Martin Milan Pilote D’Avion-Taxi : Intégrale 1

Martin Milan Pilote D’Avion-Taxi : Intégrale 1

Christian Godard fait partie intégrante de la grande Histoire du neuvième art !

Christian Godard m’a toujours semblé être un des grands oubliés du neuvième art ! Il fut pourtant, n’en déplaise aux analystes intellos, une des vraies chevilles ouvrières de l’évolution de cet art, en compagnie de quelques autres auteurs, comme Craenhals ou Derib !

Martin Milan © Le Lombard

Il n’y a pas eu que Hergé, Goscinny et Gotlib ! La bande dessinée, certes, leur doit beaucoup… Mais elle doit tout autant, à mon humble avis, à des gens comme Saint-Ogan, ou Forget, ou encore à ces auteurs qui, dans les années 60 et 70, ont osé, dans l’univers de la « bd jeunesse », dans des magazines comme Spirou ou Tintin, sortir des sentiers battus… Des auteurs qui ont osé parler de la vie, telle qu’elle était, qui ont osé des scénarios soucieux d’intelligence et pas uniquement de divertissement !

Mon adolescence a été bercée, ainsi, par deux séries extraordinaires. Chevalier Ardent, avec un héros qu’on voit vieillir d’album en album, un gamin plein de défauts qui devient un adulte révolté… Un jeune qui ressemblait à tous les jeunes.

Et puis, il y avait Martin Milan, un héros, un vrai… Mais un héros qui disait ce qu’il pensait, qui se lançait dans des aventures qui nous montraient le monde tel qu’il était et pas tel qu’imaginé et imposé par tant de séries traditionnelles et, ma foi, souvent cucul la praline !… Martin Milan ?… Un véritable anarchiste de la bd, au franc parler, au regard critique et ironique, aux opinions tranchées et totalement assumées.


Martin Milan © Le Lombard

Christian Godard, l’auteur complet de ce pilote d’avion « politiquement incorrect », a été l’auteur, chez un autre éditeur, de l’excellente série «Norbert et Kari», tout aussi iconoclaste, d’ailleurs, avec un des meilleurs albums de l’époque sur l’adolescence : « Au Royaume d’Astap ». Il a été aussi scénariste pour la série d’humour « La Jungle en Folie », inspirée quelque peu par une bd américaine ou, de manière réaliste, de la série de SF « Le Vagabond des Limbes ». Il a scénarisé aussi une série légère et hilarante : « Les Ghlomes ». Et même écrit un roman policier dans le milieu du catch !

Et voici (enfin !) que paraît une intégrale de son personnage emblématique, Martin Milan.

Une intégrale qui reprend aussi, et c’est tant mieux, tous les récits «courts» qui ont été la naissance de cet anti-héros diablement sympathique !

Des récits qui racontent ses débuts, qui le montrent aussi dialoguant avec un enfant et lui affirmant que tous les rêves peuvent être vécus.

Il achète un vieil avion qui perd ses pièces, devient « taxi » volant, participe aussi à des opérations de commande, pour des privés qui peuvent se payer ses services, pour des campagnes publicitaires…

Ses aventures, ainsi, le conduisent à côtoyer des personnages parfois attachants, parfois solidement repoussants, des adultes ou des enfants, et même des animaux…

Des personnages variés, qui permettent à Christian Godard de se faire le chantre de la liberté… Liberté de penser, mais aussi liberté de dire, et de le faire haut et fort !…


Martin Milan © Le Lombard
Christian Godard: liberté de penser et de dire

Il y a dans ce premier volume de l’intégrale des aventures de Martin Milan (qui, à l’époque, furent éditées en album, d’une part, mais aussi dans le journal de Tintin et dans « Tintin Pocket », en histoires courtes) toute la genèse de Martin Milan, de Godard aussi, grâce à un dossier dû au talent de Patrick Gaumer. Il y a les premiers albums, surtout… « Les Clochards de la Jungle, « Destination Guet-Apens » et, surtout, l’extraordinairement poétique « Eglantine de ma Jeunesse »… L’histoire d’un adolescent friqué qui ramène à la vie sauvage la lionne qui a grandi avec lui… Une réflexion, en fait, à la fois sur le pouvoir de l’argent, sur l’écologie, sur la sauvegarde des animaux, mais aussi sur l’amitié et sur la nécessité, un jour ou l’autre, de se vouloir adulte. A ce sujet, j’épingle cette phrase dite par cet ado qui voit s’éloigner définitivement sa lionne : « J’ai l’impression d’être devenu vieux, d’un coup ! ».

« Eglantine de ma jeunesse », c’est un livre tendre, intelligent, un livre d’humour, aussi, avec des jeux de mots, incessants, avec un dessin qui s’attarde sur les regards pour mieux exprimer les sentiments et les sensations.

C’est un livre qui reprend tous les codes de la bd pour la jeunesse, de l’époque (fin des années 60 et début des années 70) pour, insidieusement, les détourner…

Martin Milan, dans la veine, en quelque sorte, d’un Nestor Burma, est un personnage profondément écrit… Pour Godard, dessiner, c’est plus que raconter, c’est aussi SE raconter et, surtout, ouvrir des fenêtres vers la réflexion, certes, mais aussi vers l’accomplissement de ses rêves. Avec Martin Milan, les jeunes lecteurs de ces années-là ont appris l’importance de la liberté, celle, surtout, de réfléchir, et de se construire leur(s) propre(s) avenir(s)…


Martin Milan © Le Lombard
Christian Godard: écriture, codes, jeunesse

Chaque année, ce sont des milliers d’albums qui se retrouvent sur les étalages et dans les vitrines de vos libraires. Pourquoi, dès lors, me direz-vous, prendre encore le temps de s’attarder sur une bd datant d’il y a pratiquement un demi-siècle ?

Ma réponse est simple… Martin Milan, bien sûr, appartient, comme je l’ai dit, à la grande Histoire de la bande dessinée et de son évolution, mais c’est surtout un personnage qui n’a strictement pas vieilli. Les thèmes abordés dans ses albums sont toujours d’une brûlante actualité. Au travers de ses aventures qui font sourire, ou qui provoquent de vraies émotions, Martin Milan nous dresse le portrait d’une époque qui est encore et toujours la nôtre ! Avec humanisme. Avec poésie, aussi, surtout ! Et le monde d’aujourd’hui ne manque-t-il pas cruellement de poésie ?

J’ai lu ce livre et j’ai, instantanément, retrouvé toutes les sensations qui étaient miennes au début des années 70.

J’ai lu ce livre, je l’ai autant adoré qu’avant-hier.

J’ai lu ce livre, et je ne comprendrais pas que cette intégrale ne se retrouve pas dans les bibliothèques de tous les amoureux du neuvième art !

Jacques Schraûwen

Martin Milan Pilote D’Avion-Taxi : Intégrale 1 (auteur : Christian Godard – éditeur : Le Lombard)


Martin Milan © Le Lombard
Une Maternité Rouge

Une Maternité Rouge

Le regard que porte un  » grand  » du neuvième art sur les migrants… Un livre à ne pas rater !!!

Christian Lax est un artiste hors-pair, qui, de livre en livre, semble ne traiter, vraiment, que les sujets qui le touchent profondément. C’est encore le cas dans cette  » Maternité Rouge « , qui s’ancre à la fois dans l’universel et le contemporain !

maternité rouge
maternité rouge – © futuropolis

Les éditions Futuropolis, en collaboration avec  » Louvre éditions « , permettent à la bande dessinée à s’enfouir profondément dans le monde de l’art, le neuvième et tous les autres… Et de le faire en permettant à l’imagination des auteurs d’aujourd’hui de coller du plus près possible avec la réalité d’un lieu mythique, lieu de cultures plurielles plus que musée national !

Christian Lax, lui, nous parle à la fois de la richesse des collections d’art premier du Louvre et d’un aujourd’hui, à Paris comme dans toutes les cités qui ont la chance de se trouver loin des guerres, qu’elles soient militaires ou économiques, d’un aujourd’hui de peur, de honte, d’espérances trop souvent déçues.

En nous racontant l’histoire du jeune Alou, découvrant, en fuyant les djihadistes, une statue dans un vieux baobab, en nous décrivant la façon dont un vieux  » sage  » lui donne mission d’aller mettre cette statue, une « maternité », à l’abri à Paris, en nous montrant tout le trajet de ce jeune garçon jusqu’à Paris, Christian Lax nous dessine une longue ligne brisée, la ligne de la vie, la ligne du temps… Le « temps » de ce jeune héros, le temps, aussi, qui fut le sien pour rédiger cet album superbe.

Christian Lax: des lignes brisées
maternité rouge
maternité rouge – © futuropolis

Pour parler d’art, quel qu’il soit, on peut écrire des essais savants, on peut montrer des œuvres dans toutes les positions, on peut faire de la bd historique et didactique, explicative.

Mais on peut aussi le faire par des moyens détournés, des moyens qui, en vérité, furent aussi ceux, le plus souvent, des  » créateurs « , du plus reconnu au plus anonyme.

Les arts premiers sont ceux de l’humain, avant tout, de l’humain qui, par le biais de la création, se rapproche en même temps de lui et des dieux. Un album de bande dessinée pour parler de cet art-là ne pouvait donc que le faire en parlant d’abord et avant tout de l’humain !

Livre humaniste, livre symbolique aussi, livre terriblement actuel, cette  » Maternité rouge  » s’adresse directement à nous, les yeux dans les yeux, sans rien cacher de l’horreur de la migration mais en montrant un trajet d’homme avec une pudeur évidente.


Christian Lax: un livre humaniste

Christian Lax: la pudeur
maternité rouge
maternité rouge – © futuropolis

On pourrait croire, en suivant le trajet d’existence d’Alou, que l’Art est plus essentiel que l’existence. Mais ce que Christian Lax nous dit, c’est tout autre chose… Sans art, l’homme n’aurait aucune prise sur le monde qui est sien. L’art est mémoire, également, et toutes les civilisations ont toujours eu besoin, pour se perpétuer, d’artistes capables de dépasser les codes du passé pour éclairer le présent.

L’art est aussi, peut-être, utopiquement sans doute, l’ultime rempart contre la barbarie !

C’est pour cela que l’objet axial de cette narration éclatée dans le temps comme dans les lieux est une statue de  » maternité « . Une maternité rouge comme le sang, comme la mort, donc.

Les symboles sont extrêmement nombreux dans ce livre, et permettent mille et une lectures… Des symboles qui, tous, nous ramènent à des réflexions élémentaires, propres à tout un chacun depuis toujours : le hasard  existe-t-il ?… L’art se révèle-t-il éternel ?… Et quels sont les rapports à construire avec le monde, la nature, et le divin !…


Christian Lax: l’art

Christian Lax: le symbolisme de la maternité
maternité rouge
maternité rouge – © futuropolis

Le dessin de  Christian Lax est d’une superbe efficacité, mais sans aucun  » effet spécial « , sans aucun manichéisme. Lax  aime le portrait, c’est évident, et sa façon de s’approcher au plus près des visages en est une preuve. Tout comme sa manière de dessiner tout simplement le quotidien, dans ses gestes, dans ses regards, dans ses sourires. Et les mots qui accompagnent ce récit sont, eux aussi, des portraits rapprochés, ceux des personnages, certes, ceux de l’une ou l’autre culture, aussi… J’épingle à ce sujet une petite phrase d’un migrant africain apprenant à parler le français :  » j’habite votre lange  » !

Ce livre est fait de dessins, de mots, et de longs silences, aussi, le silence d’une traversée humaine, le silence d’une horreur quotidienne qui ne peut que se dévoiler avec moins encore que des demi-mots.

Outre les portraits, Christian Lax adore aussi nous plonger dans des paysages puissants, véritables acteurs de son récit, que ce soit en pleine Afrique ou en plein Paris.

Et puis, il y a cette tonalité pratiquement monochromatique de cet album, avec, uniquement, ici et là, quelques touches de couleur… Le blanc des cheveux, le rouge de la Maternité, le bleu de la mer…


Christian Lax: le silence des cases

Christian Lax: couleurs et dessins
maternité rouge
maternité rouge – © futuropolis

Migrer, c’est à  la fois voyager vers la mort et vers un renouveau rêvé.

Voyager, c’est aussi vouloir dépasser les apparences, celle du physique comme de l’espérance intime.

Cette  » Maternité Rouge  » sera, j’en suis totalement persuadé, un des plus beaux albums de bd de l’année 2019. Par son dessin, sa narration, et tout ce que Christian Lax réussit à y intégrer, avec lucidité, intelligence, et poésie…

Ne ratez pas ce livre, croyez-moi ! Il est la preuve que la bande dessinée est un art essentiel parce que proche de chacune et de chacun !  

Jacques Schraûwen

Maternité Rouge (auteur : Christian Lax – éditeur : Futuropolis et Louvre éditions)

Moi René Tardi Prisonnier de guerre Au Stalag IIB – 3. Après la guerre

Moi René Tardi Prisonnier de guerre Au Stalag IIB – 3. Après la guerre

Toute l’intelligence, toute la révolte, tout le talent exceptionnel de Jacques Tardi ! Cet ultime volume est un des meilleurs albums (si pas le meilleur !…) de l’année 2018 ! Si vous ne l’avez pas encore, procurez-vous cette trilogie à la fois historique et intime !

Moi, René Tardi … © Casterman

N’en déplaise à d’aucuns qui, se pensant « chroniqueurs », ne lisent les livres qu’ils commentent qu’avec un regard fatigué, n’en déplaise à ceux dont j’ai lu les « critiques » qui prouvent qu’ils se sont contentés de feuilleter ce livre et de s’inspirer d’un communiqué de presse pour vite dénigrer une œuvre à laquelle ils sont incapables de comprendre quoi que ce soit, n’en déplaise à ceux-là, oui : je le dis haut et fort, ce livre, et les deux précédents, ne s’adressent pas uniquement aux passionnés de Tardi ! Ils sont une œuvre complète qui nous raconte, importante, essentielle, à la fois de l’intérieur et de l’extérieur, toute une époque qu’il vaut mieux, de nos jours, de ne pas oublier, celle de la guerre 40/45 et des années qui l’ont suivie. Une œuvre exceptionnelle, tant au niveau du texte, omniprésent et historiquement fouillé, qu’au niveau du graphisme d’une extraordinaire efficacité.

Avec le même souci qui animait Tardi dans tous les livres qu’il a consacrés à l’autre guerre, celle que l’on disait dernière, celle que l’on appelait «grande», Jacques Tardi a voulu faire ici, en abordant la « seconde » guerre mondiale, œuvre d’historien. Mais d’un historien subjectif, d’un historien ne pouvant s’empêcher de réagir, de prendre position.

Ce « Moi René Tardi… » est un long dialogue… Un dialogue qui n’a jamais vraiment eu lieu… Un dialogue entre un fils et son père, un militaire perdu dans l’horreur de la guerre, d’abord, celle d’un camp de prisonniers, ensuite, celle du long trajet le ramenant au pays et à une autre horreur, celle de l’après-guerre, enfin.

Un dialogue ?… Un monologue, plutôt, celle du père, un monologue imaginé par un Tardi adulte se restaurant à son enfance, à son adolescence. Un monologue que Jacques Tardi, d’ailleurs, il y a 33 ans, avait déjà pensé à entamer dans la préface de son livre « Mine de plomb ».

A ce titre, on peut dire que cette trilogie est sans doute l’œuvre la plus personnelle de Jacques Tardi. L’œuvre qu’il a portée sans lui donner vie pendant de longues années…

Jacques Tardi, donc, fait parler son père. Avec des mots retrouvés au travers de ses propres souvenirs d’enfant, avec des mots découverts dans des carnets hérités, avec des mots dans lesquels on entend, vraiment, la voix de ce père qui, de retour en France, découvre un pays qui n’est plus vraiment le sien. Ce père qui, ne trouvant pas sa place dans le monde civil se voit obligé, pour survivre à lui-même et à ses souvenances, de rempiler dans une armée pour laquelle, cependant, il n’a aucun respect.


Moi, René Tardi … © Casterman

« Moi René Tardi… », c’est un récit de mémoire. De mémoires plurielles… La narration de Jacques Tardi se vit et se dessine au gré du souvenir et de ses renaissances, donc sans toujours de souci temporel précis. Ces souvenirs se mêlent à ceux de ses parents, de ses grands-parents, et les digressions sont nombreuses. Ces souvenances sont également celles de la grande Histoire, cette histoire majuscule que Tardi nous conte, en filigrane, une Histoire qui n’a d’importance que vue à taille humaine, même si le côté didactique et érudit est bien présent.

Jacques Tardi se dessine tel qu’il fut, sans doute, tel qu’il continue à se voir, certainement, à être, simplement : un adolescent qui veut comprendre et qui, de ce fait, ne peut que se révolter. Il remet sa propre construction en perspective de celles de ceux qui lui furent proches, aimés ou pas, et dont il nous restitue en images immobiles les mouvances et les vécus.

Ce faisant, Jacques Tardi fait bien plus œuvre, ici, d’illustrateur que de dessinateur de bande dessinée. Mais sa manière de faire de l’illustration n’a rien de statique, que du contraire, et chaque dessin, ainsi, devient un lieu, un paysage, un pays, fait d’humanité, d’horreur, parfois d’humanisme.

Toute existence n’est-elle pas à l’image de cette construction narrative : mélangée, avec des allers-retours incessants entre les différentes époques vécues ? C’est pour cette raison que ce livre, intime et personnel, ne peut que toucher tout le monde, tant il est vrai que tous les méandres de la mémoire sont identiques chez tous les humains…


Moi, René Tardi … © Casterman

Cette trilogie est, finalement, un « journal », comme celui de Léautaud, comme les romans de Céline aussi. Il ne cache rien des réalités vécues par Tardi père, par Tardi fils, par sa mère, par la culpabilité qu’elle a réussi pendant des années à inculquer à son fils.

Un journal qui nous montre aussi que seule la création, quelle qu’elle soit, peut permettre à l’individu d’être autre chose qu’une ombre de l’existence. D’où la présence d’un pélican ramené d’Allemagne par René Tardi, et qui est un peu comme la base-même de l’envie, du besoin de Jacques Tardi de créer, lui aussi, au travers du dessin.

Le scénario est d’une richesse époustouflante. Le texte occupe une grande place, et le dessin, avec une utilisation des couleurs, avec des références nombreuses, allège ce texte. Mais il pousse, en même temps, le lecteur à ne pas zapper, à lire jusqu’au bout chaque parcelle de dialogue imaginé mais si peu imaginaire.

Et puis, il y a ces dessins qui, régulièrement, au fil de cet album, nous montrent les personnages centraux de ces horribles années 40 et 50… Et nous les mettent en scène dans des portraits presque identiques… Goering, Hitler, Staline, entre autres, se montrent, comme en posant, sur fond d’ossuaires aux immobilismes hurleurs…

Enfin, il y a le noir, il y a le blanc, avec, de temps à autre, l’utilisation de couleurs simples, primaires, qui définissent un lieu, une époque, une ambiance… Rouge sang, bleu pour le plaisir…

On n’est pas loin des voyelles de Rimbaud… On est également très proche du « Je est un autre », du même Rimbaud, lui qui nous racontait la mort et la guerre dans un des plus beaux poèmes qui aient jamais été écrits, « Le Dormeur du Val »…

Oui, je suis et serai toujours passionné par Jacques Tardi, par la fidélité qu’il a toujours eue à tout ce qu’il fut et crut en ses jeunesses lointaines.


Moi, René Tardi … © Casterman

Et cette trilogie, autour de son père, autour de la deuxième guerre mondiale (avec des réminiscences de la guerre 14/18, malgré tout…), me semble être, dans son œuvre importante, une des réussites les plus marquantes !

Ces trois livres prouvent avec puissance que la bande dessinée peut et doit aborder tous les sujets de l’humanité, donc de l’humanisme. Ces trois livres se doivent de trouver une place, croyez-moi, dans votre bibliothèque !

Jacques Schraûwen

Moi René Tardi Prisonnier de guerre Au Stalag IIB – 3. Après la guerre (auteur : Jacques Tardi – éditeur : Casterman)


Moi, René Tardi … © Casterman