Une actrice qui disparaît, c’est toujours une partie de notre passé qui s’efface quelque peu. Avec Mylène Demongeot, c’est une part de l’histoire du cinéma et de la bande dessinée qui, tout au contraire, me revient en mémoire.
J’ai eu le plaisir, il n’y a pas d’autre mot, de la rencontrer, il y a sept ans…
C’était à l’occasion de l’adaptation d’un de ses livres par Claire Bouilhac et Catel Muller, « Adieu Kharkov ».
Un nom de ville qui, aujourd’hui, résonne très différemment…
Je me souviens parfaitement de notre rencontre. J’étais intimidé de me retrouver en face de cette comédienne qui avait été aussi la belle-fille de Georges Simenon. J’avais peur de faire face à une icône… Il n’en a rien été… Mylène Demongeot, en compagnie des deux autrices de la bd, a été d’une gentillesse exceptionnelle, sans apprêt, d’une simplicité souriante.
J’avais fait de cette rencontre une chronique, avec plusieurs sons de Mylène Demongeot, pour le site culturel de la rtbf.
Je vous en communique ici le lien. Malheureusement, pour des raisons qui me sont inconnues, les sons ont disparu de ma chronique…
Mais je tenais, malgré tout, à lui rendre hommage et, au-delà de tous les au-delà, à la remercier pour cette rencontre… « Adieu Kharkov », adieu madame Demongeot…
Ce géant du neuvième art s’était vu, en 2018, remettre le grand prix Saint-Michel à Bruxelles. A cette occasion, j’avais eu la chance et le plaisir de le rencontrer… Il n’est pas de meilleur hommage à lui rendre que de l’écouter, dans cette chronique de l’époque…
Jacques Schraûwen
Communiqué de presse des éditions Dargaud
Si le nom de Mézières est d’abord associé aux personnages de Valérian et Laureline dont il fut le co-créateur et qu’il dessina pendant plus de 50 ans aux côtés de son scénariste et ami de toujours, Pierre Christin, il fut tout simplement un auteur et un acteur majeur de la bande dessinée, notamment par l’influence et le rôle de mentor qu’il exerça auprès de nombreux dessinateurs. L’ouvrage L’Art de Mézières, paru en octobre 2021, sur lequel Jean-Claude Mézières s’était particulièrement investi, a permis de mettre en lumière son œuvre. Son exigence, son énergie, sa forte personnalité, sa bienveillance, sa simplicité, sa joie de vivre, sa curiosité, faisaient de lui un être précieux et profondément attachant.
En octobre 1955, il publie sa première bande dessinée dans l’hebdomadaire Cœurs vaillants. Avec Christin, il deux histoires courtes, Le Rhum du Punch et Comment réussir en affaires en se donnant un mal fou !, publiées dans l’hebdomadaire Pilote en mars et juillet 1966. En septembre 1966, après avoir rencontré René Goscinny et Jean-Michel Charlier, les deux rédacteurs en chef de Pilote, il dessine une troisième histoire écrite par Christin, Le chemin de l’enfer est pavé de bonnes intentions, et un scénario de Fred, le créateur de Philémon. Puis il propose à Pierre Christin d’entamer une collaboration durable avec une série au long cours dont ils seraient les auteurs. Le 9 novembre 1967, dans Pilote, Valérian et Laureline, agents spatio-temporels de Galaxity, entrent en scène avec une aventure de trente planches, Valérian contre les mauvais rêves.
S’il est l’homme d’une seule série, Jean-Claude Mézières a publié des bandes dessinées dans plusieurs magazines spécialisés, de Métal Hurlant à Fluide glacial et (À Suivre), ainsi que des illustrations dans la presse généraliste, des affiches pour des festivals ou des sérigraphies.
Jean-Claude Mézières a aussi travaillé pour le cinéma, dessinant des décors et des costumes pour Un dieu rebelle, un film de Peter Fleischmann, et pour Le Cinquième Élément de Luc Besson, auquel il a donné l’idée des taxis volants. Récompensé par le Grand Prix de la ville d’Angoulême en 1984, mais aussi par un Inkpot Award au ComicCon de San Diego en 2006 et par le prix Max und Moritz au salon d’Erlangen en 2018, Jean-Claude Mézières n’aura cessé de faire rêver ses lecteurs et d’inspirer ses confrères dessinateurs à travers une œuvre entremêlant la science-fiction et l’imagination, la fantaisie et la modestie, sans oublier une curiosité toujours bienveillante pour « l’autre », qu’il soit humain ou extraterrestre.
La notoriété ne s’intéresse pas, bien souvent, à celles et ceux qui pourtant mériteraient de ne pas être oubliés… Gérald Forton, certes, n’était pas de ces artistes qu’on met en avant sans arrêt. Mais il était un artisan du neuvième art, pleinement, totalement…
La bande dessinée, pour Gérald Forton, était une affaire de famille, une réalité pratiquement génétique… Son grand-père n’avait-il pas été, au tout début du vingtième siècle, le créateur des fameux « Pieds Nickelés », trio de truands aux « anarchistes » péripéties…
Gérald Forton, Bruxellois d’origine, est né en 1931. Et il n’avait pas vingt ans lorsque furent publiés ses premiers dessins. Des illustrations, souvent, dans des revues généralistes comme Bonne Soirée. Et puis, dès 1952, des récits complets, dans la fameuse série des « Oncle Paul », pour le magazine Spirou !
A partir de là, il ne va jamais s’arrêter. Son dessin, d’un réalisme classique, va ainsi se révéler d’une belle efficacité narrative dans des séries comme Kim Devil et Tiger Joe. Dans la série des Bob Morane, également, au début des années 60, où son « métier » pallie les quelques faiblesses narratives des scénarios de Vernes.
En fait, lorsqu’on regarde sa carrière, riche, passionnante souvent, Forton a multiplié les aventures éditoriales, il s’est réalisé sans appartenir à aucune « école », peaufinant son trait au fil des années mais toujours reconnaissable au premier coup d’œil.
Il a dessiné pour Spirou, pour Tintin, pour Vaillant, Pour Pif Gadget (Teddy Ted), il a collaboré, dans Pilote, avec Sirius, il a aidé Jacobs dans un de ses albums, également…
Il a, et on le sait moins, été également un acteur actif aux Etats-Unis dans l’univers des comics, comme encreur, mais aussi comme dessinateur !
Il a aussi participé, dans le monde du cinéma ou de la télé, à quelques films, comme auteur de story-boards…
Discret mais d’une évidente activité pendant des décennies, Gérald Forton vient de mourir… Et, en se baladant dans ce qu’on connaît de lui, on ne peut avoir qu’une seule impression : c’est un vrai grand artisan de la bande dessinée, du dessin de manière plus générale, qui disparaît… Sans avoir vraiment cultivé le sens du secret, il est cependant indéniable que l’étendue de ses talents est encore à découvrir par un large public !
Et l’amorce en a été faite au début de ce vingt-et-unième siècle, par les éditions Hibou…
Gérald Forton était-il un des pionniers du neuvième art ?… Il en fut, en tout cas, un acteur, un acteur prolifique même ! Donc important…