Evénements
Pico Bogue En Famille
Une exposition pétillante, à Bruxelles, jusqu’en mai prochain
Ma rencontre avec Pico Bogue s’est faite au tout début de la carrière de ce gamin, fils naturel de deux univers, celui de Sempé et celui de Quino. Une comparaison qui, à l’époque, m’a valu les critiques acerbes d’une journaliste qui prédisait la fin rapide de cette série sans intérêt ! Elle a eu tort, j’ai eu raison, et la présence de Pico Bogue au Musée de la Bande Dessinée de Bruxelles est parfaitement bienvenue !
Dominique Roques, scénariste, et Alexis Dormal, dessinateur, sont mère et fils. Ce lien familial, très fort, se ressent dans cette série, et dans sa série-sœur, Ana Ana. On ne peut, finalement, bien parler que ce qu’on connait, que de ce qu’on a vécu, même si l’imaginaire et le rêve s’ajoutent au réel pour en faire un lieu de sourires. Et d’éclats de rire, tant il est vrai que le dessin d’Alexis Dormal est presque iconique quand il s’agit pour lui de représenter un môme, Pico ou sa sœur, ou ses enfants, en train de rire aux éclats ! Cette espèce d’épure graphique se retrouve illustrée, mise en scène par petites thématiques souriantes, dans l’exposition que le Centre Belge de la Bande Dessinée consacre à ce personnage faisant de l’intelligence et de la culture les vrais chemins de l’existence !
Bien entendu, une exposition, c’est d’abord et avant tout un endroit dans lequel les regards convergent vers les œuvres accrochées aux murs. Et, à ce titre, pour être simple, l’exposition du musée de la bande dessinée est parfaitement agencée. Pas de tape-à-l’œil inutile, des crayonnés, des mises en couleur, des aquarelles lumineuses : tout est fait pour que le visiteur entre dans l’univers de Pico, pour qu’il en comprenne les réalités nourries de rêveries…
Et, à ce titre, Dominique Roques peut être heureuse, elle aussi, de cette exposition, qui permet de mettre en évidence l’apport de ses scénarios, elle qui a réussi à rendre humoristique l’étymologie des mots que nous utilisons chaque jour dans deux albums superbes !
En une époque où, reconnaissons-le, les raisons de se réjouir ne sont pas légion, loin s’en faut, on ne peut qu’aimer un personnage comme Pico Bogue, moraliste et farceur, tapageur et attachant, iconoclaste et curieux de tout, enfant avant tout !
La série dont il est le héros n’évite pas, il est vrai, de parler de réalités qui n’ont rien d’agréable, comme la peur, la mort, la jalousie, la routine des heures et des jours. Mais même quand il s’agit d’aborder de telles thématiques, Dominique Roques et Alexis Dormal ne se prennent pas au sérieux. On pourrait dire d’eux, finalement, qu’ils sont sérieux comme le plaisir… Ou comme la sincérité !
Cette exposition est à l’image des aventures de Pico Bogue : souriante, tranquille, ludique même. Et je pense que tout le monde y trouvera son compte, enfants et parents. Allez-y, en toute confiance, et profitez-en pour découvrir un musée bruxellois qui mérite le détour !
Jacques Schraûwen
Pico Bogue (parait chez Dargaud) En Famille (exposition au Musée de la Bande Dessinée, à Bruxelles, rue des Sables, jusqu’au 31 mai 2020)
Serge Fino : une exposition à Bruxelles et deux nouvelles séries
C’est au « Comic Art Factory », à Bruxelles, au 237 de la chaussée de Wavre que vous allez pouvoir admirer le travail d’un artisan du neuvième art, Serge Fino.
Amoureux de la mer, ce Toulonnais dessine depuis pratiquement 25 ans. Après avoir abordé l’univers de l’héroïc-fantasy, avec, par exemple, une série intéressante scénarisée par Tarquin, « Les ailes du Phaéton », il a trouvé chez l’éditeur Glénat le lieu où créer une série dans laquelle la Bretagne et ses marins, ses habitants, et, surtout, la mer et ses dangers. « Les chasseurs d’écume » nous raconte une vraie saga, à la fois familiale et politique, sociale et humaine, régionale et universelle.
En quelque huit volumes, Serge Fino trace dans cette série le portrait d’un monde, celui qui vit de et avec la mer, faisant preuve d’un intérêt soutenu pour ses personnages, des êtres de chair et de sang, de passion et de douleur, d’amour et de désespoir.
Aujourd’hui, viennent de sortir en trois mois de temps, toujours chez Glénat, deux nouveaux albums, deux nouvelles séries en naissance : « L’or des Marées » et « Seul au monde ». Deux séries qui s’enfouissent, encore plus, avec une intensité lumineuse plus puissante, dans tout ce qui construit une aventure humain face à l’immensité d’une mer porteuse à la fois d’espérances et de désirs, de départs définitifs et de larmes…
Et l’exposition qui lui est consacrée à Bruxelles s’intéresse à ces trois séries « marines »… En nous proposant des originaux qui révèlent toute l’évolution de Fino en quelque 25ans de dessins… En nous montrant comment son dessin, d’un réalisme traditionnel au début de sa collaboration avec l’éditeur Glénat, est devenu aujourd’hui plus épuré, avec une présence de la couleur qui accentue encore plus, encore lieux, la lumière de la mer et se ambiances sans cesse changeantes.
Jacques Schraûwen
Serge Fino s’expose au Comic Art Factory jusqu’au 28 décembre 2019.
https://www.comicartfactory.com/serge-fino-seul-au-monde-l-or-des-marees-les-chasseurs-d-ecume-glenat/