A l’heure où Angoulème, comme à son habitude, couronne essentiellement de la bande dessinée ancrée dans des modes ou des habitudes très, très « contemporaines », se plonger dans un album qui n’a d’autre prétention que de permettre de passer un bon moment, cela fait du bien !…
Brian Bones est un détective privé, donc… Américain ! Mais ne vous attendez pas à la voir tapi dans un bureau poussiéreux et sombre, avec à la main gauche une cigarette et dans la main droit un verre de bourbon. C’est quelqu’un de très clean, en fait, travaillant essentiellement pour une compagnie d’assurance, et ayant trois passions dans la vie : les voitures, ses enquêtes et les femmes ! Dans le désordre… Et de manière aléatoire d’album en album…
Et cela fait cinq albums que ce jeune homme bien de sa personne résout des affaires dans lesquelles, à chaque fois, une voiture est la vraie héroïne… Dans le cas de ce cinquième album, il s’agit d’une Facel Vega, voiture puissante ayant ses fans à travers le monde. Au début de cette histoire, notre détective est en plein repos, dans une maison qui lui a été prêtée du côté de la riviera française. Il est invité à une soirée chez un voisin… Un exilé politique de haut rang qui, semble-t-il, est rappelé aux affaires dans son pays africain. Et qui subit, pendant cette soirée mondaine, une tentative d’enlèvement. N’écoutant que son courage et une très accorte garde du corps, Brian se lance dans la sauvegarde de ce politicien sans doute aussi véreux que ceux qui veulent l’assassiner.
Dans cet épisode, Brian Bones est plus observateur qu’acteur… Même si ses talents de conducteur sont là pour sauver la situation… En fait, il se trouve quelque peu perdu dans un univers d’espionnage et de politique auquel il ne comprend pas grand-chose, et qui ne correspond en rien à ses capacités ! Par contre, c’est dans une super production bd de cascades, d’effets spéciaux automobiles qu’il se plonge, avec des scènes de poursuites absolument phénoménales ! Mais toujours traitées avec humour ! Et puis, même sans happy end, tout se termine pour lui entre des bras bien accueillants…
De l’humour, oui, jusque dans certains dialogues qui font penser à une forme à peine déguisée de wallon. Et on sent, dans ce livre, que la complicité entre le dessinateur, Georges Van Linthout, et son scénariste, Rodolphe, est complète, et bon enfant… Un scénariste dont on sent ici tout le plaisir qui est le sien dans la construction de ses scénarios… C’est une série classique, avec des références évidentes aux grands anciens de la bande dessinée, mais c’est surtout une série dans laquelle on peut se plonger sans avoir peur de s’y ennuyer… Avec cette particularité de savoir que chaque album tourne autour d’un modèle de voiture… Et que, ce faisant, les personnages secondaires finissent par ressembler physiquement à ces bagnoles… C’est d’ailleurs la première question que j’ai posée à Georges Van Linthout dans cette interview que je vous propose d’écouter…
Je l’ai déjà souvent dit, et je le redirai encore. Aimer le neuvième art, c’est vouloir être éclectique… C’est avoir envie de découvrir, par soi-même, et pas suivant des diktats de quelques penseurs pansus… C’est ne rien renier de ses goûts personnels… C’est pouvoir aimer Catel et la bd populaire, en même temps… Tout comme en littérature, tout compte fait ! J’adore Céline et Léautaud, mais je ne renierai jamais le plaisir que j’ai eu à lire Cesbron ou Exbrayat !
Donc, Brian Bones, de facture classique, fait partie de ces albums dessinés que j’aime et que j’aimerai toujours lire calmement, le sourire aux lèvres…
Jacques et Josiane Schraûwen
Brian Bones, Détective Privé : 5. Facel Vega (dessin : Georges Van Linthout – scénario : Rodolphe – couleur : Stibane – éditeur : Paquet – 2023)