Batman : The Dark Prince Charming 1

Batman : The Dark Prince Charming 1

Un super-héros américain aux mains d’un dessinateur européen ! Un mélange de genres pratiquement sans faiblesse ! Et, dans cette chronique, circonstanciée, vous allez pouvoir écouter Enrico Marini, l’auteur à part entière de cet album que TOUS les amoureux de la bd se doivent de lire !

 

 

Batman est un de ces héros dont le monde entier a entendu parler. Né en 1939, dans la suite de la création de Superman, l’homme  » chauve-souris  » se différenciait de son aîné par son manque de super pouvoirs.

Batman, ce fut, dès le départ, un être humain qui garde en lui une faille profonde due à l’assassinat de ses parents lorsqu’il était enfant, et qui va utiliser sa fortune à se créer comme justicier sans peur ni reproches. Un justicier qui, de méchant en méchant, va souvent user de violence sans, cependant, donner la mort à qui que ce soit…

Et le voilà de retour, aujourd’hui, dans une aventure endiablée qui le voit affronter, une fois de plus, le Joker, son ennemi le plus fidèle et le plus cruel.

Tous les ingrédients d’un vrai comics à l’américaine sont présents. De la violence, des méchants hauts en couleurs, de l’action, de l’aventure… Mais il y a aussi l’empreinte profonde d’Enrico Marini, l’auteur européen de cette nouvelle histoire. Un auteur qui fait partie des plus grands dessinateurs réalistes du neuvième art, c’est une évidence. On lui doit entre-autres  » Le Scorpion  » et  » Les Aigles de Rome « .

 

 

Et le voici donc plongé dans l’univers de la bd américaine !… Pour une histoire qui mélange différents récits, comme toujours chez Marini…

Il y a Batman, à qui on annonce qu’il est peut-être le père d’une petite fille… Une petite fille que le Joker kidnappe entre deux cambriolages et quelques meurtres particulièrement sanglants… Et il y a évidemment, surtout même, tous les efforts de Batman pour retrouver cette gamine qui est peut-être sa fille !

Marini aime surprendre ses lecteurs, les obliger, en quelque sorte, à chercher leur propre voie dans le labyrinthe d’un scénario qui peut ressembler à un puzzle. Mais qui reste de bout en bout lisible et passionnant!…

Et c’est sans doute à ce titre-là que ce Batman-ci se révèle véritablement neuf, dans son ton plus que dans son thème, dans sa construction narrative et jusque dans le travail des décors, des mouvements et des couleurs. Marini est un auteur complet, et il s’est amusé à adapter les codes de la bd d’outre-Atlantique à sa façon personnelle de construire un récit.

Enrico Marini: les codes des comics…

 

 

Au-delà de la virtuosité graphique de Marini, au-delà de sa manière presque expressionniste de rendre compte du mouvement, jusque dans ce qu’il peut avoir de plus violent, de plus démesurément violent même, au-delà de sa technique et de la qualité de ses couleurs, élément moteur, souvent, de ses planches, il y a dans ce Batman un nouveau regard sur un être humain pour qui la vengeance, qui a toujours été sa raison de vivre, laisse place à d’autres motivations. On peut presque, face à ce Bruce Wayne-ci, parler d’une quête nouvelle pour ce justicier qui, avec Marini, récupère une part d’humanité qui, reconnaissons-le, lui manque souvent dans les comics traditionnels.

 

 

Le côté européen, donc, de ce nouveau Batman, c’est d’utiliser les codes propres aux comics, pour les simplifier graphiquement tout en donnant plus de poids à la personnalité, ambigüe, des différents personnages.

L’aventure et l’action restent au centre de l’intrigue, mais elles sont menées par des vrais êtres humains!

Et le Joker de Marini, croyez-moi, fera date… Tout comme tous les personnages présents dans cet album, des personnages qui ont une vraie existence, même si cette existence, dans la proximité du Joker, ne peut que s’effacer vite fait bien fait !…

Enrico Marini: les personnages…

 

 

Je n’ai jamais été fan des comics américains… sauf du Surfer d’Argent… Mais ici, avec ce nouveau Batman, me voici tout prêt à changer d’avis !… C’est vraiment un livre duquel on attend la suite, prévue pour le printemps prochain, avec une vraie impatience ! Et le dessin de Marini est aussi démesuré que l’est son personnage !

Plongez-vous dans le nouvel univers de Batman, et redécouvrez un super-héros de plus en plus attachant ! Vous ne le regretterez pas!…

 

 

Jacques Schraûwen

Batman : The Dark Prince Charming 1 (auteur: Enrico Marini – éditeurs: DC et Dargaud)

Bandits

Bandits

 

Qui, enfant, n’a pas rêvé de trésors enfouis dans le sable, de bouteilles lancées à la mer et porteuses de message d’amitié ou d’amour, d’actes d’héroïsme face à de grands et bêtes méchants ?

Toute enfance se nourrit ainsi à la fois de sentiments et d’utopies… L’héroïsme de l’âme, du cœur et de l’imaginaire sont essentiels, au travers du songe ou du jeu, à toute la magie de l’enfance, certes, mais aussi et surtout peut-être à la construction de ses possibles.

Vincent Wagner, dessinateur, scénariste et coloriste, n’a rien oublié des âges qui furent les siens, et il le prouve, au sein des éditions du Long Bec, en quelques livres étonnants, véritables objets graphiques dans lesquels seule l’image raconte des histoires… Une image en ombres chinoises, aux couleurs fortes, en aplats prononcés, des couleurs qui créent des décors en nous faisant deviner les lieux où les personnages vivent et vivent leurs aventures. Des aventures enfantines, des aventures destinées à un jeune public et qui laissent, grâce à des ellipses tout en vivacité et en  » impressions « , place à l’imagination. Celle de vos enfants, oui, mais aussi la vôtre… Les histoires que nous raconte Vincent Wagner sont simples et peuvent être le point de départ d’échanges passionnés… Retombez en enfance avec vos enfants, grâce à ce livre, vous ne le regretterez pas !

Bandits (auteur : Vincent Wagner – éditeur : Editions du Long Bec Jeunesse)

Jacques Schraûwen

Bandette

Bandette

A savourer sur la plage (ou ailleurs…)

Les codes du Comics américain sont bien connus : des histoires courtes qui forment des chapitres, un dessin qui aime à éclater les perspectives comme les apparences, avec des lignes de force qui pointent toutes vers le lieu de la planche où l’action, souvent violente, est la plus puissante, un dialogue qui se veut d’une part très  » parlé  » et, d’autre part, pour accentuer la narration, extrêmement littéraire parfois.

Ici, nous nous trouvons en face d’un comics qui, justement, ne sacrifie aucunement à tous ces codes, sauf un, le premier, la construction en chapitres. Le dessin est souple, vif, rapide, sans effets spéciaux, et plus proche de la bd européenne que de la bd américaine. Le scénario rend hommage, de manière appuyée même, au neuvième art belgo-français. Un des personnages, un policier, par exemple, s’appelle  » Belgique « , et les initiales de ses prénoms sont B.D.!

L’histoire elle-même, celle d’une jeune voleuse masquée, en concurrence avec un voleur tout aussi masqué et rappelant les traits du  » Spirit « , est totalement démarquée par rapport à  la bd du nouveau continent. La violence est traitée en ellipses, et, d’ailleurs, très peu présente, le sourire prime sur l’action.

L’héroïne, Bandette, fait d’ailleurs penser à cette  héroïne que bien des enfants, et des adultes se souvenant de leurs lectures enfantines, connaissent : Fantômette !

J’avoue que, à la lecture de cet album, je me suis bien amusé… Tout en me demandant si, finalement, il ne s’agissait pas d’un pastiche, tout simplement… Qui sait ?… Cela dit, le résultat est agréable à lire, le dessin, sans tape-à-l’œil, sans virtuosité ostentatoire, est totalement lisible, et l’ensemble forme un excellent bouquin délassant à souhait et accessible à tous les publics !

 

Bandette (dessin : Colleen Coover – scénario : Paul Tobin – éditeur : EPcomics)

Jacques Schraûwen