« Le Schtroumpf qui n’était pas poli » et « Le bâton de Saule »

Qui ne connaît pas les Schtroumpfs ?… Ces héros de papier appartiennent pleinement, aux quatre horizons de notre terre, à ce qu’on peut appeler avec fierté la culture populaire !

copyright Lombard

Avec fierté, oui, parce que ces lutins à la peau bleue furent créés par un Belge, Peyo, pendant ce qu’on ne peut qu’appeler l’âge d’or du neuvième art, cette période pendant laquelle commençaient à cohabiter, dans les pages des magazines, des bandes dessinées résolument enfantines et d’autres de plus en plus adultes.

Les Schtroumpfs apparaissent pour la première fois en 1958, dans une aventure de Johan et Pirlouit. Ils n’étaient que des personnages secondaires, des espèces de nains à la Disney (en ce qui concerne les caractères, en tout cas) au langage presque hermétique. Mais, assez vite, et grâce aux mini-récits qui étaient une des caractéristiques du magazine Spirou, ces personnages vont recueillir les suffrages des lecteurs, et pousser Peyo, comme l’éditeur Dupuis, à donner à ces Schtroumpfs leur propre série. Avec, en 1963, le fameux « Les Schtroumpfs Noirs »… Je peux l’avouer, ce livre et ses « gnap gnap » a provoqué chez l’enfant que j’étais quelques moments de vraie peur ! Et donc de vrai plaisir !…

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Et depuis lors, les Schtroumpfs n’ont jamais arrêté leurs aventures dessinées, malgré la mort de Peyo en 1992. Peyo qui s’était fait pratiquement homme d’affaires pour que vivent ses héros sur papier, mais en animation dessinée également, en mille et un produits dérivés aussi… Nombreux sont encore les collectionneurs de figurines schtroumpfs d’origine ! Un homme d’affaires, oui, mais soucieux, toujours, d’ouvrir son univers artistique à d’autres dessinateurs. Il serait fastidieux de les citer tous, mais Walthéry et Wasterlain furent de ceux qui apprirent leur métier aux  côtés de l’immense Peyo, grâce aux Schtroumpfs, mais aussi à Johan et Pirlouit ou à Benoît Brisefer, que ces jeunes dessinateurs aidaient, bien plus parfois, à dessiner.

Et donc, à la mort de Peyo, c’est son fils, Thierry Culliford qui a pris sa suite, comme scénariste, choisissant différents dessinateurs capables de reprendre les personnages mythiques de Peyo sans les dénaturer.

Ce qui caractérise les Schtroumpfs, depuis toujours, c’est le caractère de chacun : il y a le schtroumpf à lunettes, moralisateur, il y a le schtroumpf costaud, le schtroumpf farceur, etc. Ce qui caractérise aussi cette série, dès le départ, c’est qu’aucune loi ne régit leur univers, sinon celle de la gentillesse et du respect d’une série de valeurs, celles du partage, de la tolérance. C’était une bd éducative, à sa manière… Et parfois très critique par rapport au monde réel, montrant, sous forme de fable, les dangers du pouvoir absolu, de l’ambition, de la paresse, et ainsi de suite, avec, par exemple, l’excellent Schtroumpfissime…

Les albums au fil des années sont devenus plus sages, plus bien-pensants, mais toujours avec le souci d’une certaine « morale » dans chaque album.

Et c’est vraiment le cas avec cette série de petites bandes dessinées pour enfants, « Grandir avec les Schtroumpfs », dont le dernier sorti s’appelle « Le Schtroumpf qui n’était pas poli » : le schtroumpf sculpteur ne pense qu’à son art, et use et abuse de la bonne volonté et de la gentillesse des autres Schtroumpfs sans être capable de les remercier, d’être simplement poli. Jusqu’à ce que le grand Schtroumpf le remette sur le droit chemin, et laisse la place, en fin d’album, à un dossier éducatif qui doit permettre aux parents de dialoguer avec leurs enfants. A lire jeune, et avec ses parents !

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Le second album paru il y a peu prouve lui aussi, la volonté de Culliford de correspondre, dans ses narrations, à ce qu’est la société d’aujourd’hui.

C’est le cinquième album d’une série parallèle, dans laquelle les vedettes sont des filles schtroumpf… Pas des schtroumpfettes, non, il n’y en a qu’une ! Mais des schtroumpfs féminins qui vivent dans leur propre village et y vivent leurs propres aventures.

Les quatre premiers albums étaient des histoires complètes, et voici que commence, avec « Le bâton de Saule », une aventure qui va durer trois épisodes. Saule, l’équivalente féminine du Grand Schtroumpf est blessée, et son bâton magique est brisé. Il va falloir, pour la sauver, que trois des filles de son village aillent affronter des tas de dangers, comme les monts hurlants et la porte des mille et une glaces… Le tout sur le dos d’une araignée bien sympa…

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On reste, vous voyez, dans un univers gentil, avec un dessin efficace, malgré des couleurs que je trouve personnellement trop criardes.

Et même si on est très loin des chefs d’œuvre signés Peyo, la qualité est au rendez-vous, pour un public incontestablement plus jeune que celui qui continue à apprécier le Cosmoschtroumpf, Johan et Pirlouit, ou BenoÎt Brisefer !

Jacques et Josiane Schraûwen

Le Schtroumpf qui n’était pas poli (dessin : Antonello Dalena – scénario : Falzar) et Le bâton de Saule (dessin : Laurent Cagniat – scénario : Luc Parthoens et Thierry Culliford) », parus aux éditions du Lombard en mai 2022)

Une réflexion sur “ « Le Schtroumpf qui n’était pas poli » et « Le bâton de Saule » ”

  • 9 mai 2022 à 11 h 26 min
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    Des filles chez les Schtroumpfs? Sacrilège! (LOL)

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