Olivier Taffin : la mort d’un artiste humaniste !

Olivier Taffin avait 74 ans. Et sa carrière ne fut pas uniquement, loin s’en faut, celle d’un auteur de bande dessinée.

Depuis les années 90, après vingt ans de présence dans les méandres du neuvième art, Olivier Taffin s’est fait Illustrateur, peintre, chroniqueur, dramaturge, affichiste, professeur de dessin, parolier, blogueur, amoureux de la chanson française aussi.

Olivier Taffin © Taffin

Pour bien saisir toute la qualité de cet artiste multiforme, avide tout autant de rencontres humaines que de découvertes, ou de redécouvertes, il faut vraiment, en effet, souligner le travail qu’il a fourni dans un cabaret de chansons d’auteurs, y accueillant des gens bien oubliés des médias, comme Jacques Bertin et Jehan, des chanteurs qui sont poètes, qui sont les troubadours d’aujourd’hui dans un monde qui n’en veut plus.

Fume, c’est du Taffin © Kesselring

Olivier Taffin, c’était un homme étonnant, un artiste incapable de se cantonner dans un seul style, dans une seule aventure. Un homme qui ne recherchait même pas la reconnaissance, ni le succès, mais qui se voulait au service de ce qu’il aimait, de ceux qu’il aimait.

Il n’a passé, finalement, qu’une vingtaine d’années à faire de la bande dessinée… Mais quelles années ! Ce furent celles de l’éclosion d’une bd se voulant d’autres publics que la seule jeunesse.

Orn © Dargaud

Il fait relire son « Fume, c’est du Taffin » (éditeur : Kesselring), par exemple, pour comprendre tout ce que cette époque avait d’aventurier. L’aventure, oui, c’était celle de raconter des aventures dans lesquelles l’humain avait totalement sa place, c’est-à-dire aussi avec de l’érotisme, avec du fantastique, avec de l’anticipation sombre.

Il est aussi l’auteur de la série « Orn » (éditeur : Dargaud), mettant en scène des dieux, des humains transformés, et de l’humanisme quelque peu désespéré.

Il est aussi le dessinateur d’une autre série, « Allaïve » (éditeur Dargaud), qui s’aventure dans des univers d’angoisse et de folie, d’une manière envoûtante, et graphiquement maîtrisée.

Allaïve © Dargaud

C’était le temps de collaborations avec des auteurs comme Vidal et Cothias.

Il fut aussi pendant sa période bande dessinée le fondateur d’une petite revue, « Tousse Bourin », dans laquelle furent publiés des auteurs devenus des grands noms de la BD : Loisel, Le Tendre, Cabanes, entre autres.

Sans doute Olivier Taffin aurait-il pu continuer une carrière comme auteur de BD… Il ne l’a pas voulu, il n’a jamais voulu dépendre de routines, quelles qu’elles soient, et c’est cela aussi, c’est cela surtout, qui fait de lui un artiste à part entière dont il est bon, aujourd’hui, de se souvenir.

Allaïve © Dargaud

Et me viennent en mémoire quelques mots de Jacques Bertin, au sujet de l’enterrement de l’épouse du chanteur Julos Beaucarne. Des mots qui sont de circonstance… Poétiques et profondément humains : « l’autre jour, c’était moi que l’on mettait en terre et je me regardais n’être plus rien… Il faut me réconcilier avec la terre et sa respiration qui est le chant » !

Jacques Schraûwen

2 réflexions sur “ Olivier Taffin : la mort d’un artiste humaniste ! ”

  • 7 décembre 2020 à 18 h 52 min
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    Bel hommage !

  • 8 décembre 2020 à 9 h 48 min
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    Merci beaucoup.

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