Il avait 49 ans…
Coloriste, d’abord, scénariste ensuite, c’est avec toute la puissance et toute la poésie de ses mots qu’il a créé une série exceptionnelle : « Les Ogres-Dieux ».
Lorsque le premier de cette série de trois albums est paru, j’ai tout de suite été ébloui par le dessin de Bertrand Gatignol. Par cette évidence de noir et de blanc tout au long d’une saga créant un univers inspiré plus par Rabelais que par l’héroic fantasy.
Et puis, en me plongeant dans ce premier livre, et dans les deux autres, ensuite, c’est l’écriture qui m’a envoûté. Parce qu’Hubert était un véritable écrivain, un de ces êtres rares capables d’inventer des univers totalement plausibles et pourtant démesurément originaux. Des univers, surtout, qui ne devaient pas tout à la seule imagination, aussi fertile soit-elle.
Nous parlant de pouvoir, de destin, de résistance, « Les ogres-dieux » se construisent à la fois comme une bd, comme un recueil de nouvelles, comme un manuel d’Histoire improbable.
Avec les Ogres-dieux, extraordinaire récit dont les thèmes centraux (pouvoir, ambition, injustice, résistance…) étaient et restent terriblement d’actualité, il était sans aucun doute parvenu à innover dans un domaine où, pourtant, les scénarios se révèlent bien trop redondants !
Mais il ne faut pas oublier non plus qu’il a à son actif quelques séries chez Glénat (avec le scénario à la Oscar Wilde du très bon « Monsieur Désire »), chez Dargaud, chez Dupuis.
Le neuvième art perd avec lui un scénariste qui a osé dépasser les frontières de la tradition comme de la modernité, grâce, tout simplement, à un talent mêlant la vision aux mots, la description de lieux et de sentiments à la littérature !
Un scénariste que j’ai eu le plaisir et la chance de pouvoir interviewer…
Jacques Schraûwen