De l’aide pour le neuvième art belge.

De l’aide pour le neuvième art belge.

Les temps sont durs pour tous les acteurs de la culture, pour les métiers qui sont ceux du plaisir de vivre. Plusieurs hauts lieux symboliques de l’Horeca sont au bord de la faillite et ont besoin d’aide. Je pense à « La Mort Subite », à « La Fleur en Papier Doré », je pense à la brasserie « Verschueren », entre autres.

CBBD © CBBD

Il en va de même pour des musées qui ont vu et voient encore fondre leurs possibilités financières.

Parmi eux, permettez-moi d’épingler le Centre Belge de la Bande Dessinée, à Bruxelles, rue des Sables.

La Belgique est terre du neuvième art, l’était en tout cas, et mérite de le redevenir.

C’est pour cela que ce CBBD fait un appel aujourd’hui au mécénat… Un appel que je me permets, simplement, de reproduire ici, tant il est vrai que cet endroit se doit, absolument, de vivre plus que survivre, pour évoluer, pour se rapprocher le plus possible de ce qu’est la bande dessinée au jour le jour, de nos jours !

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Voici « l’appel » du CBBD :

Le Centre Belge de la Bande Dessinée avec la Fondation Roi Baudouin lance une campagne de mécénat dans le cadre de son projet d’exposition, United Comics of Belgium, programmé en mars 2021 au Musée.

En partenariat avec l’Aka et l’Abdil, le Centre a la volonté de mettre en lumière la créativité des auteurs belges contemporains. Dans cet esprit, l’exposition collective, United Comics of Belgium, réunira le travail de 27 autrices/auteurs issus de différentes générations, mêlant les genres, styles et communautés.

Miroir de la création belge en 2020, l’exposition se veut « un instantané de la création » bouillonnante, diverse et multiple, contradictoire, chaotique, novatrice, prometteuse, provocatrice, créative, artistique, riche, diversifiée et marquante!

Financer les nouvelles expositions d’envergure Le Centre belge de la Bande Dessinée, attraction culturelle phare de Bruxelles qui accueille plus de 250 000 visiteurs par an, est privé depuis le début de la crise sanitaire de l’essentiel de ses revenus.

Sa trésorerie sert actuellement et prioritairement au maintien de ses activités et à remplir ses obligations sociales.

Il a donc résolu de tenter, comme de nombreuses institutions culturelles, la voie du mécénat qui permet aux contributeurs de bénéficier jusque fin de l’année 2020 d’une défiscalisation bien plus importante que d’habitude. (60 % de déductibilité dès 40 € de don). Cette déductibilité est possible grâce à un partenariat avec la Fondation Roi Baudouin.

Pour soutenir United Comics of Belgium : verser les dons sur le n° de compte de la Fondation Roi Baudouin : BE10 0000 0000 0404 BIC: BPOTBEB1 Communication structurée devant impérativement être utilisé afin que les dons parviennent au musée : +++129/1037/00077+++.

Plus d’informations : 0479/ 110 120

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Jacques Schraûwen

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Comès d’Ombre et de Silence

Comès d’Ombre et de Silence

Une exposition à Bruxelles, un livre dans lequel se plonger

Il y a déjà sept ans que Didier Comès s’en est allé de l’autre côté du miroir des apparences. Mais son œuvre reste et continue à faire de lui un acteur majeur du neuvième art, ainsi que le prouvent le livre et l’exposition orchestrés, tous deux, par Thierry Bellefroid.

Comès © Casterman

Dans son livre, Thierry Bellefroid se fait le biographe de Didier Comès, il le suit dans toute son existence, nous emmenant avec lui pour découvrir, derrière son univers graphique, un artiste qui mit du temps, sans doute, à devenir un des maîtres absolus du noir et blanc et de la narration graphique, mais pour qui, toujours, la qualité a été une nécessité.

Thierry Bellefroid : Devenir Comès

Ce livre, à l’iconographie importante, est certes érudit, mais il reste, de bout en bout, totalement lisible, sans apprêt, sans intellectualisme toujours trop facile. Thierry Bellefroid s’attache à nous faire connaître l’homme qu’il a côtoyé. Aucun artiste, il est vrai, ne peut se résumer au seul apogée de sa carrière, et c’est aussi le cas, bien évidemment, avec Comès, né pendant la seconde guerre mondiale dans un village annexé par l’Allemagne nazie. Il nous parle de son enfance, des rencontres qu’il fit et qui le construisirent, artistiquement parlant, rencontres professionnelles, rencontres d’amitié, d’admiration, d’amour.

Thierry Bellefroid : les influences

C’est un auteur de seulement 11 livres que Thierry Bellefroid nous fait connaître, de l’intérieur, avec une iconographie mettant en lumière, ou plutôt en ombre et en silence, l’évolution lente et mûrie qui fut celle de l’auteur de l’essentiel « Silence » !

Comès ©  jo@exelmans.be
 

Dans l’Histoire de cet art qu’on dit neuvième et qui se révèle aujourd’hui d’un éclectisme fabuleux, il a fallu des pionniers, des explorateurs. Il y eut ainsi le terreau extraordinaire de la revue « A Suivre », il y eut Munoz, Schuiten, et Pratt. Il y eut l’éclosion de Didier Comès, arrivé enfin, dans cette revue, au faîte de son talent et de ses aspirations, de ses inspirations.

Comès ©  jo@exelmans.be
 

Ce livre ne manque vraiment pas d’intérêt, pour les amoureux de la bande dessinée, sans doute, mais aussi pour tous ceux qui aiment un dessin aux incontestables fulgurances. Pour eux, comme pour tous les curieux, une visite s’impose au Musée Belvue, jusqu’au 3 janvier 2021. C’est là, en effet, au numéro 7 de la place des Palais, que se tient une exposition consacrée à Comès, une exposition gratuite qui nous balade, telle une ballade poétique, dans une œuvre foisonnante, une œuvre qui conjugue la force des contrastes pour mieux nous parler de la différence, de nos regards sur ce qui nous entoure, des silences, aussi, de nos mémoires, bien trop souvent.

Thierry Bellefroid : l’exposition
Comès ©  jo@exelmans.be
 

Trois salles y illustrent symboliquement ce que fut sa carrière, ce que furent ses narrations, aussi, son travail sur la lumière, sur l’envers de la lumière, sur le silence utilisé comme outil narratif complet. Ce que furent aussi ses influences et ses compagnonnages dans le monde de la bande dessinée. Et c’est ainsi qu’on peut voir face à face des dessins d’Hugo Pratt et de Didier Comès. Une manière immédiate de se rendre compte de la perfection extraordinaire de Comès dans sa manière de traiter le « noir »… Un noir profond, qui se révèle sans cesse merveilleusement lumineux…

Thierry Bellefroid : Pratt et Comès…

Un livre qui se feuillette, qui est comme un voyage dans l’œuvre d’un artiste incomparable. Une exposition dans laquelle se perdre longuement et découvrir la puissance d’évocation, graphiquement, de Didier Comès… Un excellent hommage de Thierry Bellefroid, auteur du livre et commissaire de cette exposition !

Jacques Schraûwen

Comès d’Ombre et de Silence ( auteur : Thierry Bellefroid – Casterman – 144 pages – Juin 2020 – Exposition au Musée Belvue à 1000 Bruxelles, Place des Palais 7, jusqu’au 3 janvier 2021)

© Thierry Bellefroid

Le Lotus Bleu : une couverture soi-disant retrouvée !…

Le Lotus Bleu : une couverture soi-disant retrouvée !…

Dans tous les médias, on en parle : « On a retrouvé le Lotus Bleu » titre même le site de la RTBF ! Une couverture « inédite », une œuvre d’art que plus personne n’avait vue depuis 1936 ! Je pense, quant à moi, que les journalistes devraient vraiment revoir leur copie !

copyright Hergé/Casterman/Moulinsart/Auction.fr

Pour ceux qui ont un peu de mémoire, reportons-nous, voulez-vous, en l’an de grâce 1981. En mars, très exactement. Deux ans avant la mort d’Hergé.

A cette époque, Gérard Valet, journaliste de la RTBF, était l’auteur avec Henri Roanne d’un film sur ce dessinateur de BD qui n’était pas encore adulé et objet d’investissement. Et, sachant que Tchang, le petit chinois présent dans l’album « Le Lotus Bleu » existait vraiment, Gérard Valet s’est mis en tête de le retrouver. Fort de ses contacts en Chine, où il avait réalisé un documentaire important, il est arrivé à ses fins.

Ces retrouvailles ont été l’occasion de quelques cérémonies plus ou moins officielles, d’une émission télé également. Ce serait sans doute beaucoup dire que cet événement fut majeur dans la reconnaissance publique d’Hergé, mais il n’est certainement pas faux de penser que Gérard Valet, à sa manière, et sans être du tout tintinophile, ni même amateur éclairé de bande dessinée (n’en déplaise à d’aucuns…) a quelque peu contribué à cette mise en pleine lumière d’Hergé, un acteur essentiel de l’Histoire de la bande dessinée et, donc, de la culture populaire du vingtième siècle !

copyright Gérard Valet

Ces retrouvailles, également, ont été l’occasion, pour Casterman, de réaliser un tirage sérigraphié de ce qui fut un projet refusé de couverture pour cet album, « Le Lotus Bleu », une des plus abouties, à mon avis, des aventures de Tintin, à tous les niveaux, celui de la narration, du graphisme et du scénario.

Eh oui, cette couverture qui, dans quelque temps, va être mise en vente aux enchères pour des sommes aberrantes n’a jamais été égarée…

Et donc, tout ce qu’on lit partout aujourd’hui au sujet de cette couverture, « inédite », qu’on croyait perdue à jamais depuis 80 ans, qui est enfin retrouvée, tout cela est complètement faux ! Même la RTBF, qui en parle, n’a pas la mémoire de ce que fit, sur ses antennes, un de ses journalistes vedettes à l’époque, Gérard Valet !

copyright Schraûwen

Je tenais à faire cette mise au point…

D’abord, parce que je pense que le journalisme devrait ne pas se contenter de faire du copier-coller à partir de dépêches… Ensuite, parce que je pense que rendre hommage à cette couverture, aujourd’hui, cela doit être aussi rendre hommage à Hergé, à Valet, et à Casterman qui l’avait éditée !

Dont acte, tout simplement… Avec preuve à l’appui, puisque je possède cette sérigraphie depuis 1981 …

Jacques Schraûwen