Manuel du Dad (presque) parfait : un manuel dans lequel tout le monde peut se reconnaître !

Nob est un enchanteur qui privilégie, dans ses bandes dessinées, la tendresse et le sourire bon enfant. De Mamette à Dad, c’est une vision amusée de notre quotidien et de ses préjugés qu’il partage avec nous !

Dad©Dupuis

Dad, père célibataire de quatre filles qui vont du bébé à la jeune adulte, décide de vous donner, à tous, quelques conseils pour être de bons pères… En six chapitres, il aborde les grands thèmes de ce qui fait la vie de famille au jour le jour. Education, Psychologie, Culture et loisirs,Langage et communication, Les rendez-vous familiaux, Les joies du repas, tels sont les intitulés de ces six chapitres.
Et tout cela pourrait être extrêmement sérieux ! Et tout cela ne l’est absolument pas, même si, aux détours des descriptions d’une existence chahutée pour un paternel continuellement à la recherche d’un impossible équilibre, quelques réflexions vraiment intéressantes apparaissent.

Dad©Dupuis

Le dessin de Nob est à situer, de toute évidence, dans la lignée de Zep et de son Titeuf, mais ce n’est jamais du copier-coller, loin de là, et encore moins au niveau du scénario ! On n’est pas dans une cour de récréation, dans cet album, et si les enfants parlent, c’est surtout pour mettre en évidence les « discours » tellement peu moralisateurs (même quand ils veulent l’être…) de leur père.
Et comme le dit le personnage central : « s’amuser, c’est du boulot » et « communiquer, c’est essentiel, encore faut-il parler le même langage » !
Dans ce livre, on ne sent pas le boulot, que du contraire, et l’amusement est au rendez-vous de chaque page, et la communication, elle, se fait au travers de mots que chacune et chacun peut s’approprier.

Dad©Dupuis

Pères de famille, ce livre est pour vous ! Il est destiné aussi à vos enfants, pour qu’ils puissent se rendre compte de la douleur qu’il peut y avoir à s’occuper d’eux, à vouloir les « éduquer » ! Et je ne résiste pas à une autre citation glanée dans cet album : « Les gros mots, c’est pas beau, et c’est une très mauvaise habitude. Si vous ne voulez pas entendre vos enfants en dire, évitez déjà d’en prononcer devant eux. Gardez cependant à l’esprit que le seul qui prendra vraiment de bonnes habitudes, c’est vous. »
Et tout est à l’avenant, dans ce livre. Dès qu’une remarque sérieuse pointe le bout de son nez, Nob s’amuse, immédiatement, en quelques mots, en un ou deux dessins, à la battre en brèche, à la mettre en perspective, tout simplement, avec la réalité !

 

Dad©Dupuis

En fait, ce Manuel est un véritable manuel de survie, un manuel de sauvegarde par l’humour ! Le sens de l’observation de Nob fait merveille, comme toujours avec lui. Avec Mamette, c’était le troisième âge qu’il mettait en scène, avec un regard tout en tendresse, tout en mélancolie et en nostalgie également. Mais toujours avec le sourire au bout des mots et des dessins.
Ici, avec Dad, c’est l’âge adulte et ses responsabilités que Nob raconte, décrit, avec des mots simples, des dessins tout en rondeurs, tout en expressions de visages, tout en décors parfois absents, parfois fouillés, tout en couleurs, aussi, couleurs chaudes comme l’est la vie, comme l’est la tendresse qui unit les membres d’une même famille !
Un livre à offrir à tous les papas de la terre, un livre à savourer, sans arrière-pensée… Et dans lequel, malgré tout, on trouve quelques trucs que les futurs papas auront certainement à cœur d’un jour essayer !

Jacques Schraûwen
Manuel du Dad (presque) parfait (auteur : Nob – éditeur : Dupuis)

Dad©Dupuis

Moins qu’hier (plus que demain) : une bd de vacances et de sourires…

 

La collection  » Glénaaarg  » de chez Glénat ne s’encombre pas de politiquement correct, et l’humour qu’elle véhicule aime grincer ! La preuve, dans ce livre qui parle d’amour sans le montrer !

moins qu’hier – © Glénat

Fabcaro est un auteur particulièrement éclectique, puisque, scénariste, il a travaillé autant pour les éditions Jungle que pour les éditions Dargaud, pour Fluide Glacial comme pour les éditions Glénat.
Sa marque de fabrique, cependant, reste l’humour… Un humour que n’auraient sans doute pas désavoué Greg ni Gotlib, dont il a osé reprendre les séries cultes, Achille Talon et Gai Luron, avec plus ou moins de réussite…
Mais il n’est jamais meilleur que lorsqu’il peut se laisser aller, lorsqu’il se permet de ne pas suivre les pas de ses anciens, lorsqu’il a la possibilité de faire étalage de ses deux talents conjugués : être une sorte de moraliste non-sérieux à l’ancienne (je pense à La Fontaine, par exemple…), et l’être avec une sorte d’humour quelque peu provocateur, et l’être surtout au travers d’un dessin d’un réalisme évident, d’une réalité simple mais particulièrement aboutie.

moins qu’hier – © Glénat

Un des thèmes qu’il a toujours aimé traiter, un de ces thèmes qui forment l’essentiel, d’ailleurs, de l’inspiration artistique de l’homme depuis qu’il a la possibilité de penser, de réfléchir, d’imaginer, de rêver (et des rêves qui ne sont pas footeux…), je veux parler, évidemment, de l’amour. Celui avec un  » A  » majuscule, parfois…. Celui, surtout, avec un  » a  » tout ce qu’il y a de plus minuscule et de plus mesquin !…

 

moins qu’hier – © Glénat

La mesquinerie est en effet au centre de toutes les pages de cet album, ou presque… Fabcaro nous raconte, dans ce livre, en gags d’une page, la vie de plusieurs couples. Nous montre, plutôt que nous raconte, d’ailleurs, et il le fait au travers d’un dessin qui, volontairement, se refuse à être expressif. Les personnages, hommes et femmes, sont neutres. Et ne prennent vie, finalement, que grâce à leurs mots, au travers d’un album qui prouve que Fabcaro est d’abord et avant tout un vrai dialoguiste. Quelque peu ubuesque, parfois, et toujours totalement incorrect ! C’est le quotidien qui l’intéresse, le quotidien de gens qui vivent ensemble, ne s’aiment peut-être plus, mais veulent encore continuer à y croire. Un quotidien qui n’a rien de magique, qui fait bien plus sourire que rire, et encore, avec des sourires de grisaille plutôt que d’arc-en-ciel !

moins qu’hier – © Glénat

En 62 pages, Fabcaro croque, en traits à peine colorés, la vie de tous les jours de tout un chacun, de nous aussi, donc… Et ce livre se savoure comme se savoure, sous le soleil des vacances, un bon cocktail…
Un livre à emmener sur la plage, donc, ou à l’ombre d’un parasol, sur un terrasse accueillante… Un livre, également, à lire à deux, pour éviter les faux-pas de la vie en commun et retrouver le plaisir de rêver ! Ensemble, bien sûr!…

Jacques Schraûwen
Moins qu’hier (plus que demain) (auteur : Fabcarao – éditeur : Glénaaarg/Glénat)

Mutations – épisode 1

 

Après « Mermaid Project », revoici Romane et El Malik, dans un futur proche, lancés dans une nouvelle enquête à tendance écologique… Les Cétacés se révoltent!

 

Mutations©Dargaud

 

Dans la série « Mermaid Project », on découvrait un duo d’enquêteurs efficace … Trop efficaces sans doute, puisque, après avoir réussi à démanteler des activités répugnantes de manipulations génétiques, ils se retrouvent, dans cette nouvelle série, renvoyés, au chômage, en fait. Romane et Brahim, cependant sont appelés à la rescousse, malgré le fait que Romane soit de peau blanche dans une société où l’Afrique et la peau noire ont pris le pouvoir…

Des mammifères marins, porteurs d’explosifs, se font exploser contre des bateaux de pèche… Un terrorisme animal qui ne peut qu’inquiéter le monde, un terrorisme animal que seuls Romane et Brahim peuvent probablement comprendre, eux qui, dans le cycle précédent, ont eu à communiquer, réellement, avec des dauphins…

Nous sommes, vous l’aurez compris, dans de la science-fiction, ou même de l’anticipation. Pour que fonctionne un tel scénario, il faut qu’il soit plausible, de bout en bout, il faut que toutes les inventions qui en accompagnent les péripéties tiennent la route, plus que ça, même, forment une trame qui ne peut jamais être prise en défaut.

A ce titre, le travail de la scénariste Corine Jamar et de son complice Leo sont exemplaires. Les sujets qu’ils abordent, les mutations génétiques, l’évolution de la planète et de sa faune, le racisme et ses futurs, tout cela participe à un récit extrêmement charpenté. Un récit qui, sous couvert d’imagination, s’inscrit pourtant totalement dans le monde tel qu’on le connaît de nos jours : changements climatiques, industrialisation à outrance, pêche intense, et impossibilité de l’âtre humain de se révéler autre chose qu’un prédateur…

 

Corine Jamar: scénario

 

Mutations©Dargaud

Le dessin de Fred Simon oscille entre réalisme et caricature, et ce graphisme fait merveille dans tout ce qui touche à la nature, aidé en cela par le coloriste, Jean-Luc Simon, dont les originalités enrichissent, sans aucun doute, les ambiances d’une part, mais les narrations elles-mêmes.

Des narrations qui pourraient quelque peu rebuter certains lecteurs, tant il est vrai que, à l’instar de la bd du temps de la ligne claire, le texte, ici, prend de la place, et de l’importance ! Une importance qui reste lisible, grâce à Fred Simon qui parvient, sans difficulté apparente, à aérer ses planches, voire même quelques dessins. Par son travail de découpage, mais aussi par le soin qu’il met, à certains moments, à peaufiner ses décors, tant extérieurs qu’intérieurs.

 

Fred Simon: dessin

 

 

Mutations©Dargaud

 

J’ai toujours bien aimé la science-fiction quand elle reste plausible, quand elle ne se perd pas dans des chemins de traverse qui éloigne le lecteur de la réalité, de SES réalités.

C’est pour cela que j’aimais Mermaid, c’est pour cela aussi que j’aime ce « Mutations ». Une série qui commence, qui réussit à associer poésie, réflexion et action… Une réussite, donc, incontestablement…

 

Jacques Schraûwen

Mutations – épisode 1 (scénario : Leo et Corine Jamar – dessin : Fred Simon – couleur : Jean-Luc Simon – éditeur : Dargaud)