Bruxelles, à travers le monde, est incontestablement le lieu évident de ce que fut l’Art Nouveau, en architecture certes, mais aussi en joaillerie, en ferronnerie, en menuiserie.
Cet art, tout en « nature », tout en « volutes », tout en sensualité, n’a pas uniquement été celui de demeures devenues emblématiques.
Il a nourri et s’est nourri de tous les autres arts, transformant ainsi, grâce à un foisonnement immense, tous les aspects du quotidien, tous les regards sur l’environnement urbain.
La bande dessinée ne s’y est pas trompée. Elle s’est bien souvent enfouie dans ces décors inouïs que furent ceux de la Belle Epoque.
Et cette exposition nous invite, de manière subjective certes, mais passionnée et donc passionnante, à voyager dans ces temps lointains en compagnie d’auteurs d’aujourd’hui qui ont voulu, et su, au travers de leurs albums, restituer de ces années passées les réalités.
Réalité magique des décors, des lieux, d’une beauté neuve s’imposant avec douceur à tout le monde.
Réalité historique, aussi, avec des récits parfois très réalistes, parfois très oniriques, fantastiques, mais tous empreints de l’art en apogée qu’on appelait nouveau.
Réalité sociale, également, parce que tous ces auteurs n’ont jamais embelli à outrance cette époque qui n’était socialement belle que pour les classes aisées.
Au fil des œuvres exposées au Centre Belge de la Bande Dessinée, c’est à toutes ces réalités que le badaud/spectateur est confronté. Tout en simplicité… Tout en douceur… Tout en jeux de lumière… Tout en intelligence !
Avec des auteurs extrêmement variés, la balade au long de cette exposition est un moment de découverte, de retrouvailles aussi avec des dessinateurs aux styles extrêmement différents. Il y a François Schuiten, bien entendu, inévitable lorsqu’on pense aux arts neuvième et nouveau mêlés.
Mais il y aussi l’extraordinaire Smujda, le prolifique et talentueux Etienne Willem. Avec Marc-Renier, aussi, avec, au feu de certaines planches exposées, la présence de Klimt, de Toulouse-Lautrec, de Schiele !…
Je le disais, le choix fait par Mélanie Andrieu, la commissaire de cette exposition, est très personnel et, de ce fait, extrêmement intéressant. Elle nous fait redécouvrir des auteurs comme Ferry, Counhaye, Severin…
Mais elle nous plonge également dans les univers somptueux de Frank Pé, de Chabouté, de Sorel ! C’est, d’une certaine manière, une approche éclectique de la bande dessinée dans plusieurs de ses manifestations, de ses styles, de ses mises en scène !
Une exposition à voir, vraiment, pour prendre le temps d’admirer les liens étroits qui, finalement, unissent tous les arts, de l’architecture à la bande dessinée !…
Jacques et Josiane Schraûwen
Neuvième Art Nouveau – Une exposition jusqu’en mars 2024 à Bruxelles, au Centre Belge de la Bande Dessinée, rue des Sables