Ce lundi (4 janvier 2021), à la RTBF (La une), à 20h40, un film qui fut d’abord une pièce de théâtre, puis une excellente bande dessinée… Et j’ai eu le plaisir de chroniquer cet album bd, et de faire l’interview de son dessinateur… A (re)découvrir, donc !
Les temps sont durs pour tous les acteurs de la culture, pour les métiers qui sont ceux du plaisir de vivre. Plusieurs hauts lieux symboliques de l’Horeca sont au bord de la faillite et ont besoin d’aide. Je pense à « La Mort Subite », à « La Fleur en Papier Doré », je pense à la brasserie « Verschueren », entre autres.
Il en va de même pour des musées qui ont vu et voient encore fondre leurs possibilités financières.
Parmi eux, permettez-moi d’épingler le Centre Belge de la Bande Dessinée, à Bruxelles, rue des Sables.
La Belgique est terre du neuvième art, l’était en tout cas, et mérite de le redevenir.
C’est pour cela que ce CBBD fait un appel aujourd’hui au mécénat… Un appel que je me permets, simplement, de reproduire ici, tant il est vrai que cet endroit se doit, absolument, de vivre plus que survivre, pour évoluer, pour se rapprocher le plus possible de ce qu’est la bande dessinée au jour le jour, de nos jours !
Le Centre Belge de la Bande Dessinée avec la Fondation Roi Baudouin lance une campagne de mécénat dans le cadre de son projet d’exposition, United Comics of Belgium, programmé en mars 2021 au Musée.
En partenariat avec l’Aka et l’Abdil, le Centre a la volonté de mettre en lumière la créativité des auteurs belges contemporains. Dans cet esprit, l’exposition collective, United Comics of Belgium, réunira le travail de 27 autrices/auteurs issus de différentes générations, mêlant les genres, styles et communautés.
Miroir de la création belge en 2020, l’exposition se veut « un instantané de la création » bouillonnante, diverse et multiple, contradictoire, chaotique, novatrice, prometteuse, provocatrice, créative, artistique, riche, diversifiée et marquante!
Financer les nouvelles expositions d’envergure Le Centre belge de la Bande Dessinée, attraction culturelle phare de Bruxelles qui accueille plus de 250 000 visiteurs par an, est privé depuis le début de la crise sanitaire de l’essentiel de ses revenus.
Sa trésorerie sert actuellement et prioritairement au maintien de ses activités et à remplir ses obligations sociales.
Il a donc résolu de tenter, comme de nombreuses institutions culturelles, la voie du mécénat qui permet aux contributeurs de bénéficier jusque fin de l’année 2020 d’une défiscalisation bien plus importante que d’habitude. (60 % de déductibilité dès 40 € de don). Cette déductibilité est possible grâce à un partenariat avec la Fondation Roi Baudouin.
Pour soutenir United Comics of Belgium : verser les dons sur le n° de compte de la Fondation Roi Baudouin : BE10 0000 0000 0404 BIC: BPOTBEB1 Communication structurée devant impérativement être utilisé afin que les dons parviennent au musée : +++129/1037/00077+++.
Une exposition à Bruxelles, un livre dans lequel se plonger
Il y a déjà sept ans que Didier Comès s’en est allé de l’autre côté du miroir des apparences. Mais son œuvre reste et continue à faire de lui un acteur majeur du neuvième art, ainsi que le prouvent le livre et l’exposition orchestrés, tous deux, par Thierry Bellefroid.
Dans son livre, Thierry Bellefroid se fait le biographe de Didier Comès, il le suit dans toute son existence, nous emmenant avec lui pour découvrir, derrière son univers graphique, un artiste qui mit du temps, sans doute, à devenir un des maîtres absolus du noir et blanc et de la narration graphique, mais pour qui, toujours, la qualité a été une nécessité.
Thierry Bellefroid : Devenir Comès
Ce livre, à l’iconographie importante, est certes érudit, mais il reste, de bout en bout, totalement lisible, sans apprêt, sans intellectualisme toujours trop facile. Thierry Bellefroid s’attache à nous faire connaître l’homme qu’il a côtoyé. Aucun artiste, il est vrai, ne peut se résumer au seul apogée de sa carrière, et c’est aussi le cas, bien évidemment, avec Comès, né pendant la seconde guerre mondiale dans un village annexé par l’Allemagne nazie. Il nous parle de son enfance, des rencontres qu’il fit et qui le construisirent, artistiquement parlant, rencontres professionnelles, rencontres d’amitié, d’admiration, d’amour.
Thierry Bellefroid : les influences
C’est un auteur de seulement 11 livres que Thierry Bellefroid nous fait connaître, de l’intérieur, avec une iconographie mettant en lumière, ou plutôt en ombre et en silence, l’évolution lente et mûrie qui fut celle de l’auteur de l’essentiel « Silence » !
Dans l’Histoire de cet art qu’on dit neuvième et qui se révèle aujourd’hui d’un éclectisme fabuleux, il a fallu des pionniers, des explorateurs. Il y eut ainsi le terreau extraordinaire de la revue « A Suivre », il y eut Munoz, Schuiten, et Pratt. Il y eut l’éclosion de Didier Comès, arrivé enfin, dans cette revue, au faîte de son talent et de ses aspirations, de ses inspirations.
Ce livre ne manque vraiment pas d’intérêt, pour les amoureux de la bande dessinée, sans doute, mais aussi pour tous ceux qui aiment un dessin aux incontestables fulgurances. Pour eux, comme pour tous les curieux, une visite s’impose au Musée Belvue, jusqu’au 3 janvier 2021. C’est là, en effet, au numéro 7 de la place des Palais, que se tient une exposition consacrée à Comès, une exposition gratuite qui nous balade, telle une ballade poétique, dans une œuvre foisonnante, une œuvre qui conjugue la force des contrastes pour mieux nous parler de la différence, de nos regards sur ce qui nous entoure, des silences, aussi, de nos mémoires, bien trop souvent.
Trois salles y illustrent symboliquement ce que fut sa carrière, ce que furent ses narrations, aussi, son travail sur la lumière, sur l’envers de la lumière, sur le silence utilisé comme outil narratif complet. Ce que furent aussi ses influences et ses compagnonnages dans le monde de la bande dessinée. Et c’est ainsi qu’on peut voir face à face des dessins d’Hugo Pratt et de Didier Comès. Une manière immédiate de se rendre compte de la perfection extraordinaire de Comès dans sa manière de traiter le « noir »… Un noir profond, qui se révèle sans cesse merveilleusement lumineux…
Thierry Bellefroid : Pratt et Comès…
Un livre qui se feuillette, qui est comme un voyage dans l’œuvre d’un artiste incomparable. Une exposition dans laquelle se perdre longuement et découvrir la puissance d’évocation, graphiquement, de Didier Comès… Un excellent hommage de Thierry Bellefroid, auteur du livre et commissaire de cette exposition !
Jacques Schraûwen
Comès d’Ombre et de Silence ( auteur : Thierry Bellefroid – Casterman – 144 pages – Juin 2020 – Exposition au Musée Belvue à 1000 Bruxelles, Place des Palais 7, jusqu’au 3 janvier 2021)