Avec cet album, dans une collection qui raconte les grandes histoires de l’Histoire, on sourit, on apprend, on s’amuse…
Ce n’est pas un livre récent, mais il mérite le détour… Et je pense, depuis longtemps, que cette habitude éditoriale de laisser vivre pendant un temps limité les albums est un vrai irrespect à l’égard des auteurs.
Dessiné par Bercovici, dessinateur par ailleurs des femmes en blanc, cet album nous rappelle avec humour mais aussi fidélité historique que sans des vrais aventuriers, Google maps, le gps, les bonnes vieilles cartes routières, tout cela n’existerait pas…
L’histoire de la géographie est incroyable, en effet, elle est le résultat d’hommes et de femmes, d’expéditions tumultueuses, d’aventures humaines, de découvertes de territoires et de gens, de cultures. Avec tout ce que cela comprend de manque de tolérance, de condescendance aussi.
Ce livre, axé autour de l’exploration française, se partage en trois grands chapitres : le temps des explorateurs, le temps ces diplomates, et le temps des universitaires. De quoi nous faire remarquer, si besoin en était, que la géographie a toujours été également un moyen d’asseoir son pouvoir.
C’est donc tout cela, animé par le dessin tout en vivacité de Bercovici, qui nous est raconté dans ce livre. Le bémol que j’ai, c’est que cet album est véritablement franco-français… Mais il reste cependant un excellent panorama d’une des réalités qu’on utilise le plus de nos jours : la localisation, le trajet, la mobilité, les vacances, les découvertes personnelles…
Jacques et Josiane Schraûwen
L’Incroyable Histoire de la Géographie dessin : Philippe Bercovici – scénario : Jean-Robert Pitte et Benoist Simmat – éditeur : Les Arènes BD)
C’est une bd très actuelle que ce Junk Food, qu’on pourrait traduire par « nourriture camelote ».
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Il s’agit donc d’un livre qui, bien après Coffe (et d’autres), décide de s’attaquer frontalement à notre façon à toutes et tous de manger… En nous parlant de la dépendance aux aliments industriels. Aux aliments, tout court, de manière générale, en fait… Le tout dans une présentation qui fait penser, dit-on un peu partout, aux Simpson, mais que je trouve, personnellement bien plus proche d’une bd « pop » des années 70 (Pravda la survireuse, par exemple…) mitonnée d’une forme très « démesurée » d’une tendance de bd japonaise actuelle.
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Disons-le tout de suite, ce genre de bd didactique et militante ne fait pas vraiment partie de mes préférences. Mais, en dehors du côté moralisateur du propos, on se trouve quand même en face d’un ouvrage qui se veut aussi nous décrire un vrai sujet de société. Et j’ai toujours pensé que, pour s’informer, il fallait le faire à plusieurs sources différentes. Et donc, avec Junk Food, je me suis intéressé à une addiction que je ne connaissais pas.
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En prenant comme héroïne une jeune fille de 19 ans boulimique, les auteurs nous emmènent à la rencontre des victimes de cette addiction, des hommes et des femmes qui ont perdu tout contrôle sur leur alimentation. Ces auteurs, Emilie Gleason au dessin et Arthur Croque au scénario, nous racontent et nous dessinent la présence, partout, de ce qu’ils appellent des drogues quotidiennes, trop sucrées, trop grasses…
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C’est un livre militant. A partir d’une enquête, de rencontres, le tout traité avec un vrai sérieux, ce livre une attaque contre l’industrie de la nourriture, de la malbouffe. Au fil d’entretiens avec des spécialistes, de témoignages réels et circonstanciés de victimes de cette addiction, cette bd est une bd de combat. Un combat essentiel, je le reconnais, et parfaitement documenté. Mais manquant, malgré tout, de nuances, ne fut-ce que sociologiques ou simplement sociales… Pécuniaires… La nourriture qui est vilipendée (à juste titre) est, pour la majorité des gens, la seule financièrement accessible ! Il y a là, comme dans toute littérature à tendance idéologique, un manque qui me gêne…
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Le dessin, moderne et, je dirais « alternatif », est caricatural et outrancier, très flashy au niveau des couleurs, avec un découpage anarchique. Mais c’est un dessin assumé et, ma foi, assez bien maîtrisé. Efficace, donc, à sa manière, en permettant d’estomper par un humour réel, mais sans fioritures, un propos sinon vraiment « lourd »… Un humour, permettez-moi l’expression, qui lie intelligemment la sauce !…
Le tout fait de ce livre un album intéressant, dans lequel se plonger pour s’informer, pour se poser des questions, pour, surtout, avoir la volonté de garder son libre-arbitre, même face à la nourriture !
« La Guerre des Lulus » est une série bd dont le succès est incontestable… Un succès qui a donné des idées pour le prolonger…
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Cette série, déclinée en 10 tomes, scénarisée par l’excellent Régis Hautière et dessinée par le non moins bon Hardoc, a séduit, par son contenu comme par son talent, un jeune public qui a vieilli en même temps qu’elle.
La guerre abordée dans cette série, c’est celle de 14-18.
Les Lulus, ce sont quatre gamins dont le prénom commence par ces deux lettres, LU. Il y a Lucien, Luigi, Ludwig et Lucas. Pensionnaires dans un orphelinat perdu dans la province française, ils sont en vadrouille le jour où leur « maison » doit être évacuée, la guerre se présentant à ses portes…
Oui, c’est la guerre qui est au centre de cette série. Au centre, parce qu’elle est omniprésente. Mais elle n’est, finalement, que le moteur d’une aventure humaine vécue par ces enfants que l’horreur et la violence ont perdus sur les routes à la fois de l’aventure et de l’exil, de la peur et du courage, de la quête intimiste et de l’espérance réfléchie.
La grande force de cette série, c’est que tout est vu à hauteur d’enfance d’abord, d’adolescence ensuite
La guerre est là, tout autour d’eux, et ils vont devoir se débrouiller… sans adultes… Avec la compagnie d’une nouvelle venue, Luce. D’album en album, on les voit survivre, vieillir, tout au long d’aventures qui parviennent à mettre un sujet extrêmement difficile à portée d’un jeune public.
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Et aujourd’hui, donc, ce récit en plusieurs volumes s’ouvre à d’autres formes artistiques.
Régis Hautière est un scénariste que j’ai toujours aimé pour l’intelligence de ses histoires, pour l’importance qu’il accorde, toujours, à ses personnages : aucun d’eux n’est une silhouette, tous existent, ont leur manière de parler, de bouger, de vivre. Et son scénario est devenu la base de romans écrits par Eva Grynszpan, et destinés eux aussi, bien évidemment, à un public de jeunes à partir de 9 ans. Les deux premiers volumes sont disponibles, correspondant d’ailleurs aux deux premiers albums de la série bd : « La maison des enfants trouvés », et « Hans ».
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On peut trouver cette idée étrange, adapter une série de bandes dessinées en romans… Personnellement, je trouve au contraire qu’il y a là un pari plus qu’intéressant : celui de remettre la littérature à l’honneur, pour un public jeune qui prendra plaisir à re-découvrir une histoire qu’il connaît peut-être déjà, mais qui, par la magie de l’écriture, se complète énormément…
Le travail d’Eva Grynszpan n’est donc pas de retranscrire en mots, en descriptions, en dialogues, les albums dessinés, mais de raconter la même histoire en abordant par touches réalistes parfois, humoristiques également, historiques bien entendu, poétiques souvent.
Je dirais que la rencontre avec le récit de Régis Hautière ne se fait plus frontalement, mais par le biais de réflexions, d’ambiances… Sans pour autant édulcorer l’histoire, celle de nos cinq personnages, celle d’une guerre, aussi. Eva Grynszpan a du talent, et ces deux premiers romans illustrés sont, littérairement, une vraie réussite.
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Et, en guise d’adaptation, ce n’est pas tout… Parce que, dans quelques jours, c’est un film qui va sortir en salle !
Intitulé La guerre des Lulus, comme les bd, comme les romans, ce film sortira le 18 janvier. Il s’agira d’une véritable adaptation, donc avec des raccourcis dans la narration… Yann Samuell en est le metteur en scène et le scénariste, et le casting est attirant, sans aucun doute : Isabelle Carré, Didier Bourdon, François Damiens… Je n’ai pas encore vu le film. Je n’en ai visionné, comme tout un chacun peut le faire, que la bande-annonce, sur le site Allociné.
Et je dois avouer que je n’ai pas beaucoup de respect pour les adaptations cinématographiques de bandes dessinées, avec Ducobu, avec L’inacceptable Gaston, le mièvre Boule et Bill, etc.
Mais ici, le sujet traité dépasse le simple divertissement destiné à passer le temps… Et j’ai un apriori favorable… Permettre à un jeune public de pouvoir suivre sur grand écran les aventures de mômes qui ont leur âge et qui se retrouvent errant dans un monde où l’horreur est omniprésente, je trouve cela intéressant, important même… Et je croise les doigts pour que ce film soit une réussite…
Jacques et Josiane Schraûwen
« La Guerre des Lulus », un film qui doit sortir le 18 janvier prochain. Et, au départ de ce film, une série BD et deux romans de Eva Grynszpan, le tout paru chez Casterman.