Danthrakon

Trois albums pour une histoire d’heroic fantasy de bonne qualité !

Une aventure fantastique qui s’avère aussi être une fable sur le monde qui est nôtre…

Danthrakon © Drakoo

Les séries, je me dois de l’avouer, me fatiguent, m’arrêtent même dans ma lecture. Celles qui voient chacun de leurs épisodes se terminer par des points d’interrogation, celles qui s’éternisent, celles dont ne voit jamais la fin, celles qui cachent leur longueur sur des cycles, toutes ces réalités éditoriales me gênent aux entournures, oui, qu’elles soient le fait de la bd d’aventure (avec Van Hamme, le grand spécialiste…), de la bd western (qui oserait dire qu’il s’en sort dans les aventures de Blueberry ?), de fantastique (malgré la multiplication des époques, des aventures parallèles, Thorgal me tombe des mains, je peux le dire), et j’ai l’impression que la multiplication des épisodes a plus de raisons lucratives que créatives !…

Cela dit, les temps changent, heureusement…

Danthrakon © Drakoo

Et l’heroic fantasy qui, reconnaissons-le, était un des genres préférés de cette longueur cachant souvent un manque de qualité au niveau du scénario, se met au diapason aussi d’un allègement des récits quant à leur durée, mais d’un enrichissement, en même temps, quant à leur qualité narrative.

Olivier Boiscommun : les séries…

Danthrakon, c’est l’histoire, en trois volumes, pas plus, de Nuwan, un marmiton au service d’un mage, un adolescent qui rêve de changer de milieu social et de devenir, lui aussi, mage. Mais dans ce monde imaginaire où il survit au bas d’une échelle de valeurs acceptée par tout le monde, il a peu de chance d’arriver à réaliser son rêve. Sauf que… Le mage pour qui il travaille, a des disciples, des étudiants, plutôt. Dont la belle et séduisante Lerëh qui accepte de le « former ». Et c’est dans l’antre du mage Waïwo que Nuwan va découvrir un grimoire qui, dit-on, s’intéresse à la magie interdite, celle du sang.

Olivier Boiscommun : les personnages

Un grimoire qui va prendre possession de l’âme et du corps de Nuwan, le mettant ainsi en présence de pouvoirs qui deviennent siens… Des pouvoirs qui vont l’obliger à fuir, et à connaître, en compagnie de Lerëh, mille et une aventures, des naufrages, des combats épiques, des vengeances sournoises, des amitiés essentielles.

Comme souvent avec Christophe Arleston, le personnage central, masculin, ne peut exister qu’à condition de laisser le pouvoir aux femmes qui l’entourent, le pouvoir d’orienter l’intrigue à leur gré. Avec Arleston, on se trouve toujours, même à sa manière discrète, dans des univers qui ne peuvent exister que grâce aux femmes.

Danthrakon © Drakoo

Avec Arleston, aussi, les narrations ne sont jamais totalement gratuites. Sans parler de « messages », cette trilogie nous parle quand même d’un passage, celui de l’adolescence à l’âge adulte, celui de l’insouciance à la responsabilité, celui des apparences souvent trompeuses, celui des pouvoirs omniscients qui oublient qu’ils ont des responsabilités à assumer.

Olivier Boiscommun : Les liens avec notre réalité

Le dessin d’Oivier Boiscommun évite tant que faire se peut les habituelles (et toutes similaires, finalement) démesures graphiques propres au genre de l’heroic fantasy. Mais cela ne l’empêche pas d’user des codes du genre dans une narration rythmée et mouvementée. Les décors ont de l’importance, certes, sauf quand le focus est à placer sur un personnage qui, dès lors, semble perdu seul face à lui-même.

Et la force et l’intelligence de son dessin, c’est de parvenir à donner vie à tous ses personnages, en insistant, d’album en album, de planche en planche, sur les regards qui, bien plus que des miroirs de l’âme, s’avèrent être des expressions de l’existence elle-même…

Olivier Boiscommun : les regards

Et, enfin, i faut souligner le travail remarquable, mais discret, du coloriste Claude Guth et de son assistante Florence Torta. Cette couleur, à l’instar de ce qu’elle était, en d’autres temps, pour Olivier Rameau, est un véritable atout pour la qualité de cette courte série.

Olivier Boiscommun : la couleur

Jacques Schraûwen

Danthrakon – 1. Le grimoire glouton – 2. Lyreleï la fantasque – 3. Le marmiton bienheureux (dessin : Olivier Boiscommun – scénario : Christophe Arleston – coloriste : Claude Guth – éditeur : Drakoo)

Danthrakon © Drakoo