Jusqu’au 25 janvier 2020 à Bruxelles : une exposition et un coffret de deux livres à ne pas rater !
C’est dans la galerie Huberty Breyne, à la place du Châtelain, dans la capitale européenne, que dialoguent un père et son fils, deux illustrateurs aux mêmes thématiques, aux identiques envoûtements.
Le talent est-il héréditaire ?
On peut le penser, en se baladant dans cette galerie bruxelloise qui se fait l’écrin des œuvres de ces deux artistes espagnols aux regards parallèles.
Luis Royo, du haut de ses 65 printemps, a d’abord été un artiste connu dans son pays natal, l’Espagne, avant de devenir, dès les années 90, un des grands noms de l’illustration. Dans la lignée de l’Américain Frazetta ou du Péruvien Vallejo, il est devenu une référence mondiale dans l’art de montrer l’irracontable, de dénuder le mystère, d’érotiser le fantastique.
Et son fils Romulo Royo s’est enfoui à son tour dans l’univers de l’ailleurs, dans un monde où le sombre de l’horreur se devine au travers du miroir de la couleur. Il y a incontestablement une similitude d’inspiration, voire même de graphisme entre ces deux illustrateurs. Le traitement pictural, par contre, diffère. Avec le père, on est dans ce qu’on pourrait appeler un réalisme fantastique, magique, dans un voyage, aussi, dans les cités envoûtantes de l’érotisme, de tous les érotismes.
Avec le fils, le traitement est différent… Les ambiances sont plus abstraites, la fantasy se mêle plus au réalisme, le gothique prend forme sans rien ôter de la beauté des femmes moins maîtresses que soumises.
Le point commun entre le père et le fils, au-delà des techniques similaires (aérographe, huile, graphite…), C’est la femme, la déesse païenne, la guerrière sans pitié, la reine de l’ombre accrochant la lumière. Un point commun qui, chez Luis, le pousse à créer des univers parfois bien plus qu’érotiques, mais à en estomper la puissance par la force qu’il a à donner vie aux regards de ses personnages. Luis Royo est peintre de la nudité, certes, mais il est aussi et surtout l’artiste contemporain qui fait des yeux des femmes qu’il nous présente des chemins de sensations, d’émotions, de désirs silencieux absolument phénoménaux.
Romulo Royo, quant à lui, exprime les mille sensualités féminines plus au travers des paysages de la chair qu’au profond des regards, au travers des mouvements du corps et des lèvres qu’au travers des simples attitudes.
Cette exposition, d’une belle sobriété, est donc bien un dialogue entre un père et son fils, entre, surtout, deux artistes dont les constantes graphiques sont des rêves sans rémission…
Outre cette superbe exposition, un coffret existe, intitulé Projects… Deux albums qui mettent en évidence l’univers « Royo », avec une iconographie lumineuse, extraordinairement parlante… Un coffret qui ne peut que trouver sa place dans toutes les bibliothèques des amoureux de l’illustration, quand elle s’aventure hors des sentiers battus tout en ne reniant jamais les grands anciens de cet art majeur !
Jacques Schraûwen
Dark Goddesses (exposition de Royo père et fils, à la Galerie Huberty Breyne, Place du Châtelain, 33 à 1050 Ixelles, jusqu’au 25 janvier 2020)
Projects (Goddesses et Custom-Made – coffret de deux livres – éditeur : Norma Editorial – 80 et 144 pages – date de parution : décembre 2019)