Benoît Sokal

Benoît Sokal

La mort d’un des grands noms du neuvième art !

Il allait avoir 67 ans… Et il laisse derrière lui une carrière assez exceptionnelle, d’une vraie continuité, en dehors des modes et de leurs diktats.

© Sokal

Il est le créateur de Canardo (https://bd-chroniques.be/?s=canardo ) un flic privé toujours désabusé, au regard flou posé sur le flou d’un monde qui ressemble profondément au nôtre. Avant lui, les bandes dessinées qui mettaient en scène des animaux humanisés existaient déjà. Mais il a insufflé à cette catégorie de bd un souffle sombre, puissant, dans une sorte de filiation avec Chandler ou Malet, avec, de manière générale, le roman noir.

C’est dans la mythique revue « A Suivre » que cet anti-héros de papier a vu le jour, à la fin des années 70 pour vivre plus de 25 aventures, ensuite, de plus en plus centrées sur notre société et ses dérives, politique et déshumanisantes.

Mais il a été l’auteur, également, d’albums différents, avec des personnages auxquels son trait tout en souplesse donnait vie, donnait chair…

Je pense à Sanguine, à Kraa, à Syberia (https://bd-chroniques.be/?s=sokal ) .

© Sokal

Je pense aussi à l’intérêt qu’il a porté, bien avant tout le monde, aux jeux vidéo… Un intérêt qui l’a amené à en être un créateur reconnu.

S’il fallait trouver un point commun à l’œuvre de cet artiste, je pense qu’un seul mot pourrait le définir : plaisir… Jamais dans ses livres on ne ressent une fatigue, une obligation…

© Sokal

Un esprit libre, un homme libre, une bande dessinée libérée des carcans de la « bonne pensée »…

Voilà ce qu’étaient Benoît Sokal et son œuvre, à lire, à relire, à redécouvrir sans cesse…

© Sokal

Un homme passionné et passionnant, que j’ai eu le plaisir de rencontrer, plusieurs fois… Un homme qui savait ce que parler voulait dire, qui savait ce que dessiner pouvait véhiculer comme idées, qui était profondément humaniste…

Jacques Schraûwen

https://www.rtbf.be/culture/bande-dessinee/detail_canardo-25-un-con-en-hiver-le-canard-de-sokal-de-plus-en-plus-deprime-de-plus-en-plus-lucide-de-plus-en-plus-belge-jacques-schrauwen?id=9994944

https://www.rtbf.be/culture/article/detail_canardo-23-mort-sur-le-lac?id=8954277

https://www.rtbf.be/culture/article/detail_kraa-3-la-colere-blanche-de-l-orage?id=8202186

https://www.rtbf.be/culture/bande-dessinee/detail_syberia-un-jeu-video-une-bd-un-roman-un-artbook-benoit-sokal-un-raconteur-d-histoires-jacques-schrauwen?id=9604202

© Sokal

René Hausman

René Hausman

Il y a cinq ans disparaissait un des derniers monstres sacrés du neuvième art.

Outre son talent, indéniable, reconnu par tout le métier, outre l’intelligence de ses choix au niveau des scénarios, outre sa facilité à créer des décors à la fois immédiatement reconnaissables et toujours ouverts au merveilleux, René Hausman était un personnage. Il a accompagné de sa présence imposante l’histoire de la bande dessinée, évoluant avec elle du monde de l’enfance à celui des adultes, sans jamais pour autant renier son bonheur à rester fidèle à l’enfant qu’il avait été.

Illustrateur hors pair, il était d’une véritable humilité, lui qui, en son temps, avait touché à la musique wallonne.

Je sais que c’est un mot souvent galvaudé, mais je pense vraiment que René Hausman était un des véritables artistes du neuvième art, lui qui savait ne jamais se prendre au sérieux, lui qui était résolument humaniste.

Avec lui, la bande dessinée a perdu plus qu’un simple auteur : quelqu’un qui a su, tout au long de sa vie, s’ouvrir au monde et aux autres, et partager avec tout un chacun ses passions et les beautés graphiques et intellectuelles qui, sans cesse l’habitaient !…

René Hausman © Marc Hardy

Il fut le lien entre la bande dessinée classique des années 50, avec Saki et Zunie, et un neuvième art qui, dès les années 80, s’est voulu enfin adulte, dans son dessin comme dans ses thématiques.

Il y a cinq ans, le 28 avril 2016, René Hausman, ogre souriant et débonnaire, s’en allait rejoindre ses amis dans des ailleurs qu’on ne sait pas… Et, en même temps, il reste présent, avec puissance, dans les cœurs de tous les amoureux de la bande dessinée intelligente, poétique, souriante, passionnante et, surtout, passionnée !

Jacques Schraûwen

©René Hausman

Michel Koeniguer – la mort d’un auteur qui avait encore bien des choses à nous montrer…

Michel Koeniguer – la mort d’un auteur qui avait encore bien des choses à nous montrer…

Le décès d’un dessinateur de bande dessinée, c’est toujours la disparition d’un univers de récits, de rêves, de partages…

Michel Koeniguer © Paquet

Michel Koeniguer n’était pas de ces auteurs qui aiment se montrer, qui aiment occuper l’avant de la scène. Il était d’abord et avant tout un artiste passionné par les récits qu’il dessinait.

Il allait avoir 50 ans, et son talent, au fil des séries qui furent les siennes, n’avait cessé de s’affirmer, de se peaufiner, tant au niveau graphique qu’au niveau narratif.

Sa carrière s’est essentiellement construite au sein des éditions Paquet, une maison d’édition qui lui a permis d’aller au bout de ses envies de nous raconter des histoires s’écartant, bien souvent, des sentiers battus.

On ne peut qu’être, déjà, ébloui par sa maîtrise réaliste dans sa série Bushido, série violente, sanglante, très « comics »…

Michel Koeniguer © Paquet

On a aussi été surpris par l’évolution de son dessin dans une série comme Misty Mission, dans laquelle l’aviation est un personnage essentiel.

Michel Koeniguer © Paquet

Autre style, encore, axé sur une femme, dans Brooklyn 62nd, un polar violent à l’américaine, sans temps mort.

Michel Koeniguer © Paquet

Et puis, c’est dans la guerre 40-45 que Koeniguer a puisé l’inspiration de quelques albums, dont le puissant Berlin sera notre tombeau, dans lequel il nous fait suivre les ultimes combats de la légion Charlemagne, de triste mémoire… Une histoire d’une étonnante fragilité, loin de tout jugement a posteriori… Un récit profondément humain…

Michel Koeniguer © Paquet

Il était de ces auteurs qui, tranquillement, vont puiser dans leur imaginaire comme dans la réalité les bases d’œuvres à taille d’homme, toujours.

Jacques Schraûwen