Une série dont deux albums sont déjà disponibles… Du polar original…
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Cette série, parue chez Dupuis, a de beaux jours devant elle, très certainement ! Cyrille Pomès au dessin et Carine Barth au scénario parviennent, en effet, à nous faire rencontrer un personnage, un flic, qui s’éloigne des clichés du genre… Ou, plutôt, qui réussit à faire se fusionner plusieurs de ces clichés pour faire de ce lieutenant Bertillon une sorte de héros toujours à la marge… Deux albums sont déjà parus, donc. Dans le premier, « Amotken », on parle d’un incendie et d’un mort chez des forains, on s’y plonge dans des secrets de famille, des amours étranges, des problèmes d’argent… Dans le deuxième, « Sedna », Bertillon est muté dans la banquise : un bateau, disparu depuis trois ans, brisant la glace, montre à Bertillon que les souvenirs ne sont pas toujours bons à réveiller ! Dans le froid et l’incompréhension, ce lieutenant de police va découvrir de nouveaux univers, dans lesquels d’étranges traditions, un peu d’ésotérisme, des folies, une chèvre, un pingouin (ou un manchot) vont, à leur manière, guider le petit lieutenant un peu paumé vers une forme de solution…
Il faut souligner dans ces albums l’art des dialogues ! Peaufinés, ils définissent autant que le trait les différents personnages. A souligner, aussi, la création d’un héros atypique, un dessin d’ambiance, le tout avec des rebondissements qui rythment le récit, et la couleur de Drac sans laquelle je pense que le dessin serait trop confus…
Permettez-moi tout d’abord de vous offrir ici quelques définitions totalement officielles, toutes simples, dont vous n’avez sans doute pas connaissance.
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D’abord, savez-vous que le mot « connerie » se définit comme étant une action ou une parole inepte ? L’ineptie étant, quant à elle, l’état de ce qui est complètement absurde ou stupide.
Ainsi, des expressions bien connues explicitent encore mieux le sens du mot con : con comme un balai… Faire le con… Ou, comme le disait Audiard, « les cons, cela ose tout, c’est même à cela qu’on les reconnaît ».
Ensuite, savez-vous que le mot bêtise se définit par un manque d’intelligence ou de jugement ?
Enfin, connaissez-vous la définition du mot imbécile ? La voici : « Qui est peu capable de raisonner, de comprendre et d’agir judicieusement. Dont les facultés physiques et intellectuelles sont faibles par nature ou par suite des infirmités ou de l’âge. » Vous voyez, madame l’influenceuse il n’y a dans tous ces mots aucune injure…
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Cela étant dit, permettez-moi, influenceuse auto-proclamée, de changer le titre de cette chronique. Le voici :
« Lettre Ouverte à une Imbécile »
Vous avez donc, du haut de votre (in)suffisance, lancé une pétition pour que soit interdite de vente une série bd intitulée « Boule à Zéro ». Les raisons que vous invoquez (le mot « raison » étant ici utilisé de façon humoristique, les non-imbéciles l’auront compris) pour ce faire sont d’une triste limpidité ! Je les cite : « En 2025, un livre jeunesse raciste est publié sans aucune remise en question. Nous refusons de laisser passer ça ! La bande dessinée Boule à Zéro par Bamboo Édition, contient des représentations racistes et humiliantes des personnages noirs et asiatiques. Peaux exagérément foncées, grosses lèvres caricaturales, scènes humiliantes pour les personnages Noirs… Mais aussi peau jaune pour un personnage asiatique. Ce livre perpétue des stéréotypes raciaux d’un autre temps et véhicule un message toxique auprès des enfants. »
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Tout cela provoque quelques petites réflexions… D’abord, en 2025, nous en sommes au dixième tome de cette série… J’admire donc la célérité de votre réaction !… Ensuite, est-ce que vous essayez de nous dire que les Noirs n’ont jamais la peau très foncée, que les Asiatiques n’ont pas la peau jaune ?… Là, je ne peux, bien évidemment, que souligner l’aspect novateur de votre regard scientifique sur le monde tel qu’il est. Vous parlez aussi de stéréotypes, et là, votre réaction est l’exemple même de ce qu’est un stéréotype : « une opinion toute faite réduisant les particularités ». Sans doute ne vous en êtes-vous pas rendu compte… Ou, plus probablement, n’en avez-vous rien à cirer, des particularités des « autres » !… N’est-ce pas cela, aussi, du racisme ?
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Et puis, enfin, vous osez parler de message toxique, vous enfonçant là totalement dans la plus incommensurable des conneries ! Peut-être ne savez-vous pas lire ?… Ce serait une excuse pour vous arrêter, dans une bande dessinée, au seul graphisme, sans vous intéresser d’aucune sorte aux messages justement, que cette bd apporte, dessin et texte intimement mêlés…
« Boule A Zéro » est une bande dessinée essentielle, que l’éditeur Bamboo a eu le courage de publier… Une bd qui oser parler du cancer des enfants, de la maladie, de la mort, de l’hôpital, du mélange des générations, des volontés d’exister, toutes couleurs de peau confondues… Toute cultures s’acceptant les unes les autres, aussi ! C’est de la bd qui parle de solidarité, de non-racisme, qui utilise l’humour comme arme contre l’horreur…
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Madame l’influenceuse, vous êtes, oui, affligeante de bêtise, d’ineptie, de connerie… Critiquer un livre, quel qu’il soit, sans même le lire, c’est le signe du manque de respect total que vous avez, justement, à l’égard de la culture !
Oui, cette petite chronique est une lettre ouverte à une imbécile, vous en l’occurrence, ce mot n’étant nullement une injure mais une constatation… Pour pasticher Audiard, je dirais qu’il s’agit même, ici, d’un diagnostic…
Ces quelques lignes que je viens d’écrire n’auront sans doute aucune influence sur les quelques neurones qui sont vôtres. Mais si ces lignes donnent l’envie à quelques-unes, à quelques-uns, de lire ou de relire les albums sublimes et superbement intelligents de la série BOULE A ZERO, je m’en réjouirai ! Des albums intelligents, oui, et véritablement tolérants, eux! Mais je pense, madame l’influenceuse, que le mot tolérance ne fait pas partie de votre triste idéologie…
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Bien à vous, avec mes sentiments choisis, comme aimait à l’écrire Léo Malet.
Puisque nous voici entrés dans un congé que l’on appelle de carnaval, pourquoi ne pas offrir aux enfants qui vous sont proches une bd souriante, endiablée, pleine de fantômes farfelus !
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Il s’agit d’une série tous publics qui m’enchante, et j’ai choisi, un peu au hasard, je l’avoue, de vous parler du tome 4. Parce qu’on y parle d’école, peut-être, et que le moment est donc bien choisi, puisque les lieux scolaires ferment pour quelques jours, de faire de ce lieu d’éducation un endroit de douces folies !
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Le résumé de cette série est simple. Au 109 de la rue des soupirs, il y a une maison dans laquelle vit Elliott… Ses parents ne sont jamais là, à cause de leur boulot. Et ce gamin, pourtant, n’est pas seul, parce que, à cette adresse, survivent cinq fantômes qui, à leur manière totalement folle, veillent sur cet enfant. Et chacun des volumes de cette série raconte une histoire complète, accessible dès sept ou huit ans !
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Dans ce numéro 4, intitulé Fantômes au tableau, Les parents d’Elliott doivent parler de leur métier dans l’école de leur gamin dans sa classe… Mais, bien évidemment, au dernier moment, ce papa et cette maman surbookés doivent de nouveau s’en aller quelque part aux quatre coins du monde ! Qu’à cela ne tienne ! Deux des fantômes de la rue des soupirs prennent possession de ces adultes démissionnaires ! Oui, ils entrent en eux, prenant ainsi leur apparence humaine, tout en restant qui il sont, des fantômes aux passés tumultueux !
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Il en résulte des discours particuliers face à une classe qui n’en revient pas, face à des enfants découvrant de leur camarade de classe une vérité nouvelle, face à une institutrice qui s’amuse comme une petite folle… Ce sont des gags, vifs et iconoclastes, avec un dessin endiablé de Yomgui Dumont, un dessin vraiment efficace, avec un scénario de Monsieur Tan (créateur, sous le nom d’Antoine Dole, de Mortelle Adèle) qui, d’éclat de rire en éclat de rire, n’hésite cependant pas à aborder des thèmes sérieux, comme le harcèlement scolaire par exemple… Mais toujours avec légèreté ! Une série de petits albums réjouissants, vraiment, pour toute la famille ! A lire, enfants et parents unis loin des bancs de l’école ou des obligations du travail !
Jacques et Josiane Schraûwen
109 Rue Des Soupirs – Fantômes au tableau (dessin : Yomgui Dumont – scénario : Mr Tan – éditeur : Casterman – 6 albums parus)