Artips – Histoire(s) de l’Art en BD – quinze peintres, quinze anecdotes « quotidiennes » les concernant

Artips – Histoire(s) de l’Art en BD – quinze peintres, quinze anecdotes « quotidiennes » les concernant

Les éditions « petit à petit » aiment faire de la bande dessinée un outil d’approche simple de la grande Histoire, sous toutes ses formes.

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Artips, de son côté, occupe une place de choix sur internet, y racontant l’art par le petit bout de la lorgnette, mais toujours avec un souci de vérité historique. Il était donc naturel que ces deux médias voient leurs routes se croiser, dans un partenariat qui a donné vie à cet album, consacré à l’Art… Un album dont on peut qualifier le but, incontestablement, de « vulgarisation artistique » !

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De quoi s’agit-il, en fait ?…

Tout calmement, et avec simplicité et humour, d’aborder des moments importants de l’Histoire de la création artistique au travers de petits récits sans prétention racontant des petites histoires souriantes mettant en scène quelques-uns des noms les plus importants de l’Histoire de l’art.

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Quinze créateurs se retrouvent donc dans les pages de ce livre. De Vinci à Géricault, d’Ingres à Monet, du Facteur Cheval à Klein, de Vermeer à Warhol, du quinzième au vingtième siècle, cet album nous invite à découvrir quelques anecdotes étonnantes parfois, routinières d’autres fois, qui ont conduit ces artistes à créer une de leurs œuvres.

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Je le disais, tout cela se fait sans prétention aucune… Il ne s’agit pas d’un pensum, mais d’une quinzaine d’historiettes de trois pages qui nous prouvent que le hasard préside très souvent à des moments essentiels de l’évolution de l’humanité, donc de l’art. Le hasard, parfois créé de toutes pièces par un peintre comme Klein, par exemple, ou Dali…

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Un hasard mêlé aussi de technologie, comme chez Warhol ou Vermeer… Un hasard qui a permis des rencontres d’amitié et de talent, porteuses de réflexion, donc d’évolution des techniques artistiques. Avec Cézanne et Zola, ou Eiffel et Maupassant…

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Quinze artistes, quinze anecdotes, quinze petits dossiers également, qui replacent chaque œuvre abordée dans son époque, sans grand discours didactique, mais avec une véritable clarté. Un seul scénariste, aussi, mais plusieurs dessinateurs. Que je ne connais pas tous, ce qui rend encore plus agréable la lecture de ce livre, puisqu’elle permet aussi la découverte de talents graphiques actuels. Je tiens quand même à souligner les « épisodes » de Vincent Duteuil, d’Alain Paillou, de Nathalie Bodin, Joël Alessandra ou Thierry Chavant et Coralie Nagel, qui me paraissent sortir du lot, comme on dit…

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Un livre agréable, donc, sans prétention (je me répète…), mais bien fait, instructif sans être pédant, nous baladant ici sur le radeau de la Méduse, là dans un Palais Idéal, ailleurs sur la tour Eiffel et devant la cathédrale de Rouen.

Une « vulgarisation » agréable, aussi et surtout peut-être, à lire et à regarder !

Jacques et Josiane Schraûwen

Artips – Histoire(s) de l’Art en BD (scénario : Céka – dessin : divers dessinateurs – éditeur : petit à petit – 96 pages – mai 2024)

Etienne Willem… Un auteur prolifique pour qui le plaisir du récit et la qualité du dessin ont toujours primé… Avec, humainement, un humour et un sourire sans cesse présents…

Etienne Willem… Un auteur prolifique pour qui le plaisir du récit et la qualité du dessin ont toujours primé… Avec, humainement, un humour et un sourire sans cesse présents…

Et la mort, camarde misérable, l’a emmené vers d’autres territoires que les nôtres, dans lesquels ses 51 printemps se feront éternels.

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Je l’ai rencontré quelques fois… Admirant sa prestance goguenarde en kilt… Aimant ses mots, ses enthousiasmes, les brillances de ses yeux quand il répondait à mes questions.

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Ce Belge est entré dans le monde du neuvième art en 2004. Et, très vite, il s’y est imposé par son talent, par ce dessin semi-réaliste qui lui a permis de se lancer dans des récits feuilletonnesques prenants, passionnés… Même dans ses scénarios les plus démesurés, les plus fous, il a toujours montré des personnages « vrais », des êtres de chair et de sang, des humains, tout simplement, perdus dans des situations et des univers qui leur permettent d’affirmer leurs différences.

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Il aimait ces narrations au feu desquelles il nous plongeait dans des péripéties à la fois anciennes, très art déco, et dans des futurs imaginaires toujours tellement proches de ce qui se vit au quotidien. Il aimait aussi, énormément, avec une sorte de clin d’œil à Canardo et Black Sad, mettre en scène des animaux humanisés et, de ce fait, démesurant tout ce qui est sentiment humain…

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Etienne Willem ne dessinera plus, il ne fera plus rêver, lui qui était, sans aucun doute possible, un des dessinateurs majeurs dans la puissance souriante de ses récits, dans le bonheur qu’il avait à créer, à même toutes ses pages, des mouvements qui faisaient presque penser à de l’animation palpable…

Etienne Willem

Replongez- vous dans ses livres. Il y est présent, avec sa gouaille, son talent exceptionnel, sa gentillesse et son regard lucide sur l’être humain et le monde qu’il se construit…

Vieille bruyère et bas de soie, Les ailes du singe, chez Paquet…

La fille de l’exposition universelle, les artilleuses chez Bamboo, Drakoo…

Et j’ai eu la chance et le plaisir de l’interviewer… Pour réécouter Etienne Willem, suivez ces liens, tout simplement

Les ailes du Singe

Les artilleuses

Jacques et Josiane Schraûwen

Quelque Chose De Froid – Une exposition à Bruxelles du 14 juin au 13 juillet !

Quelque Chose De Froid – Une exposition à Bruxelles du 14 juin au 13 juillet !

Hugues Labiano au sommet de son art dans cet album qui s’expose dans la Galerie de la Bande Dessinée – 237, chaussée de Wavre – 1050 Bruxelles

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Ce livre est, on peut le dire, d’une facture classique, dans son propos, dans sa thématique, dans le récit qu’il nous fait d’une tranche de vie sans morale ni compassion.

Le personnage central, Ethan, a trahi le chef de la pègre de Cleveland. Un truand qui s’est vengé en tuant la femme d’Ethan, de manière horrible, en la démembrant… Et le voilà, cet homme en costard et cravate, de retour dans sa ville. Pour s’y venger en utilisant la police et ses ripoux… Dans sa ville, oui pour y vomir sa haine.

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Cet album s’accompagne d’un dossier parfaitement illustré et consacré aux « films noirs ». Un peu pour nous dire, sans doute, que ce livre est un hommage à un univers cinématographique précis. Avec des références évidentes ou discrètes à Fritz Lang comme à Orson Welles, au mythe universel de la femme fatale, à Coppola aussi, sans doute. Au niveau du dessin, du découpage, du travail sur un noir et blanc qui n’est pas toujours ce qu’il a l’air, du travail sur la couleur et ses infinies variations presque abstraites.

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Mais, à mon (très) humble avis, je parlerais ici, en guise de filiation, de la littérature « noire » bien plus que du cinéma… Parce que Philippe Pelaez, le scénariste, nous plonge à sa manière dans un monde extrêmement écrit, celui de Chandler, de Hadley Chase, de Carter Brown. Mais aussi, à petites touches, au pendant français du roman noir ou policier, avec la trilogie noire du génial Léo Malet, voire même à Steeman et son fameux assassin vivant au 21…

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Oui, c’est bien de littérature aussi) qu’il s’agit. Et Philippe Pelaez s’est ainsi amusé à créer un univers très personnel tout en le nourrissant de milliers de détails que, lecteurs de polars, nous savons importants à la gradation d’un récit… Ce sont ce que d’aucuns appellent les poncifs du genre, et qui sont surtout des éléments essentiels au rythme d’une narration. Bien sûr, il y a une empreinte dans l’histoire racontée de la Grande Histoire… Cela se passe en 1936… On voit comment fonctionne la police, la traque que l’on  fait aux homosexuels… Mais au-delà de cet enfouissement dans une époque précise, il y a le flic pas très malin qui se prend au sérieux, le chef de gang caricaturé, les commentaires sur les assassinats, les flics pourris, la corruption, les femmes… Et c’est cette trame-là aussi, traditionnelle ai-je envie de dire, qui fait tout l’intérêt et toute la réussite de cet album.

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Enfin, quand je dis « toute », ce n’est bien entendu pas exact… Parce que Hugues Labiano, le dessinateur, nous livre ici, graphiquement, un de ses albums les plus aboutis… Avec, c’est vrai, des références cinématographiques nombreuses. Mais avec, également, des regards sur le neuvième art… On ne peut pas, en parcourant ce livre, ne pas penser à Chabouté, à Jean-Claude Claeys, par exemple. Et on ne peut pas non plus parler de ce livre noir sans en souligner la couleur, absolument époustouflante, due à Jérôme Maffre.

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Un polar, cela se lit, cela se savoure, ou pas…

Ici, la saveur est celle d’une plongée dans une horreur quotidienne proche, finalement, de toutes les tragédies que l’être humain est condamné parfois à vivre…

Jacques et Josiane Schraûwen

Quelque Chose De Froid (dessin : Hugues Labiano – scénario : Philippe Pelaez – couleurs : Jérôme Maffre – éditeur : Glénat – mars 2024 – 63 pages)