Adam, l’attraction du pire

Le portrait d’un jeune « radicalisé » : un livre interpellant !

Remedium est de ces auteurs de bande dessinée qui ne peuvent que parler de ce qu’ils connaissent, que de ce qu’ils ont découvert. Il est de ces artistes que l’on peut dire engagés, puisque résolument dégagés des manichéismes ambiants et tristement politiquement corrects.

Adam, l’attraction du pire © La Boîte à Pandore

Dans ce livre, c’est une histoire vraie qui sert de trame à un récit simple, celui d’une manipulation intellectuelle menant au pire.

Le scénario de Séraphin Alava est frontal, il suit les pas, tout simplement, d’Adam, emprisonné pour des faits de terrorisme. Des pas en prison, bien évidemment, mais aussi, et surtout, ceux qui l’ont conduit jusqu’à cet enfermement.

Adam, l’attraction du pire © La Boîte à Pandore

Le dessin de Remedium, encore plus ici que dans ses livres précédents, est simple, direct, sans fioritures, sans pratiquement de décors. Ce sont des êtres humains qu’il nous montre, dont il nous parle, qu’il fait vivre et parler. D’un être humain, surtout, l’anti-héros de ce livre, Adam, prénom symbolique pour un homme qui, pour différentes raisons, se cherche une raison d’être…

Et on suit donc l’embrigadement d’Adam, dans une de banlieue comme il y en a tant, en France, en Belgique, partout, même en plein cœur des villes…

Adam, l’attraction du pire © La Boîte à Pandore

L’attraction du pire, c’est pour cet adolescent de 19 ans une spirale qui, lentement, sans heurts, mène un individu à ne plus être capable de penser par lui-même.

Et ce qui est extrêmement intéressant dans ce livre, c’est que les auteurs refusent tout manichéisme. Ils nous donnent à voir, certes, une descente en enfer avec l’alibi d’un paradis à venir, mais ils le font en montrant, aussi, la multiplicité des possibles, des avis, au travers même des amis d’Adam qui tentent de lui faire comprendre ce que devrait être le message de l’Islam.

« Ta foi, elle est en toi et elle ne regarde que toi » lui dit un proche… qu’il n’écoute pas !

Adam, l’attraction du pire © La Boîte à Pandore

Ce livre est en quelque sorte l’autopsie dessinée d’une entrée en terrorisme, en religion. Avec l’appui d’une propagande bien huilée, avec des jeux vidéo qui aident cette propagande, des jeux dont Adam dit : « on se croirait dans une guerre, non dans un jeu vidéo » !

Les auteurs réussissent à ne rien occulter : la manipulation amicale pour démontrer que la famille n’a pas fait son travail, l’instauration d’un complotisme à partir de faits avérés, avec un sens aigu de l’analyse complotiste des événements de mort au Proche-Orient.

Ce livre, qui s’inscrit ouvertement dans une volonté de lutter contre les radicalisations, se continue par un dossier pédagogique à destination des jeunes, des parents et des enseignants. En outre, en France, il servira de base à une exposition itinérante dans les collèges.

C’est donc bien d’un livre engagé qu’il s’agit. D’un livre qui tente d’ouvrir des portes, ou des fenêtres plutôt, sur la vie et toutes ses valeurs essentielles.

Adam, l’attraction du pire © La Boîte à Pandore

Et ce n’est pas un hasard si la lecture devient pour Adam une aide… Un chemin nouveau… Un peu comme si la jeunesse, en apprenant à lire, appréhendait en même temps le plaisir et le pouvoir de l’écriture. Lire, c’est s’offrir la chance d’écrire, écrire, c’est réfléchir…

Adam, c’est un livre qui parle de la foi, sans la condamner. Et qui fait d’un livre de Romain Gary une porte de sortie, une attraction inversée, puisque chacun, pour lui, « se doit de porter le défi d’être un homme ».

Adam, l’attraction du pire © La Boîte à Pandore

« Il sait bien que les vérités absolues n’existent pas, qu’elles ne sont qu’un moyen de nos réduire à la servitude » (Romain Gary)

Jacques Schraûwen

Adam, l’attraction du pire (auteur : Remedium, d’après un témoignage fourni par Séraphin Alava – éditeur : La Boîte à Pandore – mars 2021)

https://www.lalibrairie.com/livres/editeurs/la-boite-a-pandore,0-781312.html

Adam, l’attraction du pire © La Boîte à Pandore