A La Vie A La Mort – chronique express

A La Vie A La Mort – chronique express

Un livre sérieux, très sérieux, destiné plus aux parents qu’aux enfants, sans doute, même s’il est annoncé comme accessible dès neuf ans. Un livre utile…

copyright casterman

La mort est partie intégrante de l’existence, de toute existence. Elle est probablement même la seule certitude que nous pouvons avoir de ce qu’est la vie, notre vie. Je l’ai déjà dit souvent, l’expression « faire son deuil » me flanque des boutons à l’intelligence. On ne fait pas son deuil, on est en deuil, on le vit, chacun à sa manière, depuis l’aube des temps. La mort que l’on croise est un passage, le deuil est une réalité que chacun subit et assume, et je pense que les aides « psychologiques » tellement à la mode ne servent le plus souvent qu’à donner bonne conscience aux vivants observateurs du deuil des autres…

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Cela dit, et pour l’avoir vécu, comme vous toutes et tous, probablement, au moment de la mort de quelqu’un de proche, le besoin vient, au moins, de parler… D’avoir des regards à croiser, tout en faisant du souvenir une route de survie. Cela dit, aussi, dans notre société de plus en plus formatée, la sympathie, l’empathie ne sont devenus que des mots presque électoraux, et le désarroi est bien présent lorsqu’on assiste aux larmes qu’un décès provoque…

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Et ce désarroi est encore plus grand face au chagrin d’un enfant, face aux questions que cet enfant peut poser. Adultes, nous voilà alors dans l’obligation, éducative ai-je envie de dire, de répondre à ces questions, d’aider l’enfant en face de nous à apprivoiser en quelque sorte la mort toujours horrible, presque toujours inacceptable. Et dans ce livre-ci, un livre de Marine Nina Denis au texte et de Mikankey au dessin, ce sont des pistes de dialogue qui s’ouvrent. Une façon, en quelque sorte, d’offrir des outils aux parents qui, emplis de chagrin eux aussi, se doivent d’être « présents »…

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Oui, c’est un livre qui, à sa manière, peut aider à ce que naisse un vrai dialogue entre adultes et enfants autour de ce sujet universel qu’est la mort. C’est psy, certes, mais ce n’est pas mal fait du tout… Et, même si je continue à penser que chaque être humain devrait être capable de retrouver au fond de lui les ressources nécessaires à vivre, et à aider, à vivre, ce livre peut se révéler utile… Grâce aussi au dossier de fin d’album, qui concrétise différentes possibilités d’approche moins psys parfois, comme des bd à lire, comme des films à regarder… Et je tiens à souligner, aussi, la qualité du dessin de Mikankey qui permet d’aérer le propos et de montrer que le vie peut et doit rester souriante…

Jacques et Josiane Schraûwen

A La Vie A La Mort (texte : Marine Nina Denis – dessin : Mikankey – éditeur : Casterman – octobre 2025 – 64 pages)

AIRBORNE 11 – Missing In Action

AIRBORNE 11 – Missing In Action

Ces jours-ci, c’est l’armistice de la guerre 14-18 qu’on commémore, c’est vrai… Mais cet armistice n’a-t-il pas été, à sa manière, l’initiale de la guerre suivante ? Et toutes les guerres, finalement, ne se ressemblent-elles pas ? Et j’ai envie, aujourd’hui, de vous parler du onzième numéro d’une série consacrée à la guerre 40-45 !

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Airborne 44 nous plonge en effet, de diptyque en diptyque, dans le conflit 40-45. Et le regard que l’auteur Philippe Jarbinet pose sur cette guerre reste toujours un regard humaniste… Dans chacun de ses albums, il aime mêler à ce passé d’horreur et de mort des liens avec notre présent… Et dans cet album-ci, c’est encore plus vrai…

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Tout commence avec le travail, en Europe de quelques passionnés qui recherchent, sur les champs de bataille, les traces de soldats américains disparus au combat. Et le point de départ de ce premier volume du sixième diptyque d’Airborne 44 est celui de la découverte, justement, d’un casque au nom de Campbell. Une découverte qui, aux Etats-Unis, va remettre en question, totalement, l’histoire d’une famille : ce soldat est-il mort en Belgique ou en est-il revenu comme l’affirme l’administration américaine ?…

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A partir de là, le récit mélange présent et passé, guerre et roman noir, vérité historique et réflexions sur la mort, sens de la famille et regard sur l’armée d’hier comme d’aujourd’hui. C’est un album qui, dans cette série, est très différent des autres : on y parle de la guerre, certes, mais on le fait en montrant, de manière symbolique sans doute, tout le poids humain qui reste celui de ce conflit 70 ans après qu’il se soit terminé… Je pense vraiment que ce onzième album, Missing in Action (disparu en opération) est le plus personnel de cette série.

Philippe Jarbinet : un album différent

Ce qui fait, je pense, la première qualité de cette série, c’est que Philippe Jarbinet n’y fait pas le panégyrique du militaire américain venu sauver l’occident ! Tous ses diptyques sont à taille humaine, d’abord et avant tout. Et son onzième volume encore plus, sans doute, dans la mesure où il aborde des thèmes longtemps oubliés, voire même reniés…

Philippe Jarbinet : la part sombre de l’Histoire

N’allez pas croire, cependant, que ce mélange des genres rend le récit ardu à suivre. Il y a dans ce onzième album une vraie fluidité… Qui tient par le scénario, mais aussi, bien évidemment, par la qualité du dessin de Jarbinet : il varie ses plaisirs, en passant du visage du méchant (il y a toujours des méchants dans les bonnes bd…) à ce qui pourrait ressembler à un paysage western, il joue avec les couleurs, mêlant par exemple celles d’un drapeau déchiré et d’une neige omniprésente.

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Ce dessin, réaliste, efficace dans la tendresse comme dans l’horreur, fait vraiment de cette série un incontournable de la bd ! Une série qui, au fil des années, devient également une sorte de long récit dans lequel la grande Histoire et les regards de Jarbinet se mélangent sans arrêt… Avec une totale réussite!

Philippe Jarbinet : la série

Jacques et Josiane Schraûwen

Airborne 44 – 11. Missing In Action (Auteur : Philippe Jarbinet – éditeur : Casterman – 2025)

Astérix En Lusitanie – chronique express

Astérix En Lusitanie – chronique express

Et voici donc une quarante-et-unième « aventure » de deux Gaulois « mythiques » ! Qu’en penser ?…

copyright hachettelivre

Tout d’abord, il me faut dire que cet épisode-ci est bien meilleur que le précédent ! Cela dit, il faut reconnaître que « L’iris blanc » se caractérisait surtout pas sa totale inutilité, son scénario bâclé, voire même sa trahison vis-à-vis des personnages de cette série !

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Donc, dire « meilleur » signifie-t-il que cet album est « bon » ? Il y a des trouvailles dans les noms des différents protagonistes… Il y a quelques jeux de mots, ici et là… Il y a un dessin dont on ne peut que souligner la-plus-que-filiation avec celui d’Uderzo… Ce n’est pas le pire des Astérix depuis la mort d’Uderzo, c’est vrai !

Mais…

Des décors plus ou moins réussis, mais parfois réduits paresseusement à des à-plats de couleur uniforme… Le pirate à la peau noire n’est plus du tout ce qu’il était avec Goscinny: Fabcaro et Conrad n’ont sans doute, courageusement, pas envie d’être confondus avec le Spirou de Yann et Dany ! Le résumé du scénario est un travail réduit au strict minimum : on vient chercher de l’aide au village des irréductibles. En cinq planches, voici Astérix et Obélix en Lusitanie. Là, ils vont sauver et innocenter un Lusitanien, assommer quelques légionnaires romains, revoir le grand Jules, et retourner chez eux pour l’habituel banquet de dernière case.

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Et voilà… C’est tout !

Les Lusitaniens ne sont caricaturés, donc mis en évidence souriante, que par leur « saudade », là où, dans chaque aventure, Goscinny s’amusait (et NOUS amusait) à faire rire, avec une sorte de gentillesse au second degré, des peuples découverts… Il n’y a, en fait, que très peu de personnages de premier plan, à part les deux héros, alors que, avec le duo Uderzo et Goscinny, les « accompagnants » étaient nombreux et avaient une vraie présence… Tout cela m’amène à penser que les reprises de personnages de séries bd sont, le plus souvent, des ratages évidents ! A la mort de Goscinny, Uderzo aurait mieux fait d’arrêter « Astérix », de se trouver un nouveau scénariste à qui unir son talent graphique exceptionnel. Il ne l’a pas fait, soucieux sans doute de ne pas tuer la poule aux œufs d’or ! C’est à partir de ce moment-là que l’esprit-même de Goscinny a déserté les albums « nouveaux » et tristement répétitifs… Le « gain » a pris le pas sur la qualité, tout simplement… Tout bêtement… Et C’est, je pense, uniquement par attrait « collectionneur » que tant de gens, aujourd’hui, se jettent tête baissée sur ce qui n’est plus qu’un objet formaté et uniquement économique.

En résumé, et de manière express : une bd dont on peut se passer !!!

Jacques et Josiane Schraûwen

Astérix En Lusitanie (dessin : Didier Conrad – scénario : Fabcaro – éditeur : Hachette livre – octobre 2025 – 48 pages)