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Peccadilles – les aléas du destin

Huit petites histoires qui nous emmènent dans un monde proche de la fantasy et, en même temps, des contes de nos enfances… Mais avec cruauté !

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J’ai toujours aimé l’art de la nouvelle. En littérature, bien entendu, avec Maupassant, Jean Ray, Jacques Sternberg, Gérard Prévot, Fredric Brown, et tant d’autres encore. En bande dessinée, il faut reconnaître que c’est un style peu utilisé. Les auteurs aiment prendre le temps de créer des méandres scénaristiques provoquant des rebondissements nombreux. Et j’avoue être fatigué par ces séries « à suivre » qui s’éternisent, dans lesquelles on entre en ayant oublié les épisodes précédents. Il s’agit là, pour moi, d’une dérive du récit plus nombrilique, souvent, que qualitative. Avec en tête de gondole les histoires de fric, de cul et de sang de Van Hamme, par exemple…

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Oui, je sais, je viens de me faire quelques ennemis…

Mais tout cela pour vous parler d’un livre qui, justement, choisit le raccourci rapide, sans d’autre ambition que de faire passer un bon moment au lecteur, pour créer des univers qui cependant, malgré le peu de pages de chacun d’entre eux, tiennent la route, comme on dit.

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Cinzia Di Felice, auteure au dessin lumineux et efficace, aux couleurs ensoleillées, au graphisme d’un beau relief, nous emmène donc, dans ce livre très sympa, dans huit narrations qui mettent en scène des dragons, des monstres, des femmes, des histoires d’amour mortelles, des moments d’humour sombre, des guerriers sans pitié et des conquérants déchus, et, finalement, le personnage de la mort qui, en son étrange existence, vieillit également.

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Peut-on parler de symboles, de symbolisme même ?… Oui, en partie, sans aucun doute. Mais ce dont il s’agit, surtout, c’est du plaisir qu’a l’auteure de raconter des histoires qui l’amusent, elle, avant de nous amuser, nous ! Et son dessin est empli, ainsi, de surprises, vives, éblouissantes, puisque c’est lui, ce dessin, qui, finalement, au-delà des mots, des dialogues, se fait le moteur des huit narrations de cet album.

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Certes, ce livre ne révolutionne pas la bande dessinée… Mais il fait mieux, il m’a fait passer un bon moment, souriant, légèrement érotique, sans prise de tête. Et un moment de plaisir, cela ne se refuse pas !…

Jacques et Josiane Schraûwen

Peccadilles (auteure : Cinzia Di Felice – éditeur : Kalopsia – septembre 2023 – 64 pages)

Les Pluches – Tome 1 : Rencontres

Les Pluches – Tome 1 : Rencontres

Une bande dessinée résolument faite pour les enfants, et qui les plonge dans une époque précise de notre histoire : les lendemains de l’armistice de 1945.

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Je le disais : c’est du dessin et du scénario qui, de manière frontale et évidente, s’adressent à un jeune public. Ce qui n’empêche pas à tout un chacun de prendre plaisir à suivre les petites aventures de Pierro dans une Wallonie encore marquée, profondément, par les affres d’une guerre qui vient de se terminer.

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Pierro, c’est un gamin comme il y en a tant, « le nez en l’air et les cheveux devant » comme le chantait Jean-Claude Darnal… C’est un gosse perdu dans des lendemains qui font tout sauf chanter. C’est un enfant qui, seul, tente de retrouver sa famille. Et c’est ainsi qu’il parvient à arriver dans une maison familiale abandonnée… Comme lui… Comme trois peluches qui, dans le grenier, par la magie d’un orage, prennent vie : Palin, Gritou et Piaf… Trois peluches qui étaient justement les compagnons de l’oncle de Pierro.

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Et c’est ensemble qu’ils vont partir sur la piste de cet oncle, donc des parents de Pierro, le courage et l’espoir au cœur. Et cette quête va leur permettre des tas de rencontres : un chef de gare, une marchande sur le marché de la Batte, le tenancier d’un bistrot bien wallon, « Lu rodge poevron », et l’abbé Baba ! Des rencontres qui vont, peu à peu, raconter au gamin l’histoire de son oncle, de son père aussi, et, ce faisant, de leurs résistances plurielles pendant la guerre.

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On se trouve ici en présence d’une histoire qui pourrait être racontée par un pépé à des enfants, devant un feu ouvert, au profond de l’hiver. Une histoire qui pourrait commencer par « et si les peluches de notre enfance prenaient vie » ! Ce récit, dès lors, même s’il nous plonge dans la magie d’une enfance qui reste vivace dans le chaos de l’après-guerre, raconte à ses lecteurs un quotidien dont on parle peu, celui d’une survie dans un pays à reconstruire, celui d’une espérance, envers et contre tout.

Je le disais, il s’agit d’un livre pour enfants, d’une vraie bande dessinée consacrée à une réalité peu chatoyante mais qui, avec un langage simple, un dessin immédiat qui ressemble plus à de l’illustration mise en scène qu’à un véritable découpage bd, avec des couleurs d’une présence démesurée, avec un rythme dans le texte qui est plus parlé qu’écrit, avec un travail efficace sur la typographie, avec aussi un sens du raccourci très simple, oui, c’est une bd qui réussit à raconter une histoire adulte à des gamins…

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Bien sûr, comme toute première bande dessinée, il y a quelques erreurs… Mais le dessin, totalement non réaliste, ne tenant pas compte des perspectives par exemple, le permet sans problème. Peu de dessins par page, en effet, pour une lisibilité immédiate. Avec, petite souci de lecture malgré tout, des erreurs de construction dans la suite des dialogues… Mais ce livre est intéressant, sans aucun doute, en nous montrant également, par des flashbacks en teintes plus grisées, les folies humaines et leurs combats dans un environnement de guerre.

Il ne s’agit pas d’un livre sérieux, mais d’un livre pour enfants qui parle de choses sérieuses ! Certes, tout n’y est pas parfait… Mais tout y est intéressant. Et cette bande dessinée devrait, à mon humble avis, se trouver un jeune public, wallon certes, mais pas seulement !

Jacques et Josiane Schraûwen

Les Pluches – Tome 1 : Rencontres (auteur : Yannick Thiel – éditeur : Beardy Bear – avril 2024 – 58 pages)

Le Petit Derrière De L’Histoire – aventures quantiques, scientifiques, érotiques d’une adorable muse, et, dans cette chronique, une interview de sa créatrice !

Le Petit Derrière De L’Histoire – aventures quantiques, scientifiques, érotiques d’une adorable muse, et, dans cette chronique, une interview de sa créatrice !

Marie, une accorte jeune femme aux voluptueuses opulences, et Ben, son amant, explorent, depuis trois albums, les méandres du temps… Rendez-vous en fin de chronique pour ECOUTER Katia Even…

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Il s’agit d’une exploration dont le moins qu’on puisse dire est qu’elle se révèle, pour Marie, de plus en plus aléatoire… La machine à voyager dans le temps, inventée par Ben, compagnon, technicien, scientifique, amant empressé, cet instrument n’en fait qu’à sa tête, finalement ! Ce qui, d’ailleurs, reconnaissons-le, correspond parfaitement à la philosophie de Marie !

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Même si cette jeune aventurière de la science ne manque pas d’atouts intellectuels, loin s’en faut, même si la théorie quantique semble n’avoir que peu de secrets pour elle, ce qui l’intéresse surtout, ce qui la fait agir, bouger, se dénuder, faire l’amour, c’est le plaisir ! Le plaisir, et les grands hommes du passé qu’elle vénère et qu’elle ne cherche, finalement, en se jetant entre leurs bras et en leur ouvrant toutes les vallées de son corps somptueux, qu’à aider à faire évoluer l’univers.

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Oui, Marie est une muse… Charnelle… Comme toutes les muses… Une femme qui se sait d’esprit et se veut en même temps de chair… Une chercheuse dont toutes les intimités sont les outils… Une « Marie-couche-toi-là » ?… Non ! Une femme libre, libertine, dont l’intelligence se mêle sans cesse au désir ! Une féministe, aussi, à sa manière, loin de toute idéologie et de tout dogmatisme.

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Dans les trois albums déjà parus (et j’en avais, à l’époque, chroniqué ici le premier opus), les rencontres amoureuses et scientifiques de Marie sont nombreuses… Vinci, dans ce troisième tome, est là, cette fois, pour l’aider à sauver Ben… Mais il y a Rosalind Franklin, pionnière de la biologie moléculaire, spoliée parce qu’elle était femme… Il y a Tesla, oui, dont on voit fleurir le nom sur nos routes, et dont, surtout, Marie va tomber éperdument amoureuse.

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Il y a des Vikings, il y a Hawking, le Kamasutra, Einstein, et bien d’autres encore… Des scientifiques qui n’ont atteint le génie que grâce aux fesses aussi rebondies que la poitrine de la toujours disponible Marie ! Une femme aux libertines beautés et présences, une muse, oui, sans aucun apriori, une scientifique sachant que les jeux de l’amour sont sans doute les ultimes endroits où l’inventivité humaine peut sans arrêt se faire réalité…

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Cette série, vous l’aurez compris, réussit ainsi à intimement (oui, le mot est bien choisi…) mêler l’érotisme bon-enfant mais très visuellement présent à la science dans ce qu’elle peut avoir de plus sérieux. J’avoue ne jamais rien avoir compris à la théorie quantique qui construit le scénario de ces livres, mais je la découvre ici comme une forme aigüe de surréalisme, ce langage de l’art qui faisait de l’érotisme sous toutes ses formes le moyen d’arriver à la plénitude de la création… Oui, il s’agit bien, au travers de coquineries expressives et jouissives, d’une série bd qui fait de la vulgarisation scientifique, sans se prendre au sérieux ! Ou plutôt, en rappelant que rien n’est plus sérieux que le plaisir ! Donc le désir !…

copyright katia even

C’est donc de la bd réjouissante, à tous les niveaux… Et le dessin de Katia Even, tout en courbes, tout en ambiances, tout en lumières mettant parfaitement en évidence les nudités et leurs aventures, ce dessin est superbement agréable, sans jamais, cependant, effacer le contenu sérieux du récit. Comme elle le dit elle-même : « Une histoire qu’on écrit, c’est toujours une partie de nous : pas autobiographique, mais autogénétique. Cela ne raconte pas notre histoire : cela vient de NOTRE histoire. ».

Et je me dois de mettre en évidence le talent de la coloriste, Marina Duclos, qui parvient à mettre encore plus de relief à la présence impudique et libertine de la très tenante et envoûtante Marie !

Katia Even: interview

Une série souriante, à l’érotisme évident et parfaitement assumé, un livre à ne sans toute pas mettre entre toutes les mains, mais à partager avec infiniment de plaisir !

Jacques et Josiane Schraûwen

Le Petit Derrière De L’Histoire (auteure : Katie Even – couleurs : Marina Duclos – éditeur : éditions du chat – trois albums parus)