Un livre plus particulièrement destiné aux jeunes, mais qui ne pourra que plaire à tous les amoureux de la nature et de la bande dessinée !
C’est ce qu’on peut appeler un livre didactique. Mais, surtout, que cela ne fasse peur à personne ! On peut être didactique et amusant, on peut apprendre en découvrant, on peut lire de la bande dessinée en se plongeant dans des univers qui n’ont rien d’imaginaire ! Et c’est bien le cas avec cet album qui réunit dix-huit chapitres… Chacun de ces chapitres étant consacré à un projet de réintroduction d’une espèce animale (ou de recherche sur cette espèce), chaque projet étant présenté par une petite bande dessinée de quelques pages et un dossier illustré de deux pages.
A l’origine de ce bouquin, un endroit, en France, le Bioparc de Doué-la-Fontaine. Un endroit qui se veut plus qu’un zoo… Et, de ce fait, il y a toujours une certaine ambiguïté dans ce genre de démarche, que Pairi Daisa, en Belgique, a connue et connait encore : pour pouvoir participer à des programmes résolument axés sur la sauvegarde du monde animal, il faut de l’argent, pour avoir de l’argent il faut fonctionner comme un zoo, et être rentable… Avec tout ce qu’une telle gestion peut avoir de contraignant et de peu respectueux de la condition animale.
Mais, dans ce livre, on ne sent pas cette ambiguïté. Cet album est d’abord et avant tout une aventure humaine et multiple. Le scénariste principal, Pierre Gay, patron du Bioparc, est un individu passionné, qui devient encore plus passionnant par le choix qu’il a fait de laisser à des dessinateurs la liberté de construire leurs récits comme de vrais récits de voyage.
Dès la couverture, comment ne pas être séduit par Frank Pé, Le plus fabuleux des dessinateurs animaliers de nos jours ! Et, d’histoire en histoire, comment ne pas aimer ce que nous racontent, avec des graphismes et des constructions très variés, des auteurs comme Alessandra, Olivier Martin, Geneviève Marot, Titwane, et leurs complices ?
Il n’y a pas d’ambiguïté dans ce livre, il n’y a qu’une passion partagée par plusieurs auteurs, celle d’être les « gardiens de la forêt », en sachant que pour sauver les animaux, il faut d’abord aider les hommes…
Mais c’est bien de sauvegarde animale qu’il s’agit. Avec des dessinateurs qui savent de quoi ils parlent, ce qu’ils dessinent. Avec une approche des quatre horizons de notre petite planète, et de toutes les familles, ou presque, du règne animal, de la girafe à la panthère des neiges, des lémuriens aux vautours, des pandas roux aux okapis.
Ce qui est remarquable dans le « message » de ce livre, c’est qu’il est profondément humaniste : grâce aux animaux, il s’agit d’accepter les différences…
Et en défendant la cause animale, les sept dessinateurs de ce livre nous parlent de sujets à la mode sans pour autant sacrifier à l’intransigeance que ces modes peuvent avoir.
Ce qu’ils nous montrent et nous racontent, ce sont des tranches de vie, ce sont aussi des rencontres, des interviews qui n’ont rien de formel, des échanges entre des individus différents les uns des autres. Et à chaque sujet abordé, au-delà de la biodiversité, de l’éducation, de l’humain, il y a un élargissement des points de vue, et une approche, de ce fait, qui offre au lecteur des points de référence auxquels il ne s’attendait pas.
Ce livre nous parle de l’homme, de l’animal, de leurs présences face à face, de leurs vies parallèles, et il le fait avec simplicité, sans intransigeance. Et en combattant deux des fléaux de notre époque : les superstitions scientifiques, celles qui attachent des vertus impossibles aux cornes des rhinocéros par exemple, et le mercantilisme, qui utilise la bêtise humaine dans un seul but, un enrichissement inacceptable…
Un livre intelligent, donc, pour les jeunes, et les moins jeunes… Un album didactique extrêmement réussi !
Jacques et Josiane Schraûwen
Des Animaux et des Hommes (album collectif et didactique, aux éditions Petit à Petit… 128 pages – mars 2022)