C’est, depuis des mois maintenant, un débat qui fait rage et qui a trouvé une petite partie de résolution devant la justice… Mais qui est loin d’être terminé !
Hier donc, sur BX1, invité par Fabrice Grosfilley, j’ai eu le plaisir de parler bande dessinée, avec Olivier Van Vaerenberg… Et je vous conseille vraiment de lire son excellent article dans la revue Médor !
Le thème de cette émission télé était celui des personnages qui, souvent, volontairement ou pas, survivent à leurs auteurs.
Bien sûr, il y aurait beaucoup plus à dire que ce que nous avons exprimé ! Mais ce qui mérite d’être souligné, c’est que dans cette émission la parole a été donnée non à deux experts, mais à deux amateurs, des gens aimant, simplement, le neuvième art !
L’heure est venue des souhaits traditionnels… Je ne vous souhaiterai qu’une seule chose : le plaisir ! Celui de vivre, celui d’aimer, celui de lire !
Il y a pas mal de bandes dessinées que je n’ai pas encore eu le temps de chroniquer, mais que j’ai lues, et aimées. Un déménagement occupe une part de mes quotidiens, mais j’en parlerai, de ces albums, ici, bientôt, promis !
Je vous parlerai du dessinateur Francq et du plaisir de le voir faire de Largo Winch un personnage de moins en moins manichéen.
Je vous parlerai d’un album consacré à Batem et à son marsupilami, « une vie en dessins »… En rappelant que ce livre complète, à sa manière, un autre album, dans lequel j’ai eu l’honneur de placer quelques mots : « Palombie secrète »
Je vous parlerai des Bidochon aux musées, une série qui fait de la culture une réalité offerte à tout un chacun.
Je vous parlerai d’un roman belge, « Mirages froids », dont j’ai rencontré l’auteur, Baudouin De Mol.
Je vous parlerai du Corto Maltese de Vives… Un dessinateur exceptionnel, mais un livre qui laisse dubitatif.
Je vous parlerai de « Lumière Noire », dans lequel Claire Fauvel et Thomas Gilbert racontent ensemble les soubresauts de la création artistique…
Je vous parlerai de l’Histoire belge du Faux Soir, dans une bd dont beaucoup ont parlé déjà, mais qui mérite de rester en bonne place sur les étals des libraires.
Je vous emmènerai à ma suite dans une bd puissante, « Ténébreuse », due à un scénariste exceptionnel, Hubert.
Je vous permettrai d’écouter Marini nous parler de sa bd « Noir Burlesque », à la narration étonnante et intéressante…
Nombreux sont celles et ceux qui, d’enfance en adolescence, se sont construits au travers d’un mouvement de jeunesse tel que le scoutisme, y découvrant leurs propres chemins grâce, très souvent, aux revues de ces mouvements dans lesquels les dessins étaient nombreux.
De nos jours, en une époque où les « étiquettes » sont de plus en plus nombreuses, il est souvent de mauvais ton de se revendiquer du scoutisme, de ses valeurs, de son encadrement souvent empreint de foi.
Disons les choses nettement, dès l’abord.
J’ai grandi dans le scoutisme, de louveteau à scout, de scout à assistant de troupe, d’assistant de troupe à Akéla, d’Akéla à chef d’unité. Et ce scoutisme était « catholique », oui. Ce qui ne m’a pas empêché d’avoir mes propres convictions, agnostiques et laïques !
Cette religion ne m’a jamais gêné aux entournures, loin s’en faut, elle me fut même, tout au contraire, chance de réflexion pour en éviter tous les carcans. Et je ne remercierai jamais assez l’abbé Morel qui me fit comprendre que cette religion était partie intégrante d’une forme de patrimoine, et qui est resté un ami lorsque mes pas m’ont éloigné (enfin) des dogmes de l’Eglise Catholique.
Pourquoi cette introduction très personnelle, me direz-vous ?
Tout simplement parce que ces dessinateurs qui ont vu leurs dessins publiés dans des revues scoutes étaient empreints, eux aussi, de cette culture catholique… Judéo-chrétienne dit-on parfois…
De Joubert à Mitacq, de Forget à Follet, ces artistes n’ont jamais caché leurs convictions religieuses, chrétiennes. Et c’est aussi, cette honnêteté vis-à-vis d’eux-mêmes qui en a fait des auteurs résolument humanistes.
Parmi eux, donc, René Follet.
Un être simple, charmant, accueillant, souriant, presque timide.
Un personnage tranquille, dont le talent a rythmé l’existence, dont l’existence à rythmé le talent…
Il fut auteur de BD, bien évidemment, avec, c’est vrai, un succès mitigé au niveau des ventes. Mais avec, par contre, une admiration sans borne des plus grands de ses « collègues », parmi lesquels les immenses William Vance, Hermann, et bien d’autres, dont son ami, l’extraordinaire Emmanuel Lepage.
Ce manque de succès de vente est sans doute dû au fait que René Follet se sentait quelque peu à l’étroit dans le carcan précis d’un découpage de bande dessinée. Je pense que pour lui, un seul dessin pouvait suffire à raconter toute une histoire…
Il était un illustrateur de premier plan, et pour s’en convaincre, si besoin en était, il suffit de se plonger dans les livres de chez Dupuis qu’il a illustrés : la chevalerie, les Grecs, Cordées souterraines…
Pour se rendre compte aussi de la puissance de son trait, de sa façon, dans une sorte de parallélisme artistique avec Forget, de jouer avec les perspectives pour accentuer la gestuelle de ses personnages, leurs mouvements, leurs mouvances, il faut s’intéresser à ses dessins rapides, à ses croquis.
Et pour ce faire, il n’y a rien de mieux, sans doute, que de le découvrir dans ce petit album broché qui se consacre à toutes les illustrations qu’il fit dans le monde du guidisme en Belgique.
Que ce soit pour accompagner des feuilletons ou pour raconter la vie d’un camp, que ce soit pour parler des jeux scouts traditionnels ou pour montrer le rythme des saisons, René Follet s’est fait, dans la revue « Trèfle », observateur des guides pendant des années essentielles du vingtième siècle, de 1966 à 1976. Essentielles, oui, parce qu’elles permirent au féminisme de transformer foncièrement un mouvement comme le guidisme, en l’ancrant dans un sens égalitaire des hommes et des femmes, sans pour autant perdre le sens essentiel de la tolérance.
Et à ce titre, oui, sans aucun doute possible, le crayon de Follet est humaniste… L’image qu’il donne de la jeune fille au fil des années, change, évolue… Refuse tout conformisme pour rendre compte, simplement, d’une évolution des mentalités, donc des réalités, dans le guidisme et le scoutisme comme dans la vie de la société en général.
Ce livre ne se contente pas de mettre côte à côte des tas de dessins. Jean-Louis Hengchen, l’auteur, a effectué un travail de fond. D’abord en nous présentant, en plusieurs pages illustrées, ce que fut la carrière et les engagements de René Follet. Ensuite, en classifiant les dessins, nous permettant ainsi de profiter des thèmes choisis par Hengchen pour découvrir toute l’évolution dans le regard aigu de l’immense René Follet…
Aigu et, toujours, « gentil »…
La gentillesse de Follet : une vraie qualité humaine et humaniste, elle aussi ! Qui transparaît totalement dans ce livre que les amoureux de la BD et de Follet sauront apprécier…
Jacques Schraûwen
René Follet – un illustrateur humaniste au service du guidisme (auteur : Jean-Louis Hengchen – éditeur : Cahiers d’Histoire Belge du Scoutisme)
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