Frank Pé : le départ discret d’un des véritables géants de la bande dessinée !

Frank Pé : le départ discret d’un des véritables géants de la bande dessinée !

Il y a, dans le monde du neuvième art, des personnages qui sortent de l’ordinaire. Par leur talent, d’abord, bien évidemment… Par leur personnalité, aussi… Frank Pé était et restera de ceux-là…

copyright dupuis et champaka

Je ne vais pas ici vous parler de toute l’œuvre de ce dessinateur exceptionnel… Je ne vais pas ici vous dire l’importance que cet homme a eue, tant sur ses lecteurs que sur ses collègues (Barly Baruti m’en avait parlé… ), grâce à des albums dans lesquels son dessin, toujours, s’est fait le vecteur d’émotions et de sentiments, je dirais même de sensations humanistes et essentielles.

copyright procureur

J’ai eu le plaisir de le rencontrer quelques fois… Oui, j’use de ce mot, « plaisir », parce que tel fut le cas… Frank Pé était un homme charmant, charmeur, avec en même temps un franc parler tranquille… J’ai eu ce plaisir, oui, tout comme j’ai eu celui de l’interviewer… Sur le site de la rtbf, qui n’a pas cru bon de garder ce son…

Pour rendre hommage, le plus simplement du monde, à cet artiste d’exception, je vais arrêter ici mes mots inutiles. Et vous inviter, simplement, à suivre deux liens qui mènent à des chroniques que je lui ai consacrées, à la RTBF, il y a quelques années déjà…

Jacques Schraûwen

Les passions d’un faune

expo champaka

Tomber De La Lune – le passé, le futur, la vie à portée de rêve

Tomber De La Lune – le passé, le futur, la vie à portée de rêve

Un livre tout en douceur, tout en rêveries, tout en poésie… Un récit dans lequel se retrouver, tout simplement !

copyright delcourt

Dès la couverture, l’œil du lecteur ne peut que s’accrocher à ces couleurs qui, douces, forment une sorte d’arabesque au sourire paisible.  

Et, en effet, la couleur, dans cet album, occupe une place primordiale… On le ressent, à la lecture, avant d’en comprendre la construction, totalement voulue et totalement assumée… Chaque séquence se caractérise par l’ambiance que la colorisation qui l’illustre crée… Des bleus quand c’est la solitude qui est présente, des roses pour définir les contours de l’intime, des jaunes pour les moments de révélation. La couleur, ai-je envie de dire, délimite les émotions que ce livre esquisse de page en page…

copyright delcourt

L’héroïne de ce récit s’appelle Diane. Une petite fille qui vit dans une maison bourgeoise, à l’ambiance feutrée, avec son petit frère, son père, et sa belle-mère. Sa mère, elle, morte, est totalement absente de cette maison… Aucun souvenir d’elle, rien que le vide d’une existence qui semble ne jamais avoir été réelle.

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De séquence en séquence, on voit grandir Diane… Elle devient jeune femme, elle cherche, aussi, à comprendre qui était sa mère, dont elle n’a jamais vu le visage. Et puis, un jour, Diane découvre un pendentif caché, contenant la photo d’une femme inconnue. Ce visage, troublant, devient l’origine d’une série de questions sans réponse, dont l’essentielle est sans doute : est-ce sa mère ?

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Et puis… Est-ce cette découverte au fond d’un grenier qui rend Diane malade, devant être envoyée en convalescence dans un sanatorium dirigé par le frère de sa mère, un oncle qu’elle n’a jamais vu… Et c’est là qu’elle rencontre une jeune fille étrange qui va devenir sa confidente et qui va la réconcilier avec elle-même, petit à petit, tout en découvrant peu à peu les secrets de sa famille…

Tout cela fait presque penser à un « mélo »…

copyright delcourt

Mais c’est bien plus, aussi ! C’est une quête identitaire, c’est une existence qui se construit, ce sont des émotions tranquilles, c’est de la poésie qui, à la fois symbolique et fantastique, nous fait toutes et tous ressembler à Diane ! Le tout sous un ciel de nuit criblé des mille étoiles du possible… Car, finalement, comme le dit l’autrice de ce livre, les ténèbres de la nuit s’installent afin que nous remarquions la présence de la lune et des étoiles.

copyright delcourt

C’est un livre poétique, de bout en bout, et dans lequel la poésie, justement, permet d’aborder les thèmes les pus humains avec un regard toujours prêt à s’étonner, avec une foi, aussi, en tous les possibles de l’âme, du cœur, et d’un quotidien qui ne demande peut-être qu’à s’ouvrir au bonheur…

Jacques et Josiane Schraûwen

Tomber De La Lune (autrice : Yunbo – éditeur : Delcourt – avril 2025 – 152 pages)

Le Zoo Des Animaux Disparus : tome 6

Le Zoo Des Animaux Disparus : tome 6

Un album « jeune public », didactique sans jamais être pesant…

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Les zoos d’aujourd’hui ne ressemblent plus du tout à ce qu’ils étaient il y a une vingtaine d’années ! Ce qui n’empêche nullement, malheureusement, que la faune, sur terre, soit de plus en plus en danger… D’où cette idée qui réunit depuis six albums déjà un scénariste et un dessinateur, l’idée d’imaginer un zoo dans lequel sont répertoriés les animaux disparus ou proches de le devenir.

copyright bamboo

Ce tome six, comme les cinq précédents, se construit en gags d’une page, des gags gentillets, qui ne volent pas toujours très haut mais qui se laissent découvrir avec plaisir. C’est ce qui fait que ces albums sont simples et gentils, sans jamais être simplistes.

copyright bamboo

Cette série met en scène des mômes qui viennent dans ce zoo improbable donner un coup de main aux professionnels, et, parmi eux, à un guide qui sait tout sur tout et le partage avec talent et gentillesse, tant avec les visiteurs de cet endroit qu’avec ces enfants à l’insatiable curiosité.

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Réalisé en partenariat avec l’Association Française des Parcs Zoologiques (AFdPZ), cet album a, comme je l’ai dit, un vrai côté didactique. On le découvre au bas de certaines pages, avec des petites fiches techniques claires et tranquilles concernant ces espèces que l’humain laisse disparaître. Ce côté didactique se trouve aussi dans la présence, en fin d’album, d’un petit dossier scientifique pas mal fait du tout. C’est une série pour les jeunes, qui ne peut qu’être utile en éveillant chez eux une vraie conscience de ce qu’est notre monde. Du fait que, finalement, le respect que l’on porte à la faune est tout aussi important que celui que l’on peut et devrait porter à nos voisins, à des passants, à la misère, à la tristesse…

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Ce que j’aime dans la bande dessinée, c’est que, loin des « intellos » d’Angoulème ou d’ailleurs, c’est dans la diversité qu’elle se révèle telle qu’elle est, telle qu’elle plaît à plusieurs publics différents. On peut -on doit- pouvoir aimer l’extraordinaire « Ces lignes qui tracent mon corps » et en même temps « Le zoo des animaux disparus » !

Jacques et Josiane Schraûwen

Le Zoo Des Animaux Disparus : tome 6 (dessin : Bloz – scénario : Cazenove – éditeur : Bamboo – juin 2025 – 48 pages)