Il fut un temps pendant lequel l’enseignement primaire faisait grand cas des Fables écrites par La Fontaine. Elles étaient un outil pédagogique exceptionnel, pour la mémoire, l’analyse, la diction, la rédaction même ! Retrouvez-les, illustrées avec bien plus que de la simple malice !
Quelle définition peut-on donner au mot « culture » ?… Quel sens accorder à l’expression « patrimoine culturel » ?
Bien des penseurs, depuis toujours sans doute, se sont penchés sur ce questionnement. Toute culture, finalement, est la résultante ente le quotidien, et donc l’évolution d’une société, et ce que le passé, donc la civilisation, a créé comme réalisations. Le patrimoine, dès lors, ne peut se résumer à partir d’une seule réalité physique. A côté de l’architecture, les cathédrales par exemple, ou les temples grecs et romains, il y a les œuvres d’art, tangibles, il y a les traditions qu’on appelle folkloriques, il y a la chanson, il y a la littérature, la poésie, autant de formes qui sont les miroirs d’une époque, certes, mais également des jalons dans l’évolution d’une société qui est la nôtre.
La Fontaine fait, sans aucun doute possible, partie de ce patrimoine résolument intemporel parce qu’universel. Ses fables, certes inspirées par Esope, continuent toujours à exprimer des gestes, des attitudes, des réactions, des sentiments qui restent ceux de notre aujourd’hui.
Bien entendu, il y a les grands classiques, « Le Corbeau et le Renard », « Le Lièvre et la Tortue »… Mais il y a toutes les autres fables, moins connues, voire totalement oubliées, et qui, assurément, méritent le détour.
C’est ce que j’apprécie dans ce livre qui nous offre, à sa manière, un vrai panorama de l’œuvre d’un fabuliste. On y trouve les textes aux morales (dans le sens philosophique du terme) évidentes, tous publics, bien évidemment. Mais on y découvre également quelques poèmes infiniment plus légers, courtois pratiquement, libertins en tout cas, comme « La Jeune Veuve », ou « Le Mari, la Femme et le Voleur » ou encore le très étonnant et très passionnel « La Chatte Métamorphosée en Femme »…
Ce livre est somptueux, amusant, endiablé, par les textes, mais aussi par le dessin de Quentin Blake, un des plus grands illustrateurs contemporains, un de ces artistes capables, en quelques traits, de donner vie à un dessin et, ce faisant, de dépasser le texte illustré.
Le seul bémol que je fais concerne le cd et le côté très monocorde, sans véritable interprétation, de Denis Podalydès. Ce n’est pas l’acteur que je juge, là, mais je trouve faible la façon dont il semble lire les fables de La Fontaine sans vraiment vouloir y plonger. Il faut dire que j’ai écouté bien des fois Luchini dans le même exercice… La Fontaine a besoin de cabotinage pour être amusant à l’écoute aussi, et Denis Podalydès a choisi, lui, la voie du dépouillement. Il « dit » bien, mais sans âme, à mon humble avis !
Cela dit, ne boudez surtout pas votre plaisir ! Ce livre est un vrai plaisir, pour les yeux comme pour l’intelligence… Une édition presque à l’ancienne, avec un papier qui aime le contact des doigts… Et le cd, tout compte fait, peut s’écouter, à petits doses, peut se faire écouter (dans les textes moralistes tous publics…) par vos enfants, vos petits enfant…
Un cadeau idéal donc pour les fêtes de fin d’année…
Jacques Schraûwen
Les Fables de La Fontaine – illustrées par Quentin Blake (éditeur : Les Arènes – septembre 2020 – 117 pages et un cd de Denis Podalydès)