Revoici la jeunesse de Lucky Luke : des saynètes à l’humour bon enfant que les enfants, justement, aimeront, tout comme leurs parents !…
Suivez La Flèche © Lucky Comics
Nombreux sont les amateurs de BD qui regrettent cette mode qui, depuis des années, fait renaître des personnages après la mort de leurs créateurs. Il est vrai que cette tendance fait se côtoyer le pire et le meilleur.
C’est d’ailleurs le cas, reconnaissons-le, avec Lucky Luke, même si c’est de son vivant que Morris a voulu et a entamé la poursuite des aventures de son héros par d’autres dessinateurs, par d’autres scénaristes également. Il y a eu dans ces albums quelques réussites, il y a eu également quelques échecs qui ne firent qu’à peine sourire les lecteurs. Avec Kid Lucky, les choses sont différentes. Achdé réinvente l’enfance de Lucky Luke, et, ce faisant, s’éloigne des codes assez précis de la série originelle, sans pour autant en trahir l’ambiance.
Ici, dans ce quatrième volume de cette série, il met d’ailleurs en scène, au départ, un Lucky Luke adulte. Mais un Lucky Luke qui, confronté à un enfant qui se pose des questions sur sa naissance, se souvient qu’il fut lui-même un enfant adopté.
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Dans la bande dessinée destinée à la jeunesse, on n’est plus, heureusement d’ailleurs, dans cet univers quelque peu feutré d’antan où les réalités problématiques de l’existence étaient gommées pour ne pas heurter ceux qu’on appelait les petites têtes blondes. Zep est passé par là, Spirou aussi, et bien d’autres dessinateurs, au fil des années, ont dépoussiéré les formes de narration destinées à l’enfance, ôtant de celles-ci, de plus en plus, toute référence à des morales qui, de toute façon, comme le disait Ferré, sont et seront toujours les morales des autres !
Donc, dans cet album-ci, on parle d’adoption. Donc d’abandon d’enfant, donc d’éducation, donc de rôles parentaux au sens large du terme.
Mais le tout est traité avec humour, bien évidemment. Et s’accompagne surtout, du portrait d’une vie quotidienne dans le grand ouest américains, au travers des yeux d’un enfant, et de la bande de ses copains, ou de ses non-copains !
Et là, les codes de la narration à la « Morris » sont bien présents : le découpage, d’abord, est extrêmement classique, les couleurs sont celles que l’on voyait dans les albums de Morris, lumineuses sans pour autant chercher d’effet, le trait est vif, allant l’essentiel dans pratiquement toutes les cases. Les méchants sont bêtes et toujours battus en brèche, qu’ils soient adultes ou enfants. Mais ces codes laissent la place aussi à l’amitié, surtout, au regard, déjà tolérant, de Lucky Luke enfant.
Et puis, il y a la « marque de fabrique » de cette série : les notes de bas de page, des petites réflexions qui, sur base historique, replacent le contenu du gag e-ou du récit dans son contexte véridique. On découvre d’où vient l’encre, la puissance de l’arc des indiens face aux armes des hommes blancs, le pourquoi de l’absence de vitre dans les diligences, Et les origines de Jolly Jumper !
Suivez La Flèche © Lucky Comics
A la fois didactique (mais jamais lourd, loin s’en faut) et amusant, ce « Suivez la flèche » est une vraie réussite dans soin genre. Les puristes ne devrait pas y trouver grand-chose à redire, Achdé ayant réussi à faire de son jeune héros autre chose qu’un simple rajeunissement d’un héros mythique. A l’instar du Petit Spirou, mais de manière plus douce, plus sage ai-je envie de dire, Kid Lucky existe par lui-même, et c’est bien par là qu’on peut dire que cette série, POUR TOUS LES PUBLICS, mérite assurément d’exister, et d’être lue !
Jacques Schraûwen
Kid Lucky : Suivez La Flèche (auteur : Achdé – couleurs : Mel – éditeur : Lucky Comics)