Le Bel Alex – une première bande dessinée qui nous parle d’apparence, d’amour, de réseaux sociaux…

Dès le titre, on comprend qu’on se trouve dans un domaine très précis des rapports humains. « Le bel Alex »… Oui, on va parler, au long des quelque 158 pages de cet album, de l’apparence, de la beauté, mais du côté masculin, pour une fois !

copyright casterman

Et c’est une jeune femme qui est l’autrice de cet album…

Julia Reynaud a remporté le prix Raymond Leblanc de la jeune création en 2020. Et ce bel Alex est son premier album. Un album dont elle est à la fois dessinatrice et scénariste. L’environnement de son histoire, de son récit, s’ancre totalement dans le monde d’aujourd’hui, un monde dans lequel la communication virtuelle cache bien des solitudes.

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Noah, un jeune étudiant, tombe amoureux d’une jeune fille libre et simple, Alex. Lui, musicien, découvre que cette petite amie est passionnée par un chanteur anglo-saxon, Marley Johnson. Et donc, ce jeune homme qui n’a pas vraiment confiance en lui va, pour séduire la belle Alex, chercher à ressembler physiquement à cette star inaccessible. Et c’est là que se situe l’originalité et l’intérêt de ce livre : dans ce changement de point de vue… Quand on se balade sur le net, on ne peut que remarquer combien l’apparence est importante pour les jeunes femmes d’aujourd’hui, au vu du nombre d’influenceuses ne parlant que de cela ! Et Julia Reynaud a décidé, simplement, de changer de focus, et de nous montrer que ce mythe de l’apparence peut aussi ravager des existences masculines.

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Cela dit, le titre « masculin » de cet album est étrange. Parce que la féminité d’Alex ne fait aucun doute ! Mais c’est bien d’amour qu’on parle, dans ce livre, charnellement aussi, quotidiennement surtout. Avec un dessin moderne, parfois simpliste, et qui, de ce fait, retranscrit parfaitement, fidèlement, ce qu’est la vie, normale, naturelle, de deux étudiants aujourd’hui.

La relation amoureuse, du fait de cette hantise d’être charnellement autre chose que soi-même, créé plus que du chagrin, une vraie rupture avec le réel. Le tout dans une ambiance estudiantine, avec un langage typiquement contemporain, celui des écrans, celui des façons de se parler, aussi… Noah, en mal-être, dit par exemple à Alex : « être chill, c’est ne pas exister… ».

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Ce sont des tranches de vie auxquelles nous invite Julia Reynaud, et elle le fait avec talent, avec simplicité, avec efficacité. En abordant ce thème qui est en train de devenir essentiel dans bien des existences, celui d’un formatage inconscient… Il ne suffit pas d’avoir des passions communes, la musique par exemple, pour que se construise, à deux, une histoire commune. Ce livre est d’une certaine manière un auto-regard critique de la jeunesse sur elle-même… Et c’est bien ce que Julia Reynaud m’a dit. Une interview à écouter…

Jacques et Josiane Schraûwen

Le Bel Alex (autrice : Julia Reynaud – éditeur : Casterman – août 2022 – 159 pages)

Une réflexion sur “ Le Bel Alex – une première bande dessinée qui nous parle d’apparence, d’amour, de réseaux sociaux… ”

  • 27 novembre 2022 à 14 h 38 min
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    Bonne chronique comme d’habitude.

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