leur manière, la narration !…

Aimer pour deux © Bamboo GrandAngle

C’est un livre écrit au hasard de la mémoire, et qui nous parle d’enfances en déchirure, celle de Stephen Desberg et celle de sa demi-sœur. C’est un livre tendre et douloureux…

C’est un livre hommage, certainement, mais qui n’occulte rien de ce qu’est la culpabilité.

Stephen Desberg : la culpabilité

Semi-réaliste, le trait d’Emilio van der Zuiden est exactement ce qu’il fallait à ce récit. Pour dessiner la guerre, ou, en tout cas, sa présence dans les rues de Paris, il aurait pu forcer le trait, choisir de montrer la grisaille d’une époque pour le moins horrible. Il fait tout le contraire, il reste simple, observateur, sans effets spéciaux, proche de ses personnages, pratiquant, graphiquement, un humour tranquille, comme dans cette page où apparaissent des personnages de Hergé…

Emilio van der Zuiden : le dessin

Le dessinateur, en outre, nous restitue, graphiquement, cette époque, dans ses ambiances plus que dans ses décors précis.

C’est Paris qu’il réinvente, à sa manière, en faisant de cette cité un lieu symbolique réussissant à devenir, pour le lecteur, d’une belle réalité.

Aimer pour deux © Bamboo GrandAngle
Emilio van der Zuiden : les décors

Et il faut souligner le travail exceptionnel, tout en contrastes, tout en délicatesse, du coloriste Fabien Alquier. C’est un livre passionnant, qui nous donne à voir une époque à taille d’une femme qui désirait être désirée… Un livre-hommage, mais bien plus aussi : un livre qui nous montre, sans jugement, que nul ne peut prévoir sa réaction face à l’inacceptable. Et qui met face à face l’Amour, la passion, et l’horreur et l’injustice…

Jacques Schraûwen

Aimer pour deux (dessin : Emilio van der Zuiden – scénario : Stephen Desberg – couleur : Fabien Alquier – éditeur : Bamboo GrandAngle)

BD et Dessin de presse : ma chronique RTBF du 24 octobre

BD et Dessin de presse : ma chronique RTBF du 24 octobre

Deux livres, ce samedi, chroniqués sur l’antenne de La Première/RTBF. Deux livres très différents l’un de l’autre, mais, à leur manière, ancrés dans nos « soucis » actuels ! Deux livres que je chroniquerai plus longuement dans quelques jours, ici, sur mon blog, grâce aux interviews que leurs auteurs m’ont accordées.

Les Chimères de Vénus

(dessin : Etienne Jung – scénario : Alain Ayrolles – éditeur : Rue De Sèvres – mars 2021 – 60 pages)

Les Chimères de Vénus © Rue de Sèvres

L’uchronie, c’est d’imaginer ce qu’aurait pu être une période historique si les événements de l’époque, les découvertes scientifiques, avaient été autres… Et c’est bien le cas d’une série qui s’intitule « Château des Etoiles » et qui se complète aujourd’hui, par un récit parallèle, un récit qui se conjuguera en trois tomes, et qui s’intitule : les chimères de Vénus.

Les Chimères de Vénus © Rue de Sèvres

Nous sommes au dix-neuvième siècle, sous Napoléon III. Mais un dix-neuvième siècle qui a vu se développer la conquête spatiale. De ce fait, pas de guerre sur terre, mais des luttes d’influence dans l’espace. Et l’héroïne de cette série, Hélène Martin, est une femme décidée, courageuse, féministe avant l’heure, qui s’en va sur la planète Vénus où se trouve enfermé l’homme qu’elle aime, un poète séditieux, anarchiste. Le dessin d’Etienne Jung, tout comme le scénario d’Alain Ayrolles, rendent hommage à ce dix-neuvième siècle riche de grands auteurs, comme Jules Vernes, riche d’ébauche de mouvements sociaux aussi. La base historique de fond est parfaite. Et le plaisir vient en voyant se mélanger à cette ambiance connue des éléments résolument impossibles, des fusées, des monstres préhistoriques sur Vénus… C’est de l’aventure feuilletonnesque, réussie, passionnante !

Les Chimères de Vénus © Rue de Sèvres

J’aime tout particulièrement le côté « anar » des personnages principaux, avec pas mal de références littéraires, avec cette citation inspirée de Romain Rolland : « Face à un ordre injuste, le désordre est un devoir » !

Pour Alain Ayrolles, le scénariste, l’important reste toujours les personnages, qu’ils aient du corps…

Alain Ayrolles
Les Chimères de Vénus © Rue de Sèvres

Angela 2005 2021

(auteur : Pierre Kroll – éditeur : Kennes – 120 pages)

Angela 2005 – 2021 © Kennes

Avec Angela 2005 2021, on se trouve dans le monde du dessin de presse. Angela, c’est, bien évidemment, Angela Merkel, chancelière allemande qui se trouve aujourd’hui à la veille de sa retraite, et qui a marqué l’Europe de sa marque pendant quelque 16 ans.

Angela 2005 – 2021 © Kennes

Pierre Kroll a fait une compilation de ses dessins… Mis bout à bout, dans l’ordre chronologique de leur parution dans la presse, ces dessins nous racontent une femme d’Etat, certes, mais, aussi, en même temps, ils nous racontent l’Europe… Kroll nous montre notre monde, avec humour, sans occulter les problèmes d’un pouvoir qui parfois, semble absolu.

Angela 2005 – 2021 © Kennes

Ce qui est frappant dans ce livre, c’est l’impertinence de l’auteur… Pas sa méchanceté, non, mais son plaisir, en des instantanés graphiques, à égratigner une femme qui, sans aucun doute, a dirigé réellement l’Europe.

Angela 2005 – 2021 © Kennes

Ce livre, c’est une visite touristique et humoristique dans une institution pleine de remous (Grèce, Brexit, Italie, France), une visite qui n’empêche pas la réflexion… Même quand Kroll prend plaisir à dénuder la chancelière !

Pierre Kroll
Pierre Kroll

Jacques Schraûwen