Boule à Zéro – 11. Le Grand Bain

« Bamboo », ce n’est pas Dupuis… Et les grondements imbéciles d’une influenceuse restent lettres mortes pour un éditeur qui sait que Ernst et Zidrou sont les auteurs d’une série bd exceptionnelle et essentielle !

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« Boule à Zéro », c’est une série qui nous raconte les aventures, appelons cela de cette manière, d’une gamine atteinte du cancer et passant de nombreuses années en hôpital… C’est une série qui, avec une intelligence et une « empathie » évidentes, évite les écueils du mélo facile pour éveiller nos yeux et nos âmes, nos cœurs et nos sourires…

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Dans le numéro précédent, Zita, cette gamine adolescente qui a l’apparence d’une fille de sept ans mais qui est une vraie adolescente, apprend qu’elle est guérie… Ou, en tout cas, en rémission et pouvant sortir de ce lieu qui a été son univers pendant tellement longtemps… Dix ans dans un hôpital, dans un étage consacré aux enfants malades, gravement malades…

Dans cet épisode-ci, intitulé le grand bain, Zita découvre la vie, la vraie vie, celle qui se vit dans un monde sans malades, sans infirmières, sans médecins. Sans les amis qui étaient les siens, cette bande de malades, comme elle, dont elle était devenue la guide, la cheffe, pour des 400 coups pleins de folie, pleins de tendresse, plein de vie !

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Parce que c’est cela, la force et la puissance de cette série, de ses auteurs, Zidrou au scénario et Ernst au dessin, que de nous montrer la maladie et la mort des enfants, de le faire sans inutile pudeur, de nous parler, ainsi, de la désespérance, mais de le faire en nous racontant un quotidien dans lequel les gosses restent des gosses, avec le besoin de bouger, de faire des bêtises, mais d’avoir peur, aussi, et d’oser l’humour face à la camarde omniprésente.

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Après dix années de ce qu’on appelle un combat contre la maladie, c’est à un apprentissage total du verbe vivre que Zita va se trouver confrontée… C’est ce que nous raconte ce livre, en montrant aussi cette attitude normale de la part de Zita, de couper les ponts avec l’hôpital… Elle qui était le sourire de ses camarades d’étage leur manque, terriblement… Elle était un peu leur âme… Et dans ce livre-ci, cette rupture est difficile à supporter, pour ses camarades, et également pour les lecteurs que nous sommes. Oui, dans ce onzième volume, l’ambiance est très différente… Zita va devoir, non pas se réinventer, mais accepter de nouvelles amitiés… Non pas se reconstruire, mais partir simplement à la recherche d’une part d’elle qu’elle ne connaissait pas et qui, ma foi, n’est pas évidente à supporter !

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Et tout cela, la vie à l’école, les méchancetés gratuites de gosses dans la cour de récréation, Ernst, de son dessin tout en simplicité et en lumière, le retranscrit avec une tendresse qui estompe le propos parfois proche d’une forme de désespérance. Zidrou, lui, fait cette fois moins preuve de son humour percutant pour laisser la place à une forme de mélancolie, mais de mélancolie souriante ! Avec, toujours, ces clins d’œil qui sont la caractéristique de son écriture… Le collège dans Lequel Zita se retrouve ne s’appelle-t-il pas le Collège Deliège ?… Zita n’a-t-elle pas, d’ailleurs, à l’instar de Bobo, l’envie de s’en échapper ?

Et tout le récit reste toujours étonnamment proche de la réalité… Tout en finesse… Tout en envies de partages, de mains tendues… Tout aussi avec cette constatation sans cesse sous-jacente que les racines individuelles, même avec le refus de certaines mémoires, ne peuvent être que multiples !

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Ce tome 11, différent dans son empreinte comme dans sa thématique, est, sans aucun doute, un superbe livre, qui fait mal, qui fait sourire, qui donne l’envie de découvrir la suite de cette plongée dans la vie… Et je maintiens ce que je dis depuis des années : cette série est et reste la série la plus réussie, la plus intelligente, la plus humaine, la plus tolérante, la plus humaniste militante, depuis très, très, très longtemps !!!

Jacques et Josiane Schraûwen

Boule à zéro : 11. Le Grand Bain (dessin : Ernst – scénario : Zidrou – éditeur : Bamboo – mars 2025 – 46 pages)

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