Les Prix Atomium 2020

Les Prix Atomium 2020

L’Excellent « Django Main de feu » est récompensé !

La bande dessinée s’est accordée à Bruxelles quelques récompenses… Chacun jugera de l’excellence (ou pas) de ces prix !… Quant à moi, je vous livre ici, succinctement mon avis.

La fête de la bande dessinée de Bruxelles n’a eu lieu que de manière très discrète. Puisque les pouvoirs politiques bruxellois ne voulaient stupidement plus de la fête de la bande dessinée au centre-ville, avec des accès faciles pour tout le monde, c’est à Tour et Taxis qu’elle a eu lieu cette année, et, pandémie et restrictions supplémentaires obligent, de manière pour le moins très très très discrète !

Ce qui n’a pas empêché les prix Atomium de récompenser quelques auteurs chanceux…

Pour être tout à fait honnête, je me dois quand même de dire que je pense que la plupart de ces récompenses (à l‘instar de celles qu’on distribue à Angoulème et un peu partout) répondent plus à des phénomènes de mode et d’intellectualisme qu’à des qualités populaires. Et je pense et je penserai toujours que la bande dessinée est un art d’abord et avant tout populaire.

Cela dit, personnellement, j’épingle deux albums qui, incontestablement, à mon humble avis, méritent pleinement leurs prix.

« Lucien et les mystérieux phénomènes», qui a eu le prix Atomium des Enfants, et dont je parlerai ici, dans quelques jours, longuement, avec une interview des deux auteurs.

Et aussi, et surtout peut-être, « Django main de de feu », qui a obtenu le prix Atomium Cognito de la BD historique.

Un album pour lequel j’ai eu le plaisir de rencontrer et d’interviewer le dessinateur…

Jacques Schraûwen

Mike Deodato Jr.

Mike Deodato Jr.

Une exposition à Bruxelles, consacrée à un dessinateur de chez Marvel au talent impressionnant

Une fois n’est pas coutume, la galerie Champaka, au Sablon, accueille un dessinateur d’outre-Atlantique, un des auteurs les plus originaux des comics américains !

Mike Deodato Jr. © Champaka

A 57 ans, Mike Deodato a déjà derrière lui une carrière impressionnante.

Ce Brésilien a peaufiné son talent pendant quelques années chez des petits éditeurs, au Brésil d’abord, aux USA ensuite. Des éditeurs souvent proches d’un univers créatif assez underground… Peaufiner : le verbe est bien choisi pour un auteur graphique qui, au fil des années, s’est frotté à des influences de toutes sortes. Et ce sont ces influences qui, petit à petit, lui ont créé un style personnel, un style qui a attiré l’attention des éditions Marvel.

Mike Deodato Jr. © Champaka

Chez Marvel, il a commencé par une adaptation de Wonder Woman, fidèle, certes, au personnage originel, mais avec déjà un sens du découpage narratif s’apparentant à de la mise en scène à la fois extrêmement réaliste et à la fois d’une audace visuelle envoûtante.

Aujourd’hui, Mike Deodato a abandonné Marvel et ses super-héros, les Avengers et Hulk, Batman et Thor. Utilisateur désormais de la palette graphique, sans doute s’est-il éloigné des démesures de noir, de blanc et de puissants contrastes qui, aujourd’hui, sont à découvrir aux cimaises de la galerie Champaka. Et c’est un plaisir, même pour ceux qui ne sont pas amateurs de comics, de pouvoir admirer ces planches originales qui osent des perspectives étonnantes et qui, assumant pleinement des influences variées, comme celle de Frazetta, de Corben, de Buscema, ou de Whrigtson, révèlent un talent sans cesse surprenant.

Mike Deodato Jr. © Champaka

Les super-héros dessinés par lui sont des personnages de légende, certes, manichéens même, mais qui s’ancrent avec force et folie dans un monde qui est le nôtre…

Une belle exposition, donc, à découvrir jusqu’au 26 septembre prochain.

Jacques Schraûwen

Mike Deodato Jr. s’expose jusqu’au 26 septembre 2020 dans la galerie Champaka à Bruxelles, rue Ernest Allard.

http://www.galeriechampaka.com/

Yakari : de la bande dessinée au cinéma

Yakari : de la bande dessinée au cinéma

C’est à partir de ce 12 août que vous allez pouvoir, en famille, aller voir le film Yakari, particulièrement bien réussi !… A découvrir dans une interview en vidéo visible dans cette chronique !

Yakari © Cinéart

Derib est un dessinateur suisse qui appartient au renouveau thématique de la bande dessinée, dès les années 70. Avec, tout d’abord, deux séries destinées plus spécifiquement à un jeune public : Attila, d’une part, scénarisé par Rosy, et Yakari d’autre part, scénarisé par Job. Dans les années 70, il va se lancer dans une série qui, très vite, va devenir essentielle dans l’histoire du neuvième art, dans celle du récit western également : Buddy Longway. Avec, dans le journal Tintin, une scène d’amour mythique entre Buddy et Chinook… Une scène qui, à l’époque, fut redessinée par Eddy Paape…

Derib, copyright Cinéart

Au fil des années, Derib a dessiné bien d’autres héros, de «Arnaud de Casteloup » à « Go West », de « Tu seras reine » à « Jo », de « Pythagore » à « Red road ».

Mais cet auteur éclectique, capable tout autant de parler de Sida que de culture peau-rouge, d’une vache que d’un poulain, n’a jamais délaissé ses deux séries phares, Buddy Longway, jusqu’à ce qu’il décide lui-même de terminer cette série définitivement, comme dans la vraie vie, en 2006, et Yakari. Deux séries dans lesquelles Derib se plonge dans une culture, celle des Indiens d’Amérique du nord, loin des clichés, de quelque ordre qu’ils soient.

Yakari © Cinéart

Yakari en est à une quarantaine d’albums, à un jeu vidéo, à des adaptations télévisées plus ou moins réussies aussi. Et il a droit aujourd’hui à un long métrage.

Au vu de pas mal de films adaptés de bd de ces dernières années (non, je ne citerai personne…), on pouvait avoir peur de cette adaptation-ci. Mais il n’en est rien, que du contraire, tout l’esprit de la série dessinée se retrouve sur grand écran, avec une image lumineuse qui ne trahit en rien le dessin de Derib, avec un scénario qui s’inspire réellement des aventures vécues par le petit indien depuis 1969…

Ce film nous raconte une aventure, celle vécue par Yakari, un petit Sioux, et de son cheval, Petit Tonnerre, celle du pouvoir de ce gamin de parler avec les animaux, celle de la rencontre avec de terribles chasseurs. Ce film, c’est à la fois le récit d’une quête initiatique et la description d’une enfance capable de n’avoir aucun préjugé et d’aimer la nature pour ce qu’elle est : vivante, passionnée, passionnante…

Yakari © Cinéart

Loin des mièvreries trop souvent présentes dans les films dits pour enfants, loin de la trahison quelque peu débilisante de bien des films inspirés par des bandes dessinées, ce Yakari est une excellente surprise, graphiquement et scénaristiquement. Un vrai film familial, oui, qui nous parle aussi des enfants que nous avons étés un jour… Une première vision de ce film eut lieu , avec une interview de Derib que j’ai eu le plaisir de faire…

copyright Fabien Van Eeckhaut/UGC

Jacques Schraûwen