Renaud Dillies s’expose jusqu’au 5 mai 2018 dans une nouvelle galerie bruxelloise

Renaud Dillies s’expose jusqu’au 5 mai 2018 dans une nouvelle galerie bruxelloise

Renaud Dillies: un des auteurs de BD les plus étonnants, les plus insaisissables, les plus poétiques… Une exposition vous permet d’en découvrir toute l’originalité, toute l’intelligence…

 

Renaud Dillies est un auteur inclassable. Certes, il appartient totalement à ce qu’on peut appeler la famille de la bande dessinée, certes aussi il a vite été remarqué par la profession, puisqu’il a obtenu en 2004 le prix du meilleur album au Festival d’Angoulème….

Il aime le symbolisme poétique, la fable dans ce qu’elle peut avoir de totalement humaniste, et c’est pour cela qu’il aime faire de ses héros, de ses anti-héros aussi, des animaux. Des personnages de papier qui lui permettent d’exprimer mille angoisses, mille tendresses aussi, comme dans Alvin, mille folies presque surréalistes aussi, comme dans Saveur Coco ou Loup.

Et c’est à la demande de Frédéric Lorge, aux commandes du Comic Art Factory, une nouvelle galerie bruxelloise consacrée à la bande dessinée, que Renaud Dillies se lance aujourd’hui dans sa toute première exposition… Des œuvres essentiellement en noir et blanc, aux cimaises de murs blancs qui en font ressortir toutes les richesses visuelles…

Renaud Dillies: le lieu

 

Frédéric Lorge: la galerie

 

Frédéric Lorge est, vous l’aurez compris, un amoureux de la BD. Et le choix qu’il a fait d’offrir à sa galerie, en guise de première exposition, les dessins originaux de Renaud Dillies, n’est évidemment pas gratuit. C’est un choix dicté par la qualité de réflexion de ce dessinateur étonnant, dicté par les thèmes qu’il a choisi, depuis toujours, d’aborder dans ses albums. Un choix dicté par une poésie omniprésente qui n’empêche nullement, cependant, de raconter des histoires qui se construisent toujours à taille humaine.

Et Renaud Dillies a profité de cette exposition pour montrer trois illustrations  » exclusives « , dans lesquelles, avec un sourire au bout du pinceau, il s’amuse à mélanger ses personnages, à révéler ainsi l’évidente continuité qui fait vibrer son travail, son œuvre…

Frédéric Lorge: Pourquoi Renaud Dillies?

 

Renaud Dillies: trois illustrations originales

 

Qu’on ne s’y trompe pas, cependant ! A l’arrière du miroir des apparences, au-delà de ce qui peut sembler une facilité de composition, ce qu’il y a, chez Renaud Dillies comme chez tous les vrais créateurs, c’est un vrai métier…. Un métier d’artisan, au sens le plus noble du terme, le plus littéraire aussi. Et même si son dessin est profondément personnel, on peut y retrouver, ici et là, par petites touches, ce qu’on peut appeler des hommages… Des hommages à ceux qui forment, finalement, la trame de son héritage artistique…

Frédéric Lorge: le neuvième art
Renaud Dillies: le dessin, un métier

 

Renaud Dillies: un héritage …

 

Une très jolie exposition… Une galerie claire, simple, accueillante…. Un lieu, donc, où vous balader pour le plaisir d’aller à la rencontre d’un artiste du neuvième art qui mérite vraiment le détour !…

 

Jacques Schraûwen

Renaud Dillies s’expose au Comic Art Factory jusqu’au 5 mai 2018 – chaussée de Wavre 237, 1050 Bruxelles

La Fleur dans l’atelier de Mondrian

La Fleur dans l’atelier de Mondrian

Un album envoûtant, une exposition qui fait rêver à la beauté !

Pour tout découvrir de cet album, rendez-vous à Bruxelles, à la Galerie Champaka… Une exposition qui, assurément, mérite tous les détours ! Du 8 décembre 2017 au 7 janvier 2018.

 

Mondrian, dans un cimetière parisien, dessine une fleur, la montre à une jeune femme, et voilà ce qu’il en dit :  » C’est le mot : joli…  »

Et c’est en partie à partir de cette phrase, qui dénie à la seule représentation de la réalité l’adjectif « beau », à partir de cette rencontre que les auteurs de cet album d’une envoûtante pureté, imaginent qui était Piet Mondrian, et ce que furent ses élans humains. Et les auteurs, Peyraud et Lapone, nous racontent ainsi une vie imaginée du peintre venu des Pays-bas.

Une vie imaginaire, oui, mais d’une vérité évidente…

 

 

Tout le monde connaît l’art de Piet Mondrian, de nos jours… Plages blanche cernées par d’épais traits noirs, géométries colorées qui se plongent dans l’infini du regard, son abstraction mathématique fait partie depuis de longues années maintenant du quotidien de la mode, du design, de la rue donc. Il n’en fut pas toujours ainsi, loin s’en faut, et Piet Mondrian, dans l’après-guerre de 14/18, dessinait des fleurs à Paris pour payer son loyer. La folie des années d’oubli des horreurs de la der des ders ne lui était pas joyeuse, loin s’en faut, et l’amour se vivait essentiellement tarifié.

Ce qui, par contre, n’avait rien de mercantile pour lui, c’était la danse, la musique, le jazz, et les soirées et les nuits vécues loin de la réalité, voyageant à deux tout au long de notes virevoltantes, avec une partenaire amoureuse elle aussi de la danse.

Pour raconter Mondrian, autrement qu’au travers de ses œuvres, les auteurs ont choisi une narration extrêmement originale et particulière. Ce sont des petits moments d’existence, des minuscules tranches de vie qu’ils nous montrent, avec des titres, parfois, qui ne définissent rien d’autre que des ambiances :  » Le Lapin »,  » Vert », « Francine »…

Et, d’une certaine manière, ce sont ces touches d’existence juxtaposées qui réussissent à nous montrer le trajet humain et artistique qui a conduit Mondrian à devenir ce qu’il est aujourd’hui, un des plus simples et intéressants des peintres abstraits.

 

Comme le dit un des personnages, Francine, les toiles de Mondrian ressemblent à des vitraux. Des vitraux qui n’ont nul besoin de lumière pour étinceler de mille silences sereins.

Personnage peu amène, habité par sa seule peinture, Mondrian n’aime ni le vert ni l’amour. Aime-t-il la vie ?… C’est un peu la question que Lapone et Peyraud posent dans ce livre, sans vraiment y apporter de réponse d’ailleurs.

En fait, ce livre est l’hommage d’un artiste sans cesse à la recherche du  » beau  » à un autre artiste pour qui la beauté ne pouvait qu’être non-humaine, non-descriptive.

Le style graphique de Lapone rappelle, c’est vrai, l’esthétisme de la toute fin des années 50, du début des années 60… Son dessin est parfois à la limite de l’épure, parfois rempli de détails qui, pour insignifiants qu’ils paraissent, se révèlent nécessaires pour créer une ambiance et un mouvement. Et l’exposition de ses dessins originaux est là pour montrer tout le travail, sans doute, qui conduit à une planche de bande dessinée mais, surtout, à laisser le visiteur, le spectateur, voyager en compagnie de l’artiste dans un monde où la recherche de la beauté, quel que soit le sens qu’on puisse donner à ce terme, est un but en soi. Le but d’une vie. Celle de Mondrian, sans aucun doute, celle de toutes celles et de tous ceux qui, au travers de tous les arts, ont voulu dévoiler au monde une part de ses vérités…

Antonio Lapone

 

Ce livre, d’un format peu habituel, permet d’apprécier pleinement le dessin de Lapone. Il se termine par un petit dossier dans lequel les épures, les esquisses, les travaux préparatoires à certaines planches, à certaines vignettes, montrent l’itinéraire artistique de Lapone dans la construction qu’il fait d’une bande dessinée.

Et pour mieux savourer encore ce travail qui n’en est jamais totalement un, allez admirer, de tout près, les originaux de Lapone, dans une galerie bruxelloise qui ouvre ses cimaises depuis bien longtemps aux trésors de la bande dessinée contemporaine…

 

Jacques Schraûwen

La Fleur dans l’atelier de Mondrian : un album envoûtant et une exposition (dessin : Antonio Lapone – scénario : Jean-Philippe Peyraud – éditeur : Glénat

 

Une exposition à la Galerie Champaka de Bruxelles, jusqu’au 7 janvier 2018 : rue Ernest Allard 27, 1000 Bruxelles)