William Vance : la disparition d’un des grands de la bande dessinée classique !…

William Vance : la disparition d’un des grands de la bande dessinée classique !…

A 82 ans, William Vance vient de tirer sa révérence et de rejoindre dans l’ailleurs quelques-uns des personnages emblématiques nés sous ses pinceaux et ses plumes…

C’est au tout début des années 60 que William Vance a entamé sa carrière, dans les pages du journal Tintin, avec essentiellement des histoires complètes historiques, souvent scénarisées par Duval, un peu comme ce qui existait chez le concurrent Spirou avec les histoires de l’Oncle Paul.

C’est en se frottant ainsi à des formats courts que William Vance, très vite, a abandonné un style qui attachait trop d’importance au détail pour s’intéresser à la construction de ses planches, à la mise en évidence de ses personnages. Et c’est ainsi qu’est né en 1965 Ringo, un western qui montrait un héros buriné, avec toutes les caractéristiques du cow-boy aventurier, se baladant dans des paysages dont la création permettait de découvrir tout le talent graphique de Vance.

 

Ensuite vinrent quelques séries qui, sans aucun doute, ont marqué l’histoire de la bande dessinée tous publics, certes, mais capable aussi d’aborder des thèmes très adultes, comme la compromission politique, les réalités géopolitiques des années70 jusqu’aux années 2000 :  Bob Morane, bien sûr… Mais aussi l’extraordinaire Bruno Brazil, scénarisé par Greg… Et puis la grande Histoire, avec Ramiro, et la marine, avec Howard Flynn…

Et enfin, en 1984, il entame avec Treize scénarisé par Van Hamme une des séries les plus vendues qui soit, une longue saga d’espionnage politico-policière-financière, avec des personnages  soucieux de pouvoir et d’argent, et qui font bien évidement penser à des politiciens connus, comme le clan Kennedy… Avec à la clé un succès public absolument démesuré, qu’aurait sans doute mérité également Bruno Brazil…

William Vance ne dessinait plus depuis une petite dizaine d’années, atteint par la maladie de Parkinson. Je l’ai rencontré à Saint-Gilles, en compagnie d’Henry Vernes, à l’occasion de l’annonce d’une fresque consacrée à Bob Morane, qui n’a jamais été faite d’ailleurs. Et je me souviens d’un homme discret, souriant, s’effaçant, en quelque sorte, derrière ses albums, des albums qui, aujourd’hui, sans aucun doute possible, forment une véritable œuvre qui appartient totalement à la grande Histoire d’une bande dessinée devenant, dès les années 60, de plus en plus adulte, dans ses thèmes comme dans ses graphismes….

 

Jacques Schraûwen

15 mai 2018

Michel Plessix : la disparition d’un poète du neuvième art

Michel Plessix : la disparition d’un poète du neuvième art

Il avait 57 ans… 57 printemps… Et il laisse, dans l’univers de la bande dessinée, quelques albums à la poésie et à la tolérance omniprésentes… C’était un des grands auteurs d’aujourd’hui, toujours soucieux de s’ouvrir à tous les publics!

 

Je ne vais pas citer ici tous les livres qu’il a créés, tous les albums qui ont enchanté mes lectures (et les vôtres…). Mais comment ne pas vous parler d’un de ses personnages emblématiques : Julien Boisvert? héros pâle, falot, embarqué dans une quête qui le dépasse mais qui le magnifie en même temps, cet être profondément humain et humaniste était, sans aucun doute, à l’image de son créateur : simple, tolérant, humaniste, souriant…

Michel Plessix n’a jamais cherché à briller, à se montrer, à s’imposer. Il était de ces créateurs pour qui priment le récit, le partage, et son trait, tout en courbes et en sourires, tout en lumières et  en couleurs ensoleillées, son trait comme ses mots s’attachaient toujours essentiellement à l’humain, au travers de la fable animalière aussi, au travers du paysage, au travers de l’expression…

Avec Michel Plessix, c’est un artiste discret qui disparaît, mais un artiste qui laissera dans la grande Histoire de la BD une vraie empreinte : celle du bonheur à raconter des histoires qui dépassaient toujours la simple anecdote littéraire et graphique…

Et je vous invite à le redécouvrir dans un livre chroniqué ici, « Là où vont les fourmis »… Il parlait, dans cette chronique, de son livre, certes, mais aussi de lui et de ses talents…

Bernie Wrightson : la disparition d’un des maîtres de la bd américaine

Bernie Wrightson : la disparition d’un des maîtres de la bd américaine

Créateur de  » La créature des marais « , Bernie Wrightson est mort ce 19 mars, vaincu par le cancer. Il est de ceux qui ont influencé de manière durable le neuvième art, des deux côtés de l’Atlantique !

Né en 1948, Bernie Wrightson a commencé sa carrière à vingt ans, dans des revues qui s’amusaient à parler d’horreur, comme Vampirella, Creepy et Eerie, deux revues qui se virent traduites en français pendant quelques temps dans les années 70.

Et c’est dans ces petites revues, qu’il a fait ses armes, aux côtés de dessinateurs essentiels, comme Richard Corben, ou Frank Frazetta. C’est en suivant leurs pas, en quelque sorte, qu’il s’est créé un style incomparable, un style qui va faire de lui un des maîtres absolus du comics américain.

Parler de Bernie Wrightson, c’est d’abord se souvenir de ce qui fut peut-être sa première très grande série :  » La Créature des marais « , parue dans les années 70 en français aux éditions du Fromage. On y trouvait déjà ce qui va, en quelque sorte, être sa marque de fabrique pendant toute sa carrière : un sens aigu des perspectives gothiques, une manière extrêmement personnelle d’utiliser la hachure pour donner de la vie à ses personnages, un travail puissant sur le noir et blanc, et surtout une approche humaniste de toutes ses histoires, même les plus horribles et les plus improbables, une approche à taille humaine, une approche poétique, même, souvent.

Maître du noir et blanc, du contraste gothique de la narration graphique, Bernie Wrightson aimait aussi la couleur, bien entendu, et, là aussi, il faisait preuve d’un talent expressionniste largement reconnu.

Il est également l’auteur de ce qui restera sans aucun doute la meilleure adaptation en bd de  » Frankenstein « .

Artiste extrêmement prolifique, illustrateur et bédéiste, toujours attiré par le fantastique, sous toutes ses formes, Bernie Wrightson fut aussi en effet un excellent adaptateur, pour Edgar Allan Poe, pour Stephen King, par exemple.

Travailleur infatigable jusqu’à ce que le cancer du cerveau lui impose de vivre une horreur véridique et quotidienne, il a évidemment à son actif des réalisations moins réussies que d’autres, comme son immersion dans l’univers des super-héros. Mais même là, sa  » patte  » est reconnaissable au premier coup d’œil !

Dès l’annonce de sa mort, des hommages lui ont été rendus sur les réseaux sociaux par des auteurs de bd venus de tous les horizons possibles et imaginables, des Américains et des Français, des gens comme Jean-Pierre Dionnet (Des dieux et des hommes), Jean-Luc Cornette (un million d’éléphants), Gihef (Starfuckers), Michel Lefeuvre (Fox Boy), Pierre Alary (Silas Corey), Eric Puech (Le horla)…

 

Un jour ou l’autre, des psychanalystes se pencheront avec pédanterie sur son œuvre, comme sur celle de Corben et consorts. Mais Bernie Wrightson, c’est du dessin, du scénario, en osmose, d’abord et avant tout, et un plaisir à le lire, à le relire, à le redécouvrir sans cesse !

Le lire, oui, c’est lui rendre le seul hommage que son talent démesuré mérite !

 

Jacques Schraûwen