La disparition d’un dessinateur exemplaire et exceptionnel !
René Follet avait 88 ans. Et de tous les auteurs que j’ai rencontrés, il est celui qui m’a laissé une des plus belles impressions : celle ‘un talent pur, celle d’une humilité sans pareille, celle d’un homme se voulant artisan, et, ce faisant, se révélant comme un des artistes les plus importants du neuvième art.
Je parlais d’humilité, et je n’oublierai jamais notre rencontre à l’occasion d’une exposition qui lui était consacrée à Bruxelles. Je lui demandais si cela ne l’attristait pas, de n’être pas « reconnu ». Il m’avait répondu, le sourire tranquille, qu’il avait eu les reconnaissances qu’il méritait, et que c’était très bien comme cela.
Pourtant, malgré le peu de « récompenses » qui lui furent données, René Follet est un des dessinateurs les plus admirés dans le monde de la bande dessinée. Illustrateur hors pair, du scoutisme, sous le pseudonyme de Ref, de Bob Morane aussi, auteur de différentes couvertures pour plusieurs de ses confrères, il a à son actif quelques séries d’aventures souvent passionnantes : les aventures de Steve Severin, Ivan Zourine, Edmund Bell, les Zingari, entre autres.
Et, plus récemment, comment ne pas rappeler son époustouflant « Stevenson », et l’excellent mais bien trop peu connu « Plus fort que la haine ». Deux livres que j’ai eu le plaisir de chroniquer…
Il a été aussi l’ami d’un des plus grands dessinateurs actuels, Emmanuel Lepage, qui l’a accueilli dans « Les Voyages d’Ulysse » et « Les Voyages de Jules ». Il y eut là, sans aucun doute possible, une des plus belles collaborations graphiques que l’histoire du neuvième art a connues. Et je n’oublierai pas le plaisir qu’eut Emmanuel Lepage à me parler de son ami.
Avec la disparition de René Follet, c’est tout un pan de l’âge d’or de la bande dessinée qui s’enfouit dans des ailleurs qu’on ne connaît pas… Et l’occasion est bonne d’enfin (re)découvrir tous les talents qui étaient siens, des talents toujours empreints d’un véritable humanisme !
Jacques Schraûwen