Quelque Chose De Froid – Une exposition à Bruxelles du 14 juin au 13 juillet !

Quelque Chose De Froid – Une exposition à Bruxelles du 14 juin au 13 juillet !

Hugues Labiano au sommet de son art dans cet album qui s’expose dans la Galerie de la Bande Dessinée – 237, chaussée de Wavre – 1050 Bruxelles

copyright glenat

Ce livre est, on peut le dire, d’une facture classique, dans son propos, dans sa thématique, dans le récit qu’il nous fait d’une tranche de vie sans morale ni compassion.

Le personnage central, Ethan, a trahi le chef de la pègre de Cleveland. Un truand qui s’est vengé en tuant la femme d’Ethan, de manière horrible, en la démembrant… Et le voilà, cet homme en costard et cravate, de retour dans sa ville. Pour s’y venger en utilisant la police et ses ripoux… Dans sa ville, oui pour y vomir sa haine.

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Cet album s’accompagne d’un dossier parfaitement illustré et consacré aux « films noirs ». Un peu pour nous dire, sans doute, que ce livre est un hommage à un univers cinématographique précis. Avec des références évidentes ou discrètes à Fritz Lang comme à Orson Welles, au mythe universel de la femme fatale, à Coppola aussi, sans doute. Au niveau du dessin, du découpage, du travail sur un noir et blanc qui n’est pas toujours ce qu’il a l’air, du travail sur la couleur et ses infinies variations presque abstraites.

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Mais, à mon (très) humble avis, je parlerais ici, en guise de filiation, de la littérature « noire » bien plus que du cinéma… Parce que Philippe Pelaez, le scénariste, nous plonge à sa manière dans un monde extrêmement écrit, celui de Chandler, de Hadley Chase, de Carter Brown. Mais aussi, à petites touches, au pendant français du roman noir ou policier, avec la trilogie noire du génial Léo Malet, voire même à Steeman et son fameux assassin vivant au 21…

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Oui, c’est bien de littérature aussi) qu’il s’agit. Et Philippe Pelaez s’est ainsi amusé à créer un univers très personnel tout en le nourrissant de milliers de détails que, lecteurs de polars, nous savons importants à la gradation d’un récit… Ce sont ce que d’aucuns appellent les poncifs du genre, et qui sont surtout des éléments essentiels au rythme d’une narration. Bien sûr, il y a une empreinte dans l’histoire racontée de la Grande Histoire… Cela se passe en 1936… On voit comment fonctionne la police, la traque que l’on  fait aux homosexuels… Mais au-delà de cet enfouissement dans une époque précise, il y a le flic pas très malin qui se prend au sérieux, le chef de gang caricaturé, les commentaires sur les assassinats, les flics pourris, la corruption, les femmes… Et c’est cette trame-là aussi, traditionnelle ai-je envie de dire, qui fait tout l’intérêt et toute la réussite de cet album.

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Enfin, quand je dis « toute », ce n’est bien entendu pas exact… Parce que Hugues Labiano, le dessinateur, nous livre ici, graphiquement, un de ses albums les plus aboutis… Avec, c’est vrai, des références cinématographiques nombreuses. Mais avec, également, des regards sur le neuvième art… On ne peut pas, en parcourant ce livre, ne pas penser à Chabouté, à Jean-Claude Claeys, par exemple. Et on ne peut pas non plus parler de ce livre noir sans en souligner la couleur, absolument époustouflante, due à Jérôme Maffre.

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Un polar, cela se lit, cela se savoure, ou pas…

Ici, la saveur est celle d’une plongée dans une horreur quotidienne proche, finalement, de toutes les tragédies que l’être humain est condamné parfois à vivre…

Jacques et Josiane Schraûwen

Quelque Chose De Froid (dessin : Hugues Labiano – scénario : Philippe Pelaez – couleurs : Jérôme Maffre – éditeur : Glénat – mars 2024 – 63 pages)

15 Belles Cartes Postales

Le Meilleur Des Vacances : 15 sourires à partager, à envoyer !!!

Vos vacances sont terminées ?… Je suis certain que vous avez oublié d’envoyer quelques cartes postales à vos amis… ou ennemis ! Réparez vite cette erreur en choisissant FLUIDE GLACIAL comme support de vos messages !

 

Cartes postales © Fluide Glacial

Le soleil brûlant de l’été n’est plus qu’un souvenir ?… Vos folles bal(l)ades dans des paysages qui n’avaient peut-être pas beaucoup envie de vous accueillir sont immortalisées sur quelques photos perdues sur votre disque dur ?… Vous vous morfondez déjà derrière votre bureau en maudissant le temps qui passe toujours trop vite quand il est souriant ?… Je vous propose de lutter contre la morosité en feuilletant ce petit album de cartes postales à détacher (donc à envoyer !) ! Des cartes postales désuètes et absurdes, souriantes et farfelues…

 

Cartes postales © Fluide Glacial

Le sourire naît souvent, dans la vie, d’un décalage entre le réel et ce qu’il pourrait être, d’un décalage entre la raison et la déraison assumée. Quoi qu’aient ou en dire d’aucuns, l’humour n’est pas la politesse du désespoir, tant il est vrai qu’il est foncièrement, toujours, impoli. Et provocateur.
Et cela fait bien longtemps que Fluide Glacial a compris la chose, pratiquant en toute liberté un humour qui parfois n’est qu’un gros « comique » de circonstance, parfois un humour retrouvant les soubresauts du surréalisme, parfois un humour très enfantin, très pipi-caca… Ici, avec ces cartes postales, c’est vraiment le décalage qui est à l’honneur, l’idée qui jaillit de la confrontation entre des mots-légende et des images presque tendrement trafiquées…

 

Cartes postales © Fluide Glacial

Ne boudez pas votre plaisir, surtout ! Oubliez tous les soucis nés de vos vacances qui, j’en suis certain, n’auront pas été aussi agréables que ce que vous en espériez !
Et prenez votre plus belle plume, votre plume la plus provocatrice, la plus surréaliste, la plus provocante, selon vos envies profondes, et retrouvez le bonheur de l’échange de mots au dos des images !…

Jacques Schraûwen
15 Belles Cartes Postales – Le Meilleur Des Vacances (auteurs : Plonk & Replonk – éditeur : Fluide Glacial)

40 Éléphants : 2. Maggie, Passe-Muraille

40 Éléphants : 2. Maggie, Passe-Muraille

Un gang exclusivement féminin, dans les bas-fonds de Londres… Un scénariste efficace, une dessinatrice au talent évident… Deux auteurs à écouter dans cette chronique !…

 


 40 éléphants©grandangle

Kid Toussaint est un scénariste qui aime à aventurer ses mots et ses idées dans bien des directions différentes… On lui doit par exemple une incursion dans la Grande Histoire, avec l’excellent « Brûlez Moscou », on lui doit aussi les aventures féminines, féministes et policières de « Holly Ann », ou l’univers fantastique de Magic 7, ou les affres de la guerre avec le superbe « Brûlez Moscou ».
De manière générale, Kid Toussaint a une prédilection pour des aventures à intégrer dans des époques historiques précises, et sa façon d’aborder ainsi l’Histoire dite majuscule au travers de récits à taille humaine ne manque jamais d’intérêt.
C’est encore le cas, ici, avec cette série qui nous plonge dans le Londres du début du vingtième siècle. Qui nous y fait découvrir aussi et surtout un groupe de femmes qui, sous des dehors parfois très conventionnels, se révèlent de dangereuses criminelles, capables de tout, même du pire ! Dans son scénario, Kid Toussaint a choisi d’éviter tout romantisme inutile… Ces 40 éléphants, femmes de la truanderie profonde, opposées aux 40 voleurs, sont des voleuses, des tueuses, des femmes sans foi ni loi…
Pour construire cette série, narrativement, Kid Toussaint et Virginie Augustin ont partagé des références identiques, celles du cinéma des années trente, ce cinéma noir qui n’hésitait pas à forcer le trait mais sans jamais tomber dans la seule caricature… Des références qui leur permettent, à tous deux, de se lancer dans des cadrages puissants, dans des ruptures de ton et de graphisme, avec une véritable musique intérieure qui rythme les deux premiers albums…

Kid Toussaint: le scénario et les deux références


 40 éléphants©grandangle

Cela dit, Kid Toussaint a un autre plaisir, dans pas mal de ses albums, celui de multiplier les personnages. Sans pour autant faire ce qu’on pourrait appeler des bd « chorales », il adore placer ses personnages centraux dans des environnements desquels ils doivent se distancer pour exister pleinement.
Il y a là une gageure, toujours, pour les dessinateurs qui travaillent avec lui : parvenir à ne pas perdre le lecteur en cours de route et lui permettre de reconnaître chaque personnage sans devoir sans cesse revenir en arrière dans sa lecture.
Et Virginie Augustin, avec des codes de couleur, par exemple, mais aussi et surtout avec la force évocatrice de son dessin, y arrive sans aucun problème. Et elle réussit ainsi à nous montrer des femmes normales, qui appartiennent à différentes couches de la population, sans jamais les caricaturer, et qui, toutes, sont reconnaissables. Même si, dans chacun des deux albums déjà parus, c’est une femme qui occupe de manière évidente le devant de la scène.

Virginie Augustin: les personnages et les gens normaux


40 éléphants©grandangle

Une bande dessinée, c’est une histoire écrite…. C’est aussi, surtout peut-être, du dessin qui donne vie à un récit de façon efficace et, ma foi, artistique… C’est enfin l’ajout de la couleur qui peut, certes, se révéler inutile ou, comme ici, devenir totalement et véritablement compagne de la narration !
Hubert connaît le dessin de Virginie Augustin… Et c’est à un travail artistique qu’il se livre pour, non seulement, créer des ambiances, mais faire de ces ambiances un élément moteur du récit, de son évolution, de sa construction.

Virginie Augustin: la couleur

 40 éléphants©grandangle

Dans cette série, deux albums, donc, sont parus. « Florrie, doigts de fée », le premier volume, mettait en scène une jeune femme acceptée par la bande des 40 éléphants. Une jeune femme dont on découvrait qu’elle était, en fait, une « indicatrice » de police, à la recherche de la vérité sur la disparition d’un enfant qui lui était proche, et manipulée par un policier soucieux, peut-être aussi, de l’aider dans sa quête.
Dans le deuxième volume, « Maggie, passe-muraille », on assiste, évidemment, à la suite de l’enquête entamée dans le premier opus. Mais cette enquête, et son aboutissement, ne sont là, en tout état de cause, que comme alibis à une narration qui fait la part belle à la lutte entre les gangs, à la violence, au meurtre, le tout au long d’une construction presque théâtrale, ou plutôt proche, cette fois, des feuilletons cinématographiques et littéraires du début du vingtième siècle.
Et dans ce qui est un premier cycle (je l’espère… ), l’intérêt ne faiblit à aucun moment, tant grâce au scénario, et singulièrement aux dialogues, que grâce au dessin.

Kid Toussaint: la narration

Le dessin de Virginie Augustin associé au scénario de Kid Toussaint forment la trame, dans cette série, de ce qu’on peut appeler une vraie et belle réussite !
Il y a du rythme, de l’action, du sentiment, de la haine, de la mort, du silence, des larmes… Il y a le portrait d’une époque, un portrait qui se refuse à l’angélisme comme au voyeurisme.
Et j’espère et j’attends que d’autres portraits de femmes viennent bientôt compléter le tableau haut en couleurs de ce gang féminin des 40 éléphants !

Jacques Schraûwen
40 Éléphants (dessin : Virginie Augustin – scénario : Kid Toussaint – couleurs : Hubert – éditeur : Bamboo/Grandangle)