Petite Encyclopédie Scientifique

Une collection de petits livres didactiques, bien construits, bien scénarisés, et prêts à être lus par tout un chacun, à partir de 7-8 ans… Il n’est jamais trop tôt pour découvrir ces portraits de quelques-uns des scientifiques qui ont marqué l’histoire de l’humanité !

 

Darwin © Editions Paquet

Darwin

C’est au milieu du dix-neuvième siècle que Charles Darwin a révolutionné le regard que le monde posait sur l’évolution des espèces, vivantes au sens le plus large du terme.
Dans ce petit livre, on raconte, simplement, avec des dessins sans fioritures, sans détails de décor, avec un texte sans envolées lyriques, tout ce qui, dès l’enfance, a motivé Darwin, en a fait un scientifique aujourd’hui mondialement connu. Un scientifique qui s’est certes inspiré des recherches précédentes mais qui, surtout, s’est voulu observateur minutieux de la nature pour arriver à des conclusions dépassant le « particulier » pour découvrir le « général »…
Darwin, un personnage attachant, bien racontant, sans lourdeur, en une bd qui se complète par un petit dossier qu’on doit à Lionel Cavin, scientifique Suisse.

Darwin © Editions Paquet

Newton

Isaac Newton… Un nom que tout le monde connaît, que tout le monde rattache immédiatement à l’image d’une pomme tombant d’un arbre, image qui fut chère à Gotlib entre autres…
Mais que sait-on de la vie de cet homme qui, en son temps, fut à la fois en butte à des attaques scientifiques virulentes et à des honneurs superlatifs…
Eh bien, dans ce petit album, vous découvrirez, avec vos enfants, que Newton ne fut pas seulement l’homme de la « gravitation universelle ». Ses recherches sur la lumière, sur les mathématiques, la chimie, le mouvement, ont marqué son époque et continuent à marquer le temps présent de la science.
Chevalier, Président de la société Royale, Maître de la monnaie anglaise, Isaac Newton, que l’on apprend à connaître dans cet ouvrage, est un des grands hommes du dix-septième siècle.
Et le dossier en fin d’album et dû à Ruth Durrer, professeure de physique théorique.

 

Newton © Editions Paquet

Marie Curie

Encore un nom qu’on connaît, et qu’on rattache à la fois au nucléaire et à l’histoire des prix Nobel.
Mais c’était aussi un personnage hors du commun, qui a voué son existence à l’étude, découvrant le polonium, le radium, créant des ambulances de radiographie pendant la guerre 14-18 proches du front.
Dans ce petit livre, on suit son existence, ses efforts dès sa Pologne natale pour apprendre, encore et encore, et partager ses découvertes pour le bien commun… Bien sûr, ses recherches, comme celles d’Einstein, ont débouché sur des réalités très peu caritatives…
Mais il est intéressant de la découvrir ici telle qu’elle était, une scientifique, d’abord et avant tout, une femme, aussi, dont le combat pour la science, tout au long de son existence, était aussi, finalement, un combat pour la reconnaissance des femmes dans un monde d’hommes.
Et ce livre se termine également par un petit dossier, sous forme d’entretien avec Didier Ferrère, de l’université de Genève.

 

Marie Curie © Editions Paquet

 

Tous les livres de cette collection « encyclopédique » ont deux points communs. Le premier, c’est de permettre une approche simple mais pas simpliste du tout, des mystères de la science, celle d’hier et d’aujourd’hui. Ce sont des portraits, à taille humaine, qui parviennent à démythifier le mot « scientifique ».
Le second point commun est encore plus important, à mon humble avis, même s’il est sous-jacent. Il est d’insister, sans lourdeur, sur ce qui fait la richesse d’une société, d’une civilisation, d’un groupe humain, quel qu’il soit : le besoin, fondamental et essentiel, de s’éduquer, d’être curieux, d’apprendre, et de ne jamais se contenter de réponses toutes faites aux questions que, dès l’enfance, on se pose.

A ce titre, on peut vraiment parler d’une collection encyclopédique pour jeunes lecteurs, entre 7-8 et 12 ans dirais-je, et d’une collection aux buts qualitativement atteints !

Jacques Schraûwen
Petite Encyclopédie Scientifique (auteur : Jordi Bayarri – éditeur : Paquet/Chours)

Petite Maman 

Un roman graphique qui se plonge dans l’horreur des violences intra-familiales…

Brenda, enfant brimée, enfant aimante, enfant battue est au centre de cet album poignant, ancré dans un fait de société trop souvent tu, trop souvent oublié…

 

Petite Maman©Dargaud

 

Née d’une mère encore adolescente et d’un père définitivement absent, la petite Brenda grandit au rythme de son amour pour sa mère, au rythme d’un tissu social et familial qui, tel le mur de l’indifférence, se dresse, insurmontable, face au quotidien de ses larmes, de ses sourires, de ses angoisses, de ses douleurs.
De ses douleurs, oui, parce que cette petite fille est une enfant battue, elle que l’on voit rester, par la magie du crayon de Halim, une enfant tout au long de ce livre, alors que, pourtant, elle vieillit, elle devient adolescente, adulte même… Symbolisme graphique d’une présence inaltérable de ce que fut l’enfance lorsqu’elle n’existe qu’en souffrance.
Halim n’a certainement pas choisi de traiter ce sujet gratuitement. Le combat de son dessin est un combat que la société qui est nôtre ne mène incontestablement pas avec assez de puissance.
Si ce sujet est celui de l’enfance battue, il est aussi, au-delà de la simple anecdote « crapuleuse », celui de la femme, de son rôle, de sa place, et de toutes les soumissions et dominations qui, de plus en plus, construisent notre univers occidental.
Et c’est aussi et surtout peut-être ce que j’aime dans ce livre : l’absence totale de gratuité et le refus de toute compromission.

 

Petite Maman©Dargaud

 

Halim: un thème difficile

 

Pour parler d’une enfant battue, d’une enfant se voulant, par amour malgré tout pour sa mère, comme une maman pour cette dernière, en l’aidant dans tous les gestes du quotidien, dans toutes les routines de la vie au jour le jour, pour parler de cet étrange et presque incompréhensible rapport humain entre deux humains liés par une violence sourde et inaltérable, Halim a choisi un dessin vif, rapide, presque dépouillé. Il a fait le choix, également, de coloriser son album dans des tons monochromatiques, un vert d’eau, un vert presque sale… très peu lumineux, en tout cas… Il a voulu, aussi, utiliser un découpage éclaté, mélangeant les époques de l’existence de Brenda, et cela n’a rien de gratuit non plus : il faut que le lecteur « fasse un pas » vers le livre, le récit, pour ne pas se perdre comme se perdent les personnages décrits, racontés, approchés.
Et enfin, même dans les scènes qui pourraient devenir triviales, Halim a décidé d’user, de bout en bout, d’une vraie pudeur. La pudeur d’un observateur, peut-être… La pudeur, en tout cas, d’un humaniste qui regarde, raconte, sans jamais pouvoir porter de jugement sur une situation qui, de toute façon, trouve ses racines dans le monde qui est le nôtre et ses mille hypocrisies.

 

Petite Maman©Dargaud

 

Halim: un livre pudique et observateur

 

Ce livre n’a rien à voir avec le compte-rendu artistique d’un fait-divers, vous l’aurez compris. Il s’agit ici d’une réflexion, profondément, sur ce qu’est la violence quotidienne, sur les causes de celle-ci, des causes psychologiques, voire psychiatriques, des causes sociales, des causes pécuniaires, affectives, éducatives…
On n’apprend pas à être parents, on ne l’est pas non plus de manière innée, quoi que puissent en dire mille et un scientifiques de tout poil… On l’est… On le devient, ou pas, mais ce n’est pas le résultat d’un apprentissage, c’est le résultat de sentiments, de rêves et de réalités qui, ensemble, forment le fil d’une existence.
Face à la maternité, la paternité, l’amour ou la haine, l’indifférence ou la tolérance, nous sommes et nous serons toujours tous différents les uns des autres.
Et c’est également cela l’axe central de ce livre : la différence, sous toutes ses formes.
Et sa forme la plus extrême est celle qui, dans ce livre, occupe, finalement, véritablement tout l’espace relationnel qui nous est raconté. Une forme qu’on peut nommer, avec Halim, le « Mal », qu’il nous dessine sans faux-fuyants, sans faux-semblants…

 

Petite Maman©Dargaud

 

Halim: la différence et le mal

 

Je parlais de pudeur… Cette pudeur dans le trait n’empêche pas les mots de Halim, cependant, de ne rien occulter du sujet qu’il traite, qu’il dessine, qu’il nous livre.
Il y a ainsi, à côté du dessin simple mais d’une véritable efficacité, la puissance des dialogues, parfois très crus, des dialogues au travers desquels jaillissent de façon presque tangible la violence et ses souffrances inéluctables.
Bien sûr, l’héroïne de ce livre pourrait fuir. Elle le fait d’ailleurs, en vivant sans cesse entre réalité et rêve. Mais, en définitive, et c’est ce qu’elle comprend aussi, c’est elle-même qu’elle fuit ainsi.
C’est aussi elle-même qui comprend, de l’âme et de la chair, qu’on peut ne pas reproduire ce qu’on a vécu… Elle devient mère, à son tour, comme un enfant vieilli que sa mère a maudit, et qui oublie sa fatigue pour sourire à son enfant qui pleure…

 

Petite Maman©Dargaud

Halim: les dialogues

 

Ce n’est pas un livre facile, un livre d’aventure, un moment de délassement, c’est vrai. C’est un livre qui possède bien des ombres, des pénombres, des antres dans lesquels se tapissent les monstres d’une horreur quotidienne inacceptable… Mais ce n’est à aucun moment un livre « négatif », que du contraire. C’est un album dans lequel, même derrière les pires des grimaces, naissent des sourires, des attentes, des espérances.
C’est un livre qui est un regard, une main tendue.
C’est un livre qui ouvre les yeux et qui le fait avec un talent tranquille, sans fioritures, sans d’autres effets que celui de nous faire toucher du doigt quelques réalités de notre monde, de notre société !
Une bande dessinée intelligente, importante… Contre toutes les indifférences ! Et donc contre toutes les violences !

Jacques Schraûwen
Petite Maman (auteur : Halim – éditeur : Dargaud)

 

Le Petit Nicolas : La Bande Dessinée Originale

Le Petit Nicolas : La Bande Dessinée Originale

Le Petit Nicolas, c’est un des personnages mythiques de l’humour… Celui des textes de Goscinny, celui des dessins de Sempé… Mais il fut, avant cela, un petit héros de BD qui ne manquait pas d’intérêt… Et qui mérite d’être redécouvert!

 

En  » accroche  » sur le couverture de cet album, il est indiqué :  » un trésor retrouvé « …

Personnellement, je parlerais plus d’une belle et intéressante curiosité de la grande histoire du neuvième art !…

Nul n’est besoin de présenter les deux auteurs de ce Petit Nicolas… Sempé est, dans l’univers du dessin dit d’humour, plus qu’une référence, un des vrais poètes du graphisme, de la description acidulée du quotidien humain dans ce qu’il peut avoir à la fois de plus mesquin et de plus démesuré, de plus attristant et de plus jouissif… Quant à Goscinny, son importance dans le monde de la bande dessinée n’est plus à démontrer, avec Astérix, certes, mais avec ben d’autres séries également qui ont marqué et marqueront toujours ce média à la fois littéraire et graphique !

Et donc, ces deux artistes se sont un jour rencontrés et ont créé, en 1955, un personnage de bande dessinée… Qui n’a, finalement, que connu peu de gags exclusivement dessinés. C’est que Goscinny a vite ressenti le besoin d’écrire, de raconter plus longuement qu’en simples bulles, les aventures quotidiennes de ce gamin attachant et effronté, vivant dans une famille typique des années 50. Et c’est aussi que Sempé s’est certainement, très rapidement, senti infiniment plus à l’aise dans l’illustration que dans la servitude d’un découpage bd…

Et le grand intérêt -et le grand plaisir- de ce livre, c’est d’assister, spectateurs d’aujourd’hui, à la naissance d’une collaboration qui a marqué la littérature pour la jeunesse (et jusqu’au cinéma, plus récemment, avec, il faut l’avouer, une réussite mitigée). Disons-le tout de suite : les gags du Petit Nicolas sont datés, comme ceux de Boule et Bill et d’autres héros familiaux de la bd d’ailleurs. A ce titre, ils se révèlent, au-delà de l’humour, presque sociologiques ! Goscinny et Sempé nous guident, en quelque sorte, dans la vie de tous les jours d’une famille typique des années 50 : le père travaille, la mère est au foyer, il y a des problèmes de voisinage… On se trouve en présence de thèmes récurrents chez Boule et Bill, mais aussi, quelque peu différemment, chez Marc Lebut et son voisin ou chez Achille Talon…

Et puis, ce qui est extrêmement intéressant, dans ce livre paru il y a quelques mois déjà, c’est de découvrir, en fin d’album, l’évolution de Sempé et Goscinny, passant de la bd à la littérature d’humour illustrée. En face à face, on retrouve des planches de bd de 1955 et les textes qui, s’inspirant de ces petits gags d’une seule page, sont devenus ces fameuses  » nouvelles  » qui ont enchanté des générations d’enfants et leurs parents !…

On sourit, on rit, on se plonge dans une époque révolue mais proche, tout compte fait, de la nôtre, en lisant cet album…

C’est vrai qu’il a été édité il y a une année, mais, croyez-moi, commandez-le, cherchez-le, c’est une curiosité, certes, mais c’est aussi la naissance de deux talents extraordinaires auquel cet album vous convie !

Jacques Schraûwen

Le Petit Nicolas : La Bande Dessinée Originale (dessin : Sempé – scénario : Goscinny sous le pseudo d’Agostini – éditeur : IMAV éditions)