Il avait 64 ans. Auteur rare, de par le nombre de ses albums et de par leur qualité, il laisse une œuvre qui a ébloui bien des générations !
On a, toutes et tous, des souvenirs précis de quelques-unes de nos lectures. Vicomte et son extraordinaire « Balade au bout du monde », scénarisée par Makyo, font partie pour moi de cette souvenance, de cette certitude, soudain, que la bande dessinée pouvait, graphiquement et littérairement, s’éloigner des sentiers battus et vivre d’originalité adulte. C’était en 1982…
Auteur méticuleux, soucieux, toujours, de n’offrir à ses lecteurs que des pages peaufinées, parfaites dans leur découpage comme dans le respect qu’il avait des textes et de leur importance, on peut, en parlant du réalisme de son dessin, le placer dans la continuité de quelques grands illustrateurs comme Pierre Joubert, de quelques grands noms de l‘âge de d’or de la BD aussi, comme Cuvelier, voire même Eddy Paape…
Je parlais de Joubert… Et ce n’est sans doute pas par hasard que Laurent Vicomte a été l’auteur, pour les scouts de France, de deux albums mettant en scène des louveteaux : « la Sizaine des Fauves ». Aventures scoutes gentillettes mais extrêmement réussies, dans la veine des romans de la collection Signe de Piste, ces deux albums, méconnus, méritent vraiment d’être redécouverts.
Mais le point d’orgue de son œuvre, c’est incontestablement la série « Sasmira ». Un récit qui parle d’art, de mémoire, de passé, d’ésotérisme, de fantastique, d’errances humaines vécues ou rêvées. Une série qui a mis des années et des années à voir arriver son ultime album.
D’une discrétion tranquille, Laurent Vicomte n’a jamais été « chef de file ». Il a toujours, très simplement, et avec simplicité, construit sa propre route. Une route de qualité. Une route qui le conduit, aujourd’hui, à aller voir de près ce que sont les ballades, poétiques, d’un ailleurs qu’il aimait imaginer et dessiner…
Jacques Schraûwen