L’heroic fantasy continue à faire quelques (beaux) jours de la bande dessinée. Ce livre en utilise les codes de manière originale…
S’inspirant d’une légende du folklore italien, ce livre nous plonge dans un univers onirique, avec des magiciennes qui, peut-être, ne sont que des sorcières… Avec, en début de récit, une guerre au Moyen Âge, des espèces d’elfes étranges… Avec les deux personnages principaux, Livania et son mari Aimone. Aimone qui se retrouve enfoui sous terre après avoir interrompu une cérémonie magique à laquelle participe sa femme…
Séparés, ces deux amants, figures universelles dans l’histoire de la littérature, vont se chercher, se retrouver, se perdre. Le tout dans une sorte de cercle vertigineux qui va les emmener d’époque en époque, d’hier à aujourd’hui, dans l’accompagnement d’un livre de magie qui garde en lui d’innombrables souvenirs. Aimone va vivre une sorte de quête existentielle pleine d’inconnu, de peur, de tendresse, d’amour. Comme chez Dante, ils vont évoluer à deux dans des sortes de mondes différents, avant de pouvoir vivre leur amour, pleinement, avant de « vivre », jusqu’au terme de l’existence humaine, en une fin étonnante, extrêmement poétique…
Livania, dessiné par Alessandro Costa et scénarisé par Francesco Vacca, est un album en noir et blanc au graphisme inspiré à la fois par l’heroic fantasy et l’univers actuel de Disney.
Le dessin, de ce fait, est souple, aux mouvements parfaitement assumés, au découpage parfois étonnant et toujours présent pour accentuer la narration.
Du côté du scénario, on peut parler de poésie… On peut parler aussi de notions comme la tolérance, la haine. Et l’Amour, bien évidemment ! L’éternité de l’amour, même, qui, au travers des souvenirs que les êtres humains se partagent, devient une réalité presque tangible…
Cela dit, il faut aussi reconnaître que ce scénario n’est pas toujours directement compréhensible, que le lecteur, non habitué sans doute aux codes alambiqués de l’heroic fantasy, s’y perd assez souvent…
Mais, au total, ce livre n’est pas mauvais du tout, parce que, sans doute, il nous parle du seul sentiment qui nous permet d’exister, toutes et tous, l’Amour.
Parce qu’il le fait avec plus de poésie que d’imagination ou que de réalisme.
Oui, de l’heroic fantasy poétique, cela ne se refuse pas !
Jacques et Josiane Schraûwen
Livania (dessin : Alessandro Costa – scénario : Francesco Vacca – éditeur : Clair de Lune – 110 pages – septembre 2023)