La bande dessinée est bien plus affaire d’auteurs que d’éditeurs… Elle devrait l’être, en tout cas. Avec Michetz, c’est un véritable style graphique qui disparaît et rejoint l’ailleurs…
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Il avait 73 ans. Il avait passé 18 années dans ce qu’on appelait à l’époque le Congo Belge, dans la province du Katanga, y trouvant cette lumière qu’ensuite il a apprivoisée dans ses œuvres.
Des œuvres qui ne sont pas très nombreuses, il faut le reconnaître… Toutes, ou presque, habitées par sa passion pour le Japon médiéval, sa culture, ses codes extrêmement particuliers. Kogaratsu, ainsi, riche de 14 volumes, est une œuvre dessinée qui enfouit son auteur comme ses lecteurs dans ce pays de guerriers et de lettrés.
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Il est également auteur de quelques autres albums, avec l’ami Yann par exemple. Il est surtout aussi présent dans le monde des porte-folio et des illustrations, son sens du réalisme allié à un trait d’une extraordinaire souplesse et lumière y faisant merveille.
Un auteur complet, sans aucun doute, que le monde de l’édition ne concernait pas vraiment, ce qui en faisait, comme je le dis plus haut, un artiste atypique. Mais formidablement doué !
Dans tous les pays du monde se trouve un point névralgique, un endroit d’où partent tous les chemins du pouvoir. La Maison Blanche, à ce titre, est sans doute le plus suivi de ces lieux d’où se dirige le monde.
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Et en chacun de ces endroits, un espace est réservé à la presse, à des journalistes accrédités pour y suivre du plus près les remous du pouvoir, ses décisions, ses engagements. Des sortes de bunker, peut-on dire, dans lesquels le monde des médias est au contact des décisions qui se prennent, comme on dit, « en haut lieu »…
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Et, avec « Maison Blanche », c’est dans ce monde réel-là qu’on se plonge… Celui d’une salle de presse installée dans la Maison Blanche, et dans laquelle un petit groupe de journalistes suit la vie du président des Etats-Unis, jusque dans le moindre de ses déplacements. Et ce sont ces journalistes qu’on découvre sous les « règnes » de Obama, Trump et Biden. Jérôme Cartillier fut correspondant de l’AFP à la Maison Blanche, et c’est lui qui est le maître d’œuvre, avec le scénariste Karim Lebhour, de ce documentaire graphique.
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Cartillier a donc « côtoyé » professionnellement trois présidents différents. Et ce livre se fait recueil d’anecdotes au sujet de ces trois « maîtres » des USA au quotidien de leur fonction. Dans cette salle de presse, tout se voit, tout se dit « transparent », mais tout ne se dit pas ! Et le côté anecdotique pris comme base de travail de ce livre permet, justement, de s’intéresser de près aux personnalités de ces présidents différents. En débordant un peu aussi, toujours comme un documentaire, avec l’Histoire… Celle de ce bureau ovale dont le monde entier parle, celle de Air Force One, etc.
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La dessinatrice Aude Massot illustre avec vivacité, sans apprêts, le scénario réaliste des deux scénaristes-journalistes. Le tout pour un propos qui, vous l’aurez compris, n’a rien de fictionnel ! Mais, traité avec humour dans le propos comme dans le dessin, le quotidien des grands de la terre n’est pas toujours très reluisant, et se révèle parfois très surprenant.
Un album instructif, donc, sans être didactique, graphiquement sans ambition mais avec efficacité, et qui, finalement, ne donne pas une image très rassurante de ce que d’aucuns osent encore appeler la plus grande démocratie du monde !
Jacques et Josiane Schraûwen
Maison Blanche (dessin : Aude Massot – scénario : Jérôme Cartillier et Karim Lebhour – éditeur : Delcourt – septembre 2024 – 128 pages)
Tout se passe en bord de mer, avec Isaac, un jeune garçon passionné de dessin et de bande dessinée…
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C’est, d’évidence, un album mélancolique, un livre qui nous parle de l’enfance, de ses rêves à accomplir, de ses quotidiens. Nous sommes près de Barcelone. Fleurissent sur la côte des établissements avec piscine pour éviter l’eau de mer bien trop polluée. Il y a des restaurants, bien évidemment, faisant de ces endroits des lieux attirant des touristes d’un jour qui viennent profiter d’un dépaysement à prix réduit, en quelque sorte.
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Dans le Baños Pleamar, tenu par son père et permettant à toute la famille de vivre, le jeune Isaac travaille, certes, mais, surtout, il observe. Sa famille… Les clients… Les jeunes filles qui passent et repassent, les amours éphémères, les engueulades tonitruantes… Il dessine, également, immortalisant ce qu’il voit au long de dessins naïfs mais aux promesses évidentes. Il vit son enfance, il profite sans réfléchir du temps qui passe et qui verra, bientôt, disparaître ces établissements et la vogue populaire qui était leur réalité.
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Ce livre, prenant axe autour d’une enfance vécue dans un de ces endroits, réussit à nous raconter l’évolution du tourisme, l’importance de la musique dans la culture de Barcelone (avec une playlist à découvrir), la nostalgie d’un âge irrémédiablement perdu, les sourires ensoleillés des corps sous le soleil et devant une paëlla. Ce livre, c’est la chronique d’un lieu au travers duquel chacun peut se reconnaître peu ou prou. Construite en chapitres, la narration permet à chaque chapitre d’voir une unité… Unité de temps… de rêve… D’onirisme, même… En mêlant, par exemple, des vraies photos d’époque et d’enfance aux dessins, donnant au récit la vraie puissance d’une autobiographie tranquille…
Jacques et Josiane Schraûwen
Marée Haute (aureur : Isaac Sanchez – éditeur : Dupuis – juin 2024)