Le Lotus Bleu : une couverture soi-disant retrouvée !…

Le Lotus Bleu : une couverture soi-disant retrouvée !…

Dans tous les médias, on en parle : « On a retrouvé le Lotus Bleu » titre même le site de la RTBF ! Une couverture « inédite », une œuvre d’art que plus personne n’avait vue depuis 1936 ! Je pense, quant à moi, que les journalistes devraient vraiment revoir leur copie !

copyright Hergé/Casterman/Moulinsart/Auction.fr

Pour ceux qui ont un peu de mémoire, reportons-nous, voulez-vous, en l’an de grâce 1981. En mars, très exactement. Deux ans avant la mort d’Hergé.

A cette époque, Gérard Valet, journaliste de la RTBF, était l’auteur avec Henri Roanne d’un film sur ce dessinateur de BD qui n’était pas encore adulé et objet d’investissement. Et, sachant que Tchang, le petit chinois présent dans l’album « Le Lotus Bleu » existait vraiment, Gérard Valet s’est mis en tête de le retrouver. Fort de ses contacts en Chine, où il avait réalisé un documentaire important, il est arrivé à ses fins.

Ces retrouvailles ont été l’occasion de quelques cérémonies plus ou moins officielles, d’une émission télé également. Ce serait sans doute beaucoup dire que cet événement fut majeur dans la reconnaissance publique d’Hergé, mais il n’est certainement pas faux de penser que Gérard Valet, à sa manière, et sans être du tout tintinophile, ni même amateur éclairé de bande dessinée (n’en déplaise à d’aucuns…) a quelque peu contribué à cette mise en pleine lumière d’Hergé, un acteur essentiel de l’Histoire de la bande dessinée et, donc, de la culture populaire du vingtième siècle !

copyright Gérard Valet

Ces retrouvailles, également, ont été l’occasion, pour Casterman, de réaliser un tirage sérigraphié de ce qui fut un projet refusé de couverture pour cet album, « Le Lotus Bleu », une des plus abouties, à mon avis, des aventures de Tintin, à tous les niveaux, celui de la narration, du graphisme et du scénario.

Eh oui, cette couverture qui, dans quelque temps, va être mise en vente aux enchères pour des sommes aberrantes n’a jamais été égarée…

Et donc, tout ce qu’on lit partout aujourd’hui au sujet de cette couverture, « inédite », qu’on croyait perdue à jamais depuis 80 ans, qui est enfin retrouvée, tout cela est complètement faux ! Même la RTBF, qui en parle, n’a pas la mémoire de ce que fit, sur ses antennes, un de ses journalistes vedettes à l’époque, Gérard Valet !

copyright Schraûwen

Je tenais à faire cette mise au point…

D’abord, parce que je pense que le journalisme devrait ne pas se contenter de faire du copier-coller à partir de dépêches… Ensuite, parce que je pense que rendre hommage à cette couverture, aujourd’hui, cela doit être aussi rendre hommage à Hergé, à Valet, et à Casterman qui l’avait éditée !

Dont acte, tout simplement… Avec preuve à l’appui, puisque je possède cette sérigraphie depuis 1981 …

Jacques Schraûwen

Les Prix Atomium 2020

Les Prix Atomium 2020

L’Excellent « Django Main de feu » est récompensé !

La bande dessinée s’est accordée à Bruxelles quelques récompenses… Chacun jugera de l’excellence (ou pas) de ces prix !… Quant à moi, je vous livre ici, succinctement mon avis.

La fête de la bande dessinée de Bruxelles n’a eu lieu que de manière très discrète. Puisque les pouvoirs politiques bruxellois ne voulaient stupidement plus de la fête de la bande dessinée au centre-ville, avec des accès faciles pour tout le monde, c’est à Tour et Taxis qu’elle a eu lieu cette année, et, pandémie et restrictions supplémentaires obligent, de manière pour le moins très très très discrète !

Ce qui n’a pas empêché les prix Atomium de récompenser quelques auteurs chanceux…

Pour être tout à fait honnête, je me dois quand même de dire que je pense que la plupart de ces récompenses (à l‘instar de celles qu’on distribue à Angoulème et un peu partout) répondent plus à des phénomènes de mode et d’intellectualisme qu’à des qualités populaires. Et je pense et je penserai toujours que la bande dessinée est un art d’abord et avant tout populaire.

Cela dit, personnellement, j’épingle deux albums qui, incontestablement, à mon humble avis, méritent pleinement leurs prix.

« Lucien et les mystérieux phénomènes», qui a eu le prix Atomium des Enfants, et dont je parlerai ici, dans quelques jours, longuement, avec une interview des deux auteurs.

Et aussi, et surtout peut-être, « Django main de de feu », qui a obtenu le prix Atomium Cognito de la BD historique.

Un album pour lequel j’ai eu le plaisir de rencontrer et d’interviewer le dessinateur…

Jacques Schraûwen

Mike Deodato Jr.

Mike Deodato Jr.

Une exposition à Bruxelles, consacrée à un dessinateur de chez Marvel au talent impressionnant

Une fois n’est pas coutume, la galerie Champaka, au Sablon, accueille un dessinateur d’outre-Atlantique, un des auteurs les plus originaux des comics américains !

Mike Deodato Jr. © Champaka

A 57 ans, Mike Deodato a déjà derrière lui une carrière impressionnante.

Ce Brésilien a peaufiné son talent pendant quelques années chez des petits éditeurs, au Brésil d’abord, aux USA ensuite. Des éditeurs souvent proches d’un univers créatif assez underground… Peaufiner : le verbe est bien choisi pour un auteur graphique qui, au fil des années, s’est frotté à des influences de toutes sortes. Et ce sont ces influences qui, petit à petit, lui ont créé un style personnel, un style qui a attiré l’attention des éditions Marvel.

Mike Deodato Jr. © Champaka

Chez Marvel, il a commencé par une adaptation de Wonder Woman, fidèle, certes, au personnage originel, mais avec déjà un sens du découpage narratif s’apparentant à de la mise en scène à la fois extrêmement réaliste et à la fois d’une audace visuelle envoûtante.

Aujourd’hui, Mike Deodato a abandonné Marvel et ses super-héros, les Avengers et Hulk, Batman et Thor. Utilisateur désormais de la palette graphique, sans doute s’est-il éloigné des démesures de noir, de blanc et de puissants contrastes qui, aujourd’hui, sont à découvrir aux cimaises de la galerie Champaka. Et c’est un plaisir, même pour ceux qui ne sont pas amateurs de comics, de pouvoir admirer ces planches originales qui osent des perspectives étonnantes et qui, assumant pleinement des influences variées, comme celle de Frazetta, de Corben, de Buscema, ou de Whrigtson, révèlent un talent sans cesse surprenant.

Mike Deodato Jr. © Champaka

Les super-héros dessinés par lui sont des personnages de légende, certes, manichéens même, mais qui s’ancrent avec force et folie dans un monde qui est le nôtre…

Une belle exposition, donc, à découvrir jusqu’au 26 septembre prochain.

Jacques Schraûwen

Mike Deodato Jr. s’expose jusqu’au 26 septembre 2020 dans la galerie Champaka à Bruxelles, rue Ernest Allard.

http://www.galeriechampaka.com/