Mitacq à la Galerie Champaka jusqu’au 2 octobre

Mitacq à la Galerie Champaka jusqu’au 2 octobre

Retrouvez tout le talent d’un des « GRANDS » du neuvième art !

Mitacq est mort en 1994, à l’âge de 66 ans à peine. Il laisse derrière lui une œuvre importante, une présence essentielle et incontestable dans le paysage de ce qu’on appelle l’âge d’or de la bande dessinée ! Et la Galerie Champaka à Bruxelles le remet aujourd’hui, enfin, à l’honneur !

© Mitacq

L’Histoire, avec un H majuscule, qu’elle soit celle des guerres, des paix, ou celle des arts, a l’habitude de mettre en évidence des personnalités qui, de ce fait, deviennent emblématiques, et d’en oublier d’autres.

Dans l’univers du neuvième art, la chose est évidente aussi. Hergé est le « pape » de la bd, on l’encense comme on encense Uderzo, parfois à tort et à travers, on se souvient de Franquin, un peu de Jijé, et on oublie ou on laisse dans l’ombre des artistes qui jouèrent un rôle essentiel dans l’évolution, la vraie, de la bande dessinée. Je pense à des novateurs qui, à partir d’un canevas précis et réducteur des petits mickeys pour jeunes bien sages, réussirent à imposer, calmement, des thématiques plus graves, plus adultes, plus ouvertes sur le monde tel qu’il est. Je pense à Craenhals et son extraordinaire Chevalier Ardent, je pense à Godard et son Martin Milan quelque peu « anar »…

© Mitacq

Je pense aussi à Mitacq qui sut, avec l’aide de ses scénaristes, faire évoluer ses récits en y abordant des problématiques et des réalités tangibles.

Oui, l’auteur de « La Patrouille Des Castors » mérite assurément d’être honoré, lui qui fut et reste un orfèvre du réalisme en bande dessinée. Lui qui sut parler du scoutisme sans angélisme et en réussissant à le montrer ancré dans un vingtième siècle en continuelle mutation.

© Mitacq

S’il est vrai que ses « Castors » sont une série essentielle, avec trente albums parus, il ne faut pas oublier que Mitacq fut aussi le dessinateur de quatre albums de Jacques Le Gall, de plusieurs belles histoires de l‘Oncle Paul, de récits complets, et de trois récits de Stany Derval. Et d’illustrations nombreuses, également, pour le scoutisme, entre autres, avec quelques calendriers de la FSC par exemple…

© Mitacq

Mais c’est indubitablement dans sa série phare qu’il s’est le plus et le mieux investi. D’abord parce qu’il y a profité de scénaristes talentueux, Charlier bien évidemment, mais aussi Wasterlain et Stoquart, et lui-même. Ensuite parce qu’il a également profité, dans l’un ou l’autre album, de la collaboration graphique d’un des plus grands dessinateurs belges, René Follet.

Ensuite parce que le monde du scoutisme lui était connu. Jusqu’à suivre la réalité en transformant des éclaireurs en pionniers lorsque ces derniers, à l’instigation de Georges Morel, virent le jour en Belgique.

© Mitacq

Mitacq fut scout, et je me souviens avoir vu dans une commune bruxelloise un coin de patrouille de son adolescence encore décoré de ses fresques…

Et même si, de nos jours, il est de mauvais ton d’user du mot « valeurs », le scoutisme a permis à des générations et des générations de jeunes d’en découvrir quelques-unes, de s’en inventer aussi… Des valeurs non dogmatiques, celles des mains tendues, celles de ce terme qu’on galvaude tellement aujourd’hui, « solidarité », celles de la parole donnée, celles de l’humilité, celles de l’engagement au jour le jour.

© Mitacq

Un des derniers dessins qu’il réalisa fut un cadeau offert à une unité scoute dite « défavorisée » du bas de Saint-Gilles, à l’occasion de ses 75 ans d’existence. Un cadeau, oui, d’un humanisme et d’une simplicité exemplaires !

Et c’est donc à cette part majeure chez Mitacq et dans son œuvre, celle du scoutisme, celle de « La Patrouille des Castors », que la galerie Champaka ouvre ses cimaises.

© Mitacq

Ce sont quelque 80 planches originales que les visiteurs vont pouvoir admirer, de tout près. 80 planches qui proviennent des 20 premiers albums de cette série d’aventures adolescentes.

Et si, dans les premiers albums, on voit très bien l’influence (bénéfique) de Pierre Joubert, c’est un vrai bonheur des yeux que de voir Mitacq affirmer peu à peu sa personnalité, sans pour autant renier cet art du trait que fut celui de Joubert.

© Mitacq

Cette exposition nous montre aussi des pièces rares, des essais en couleurs pour des couvertures d’albums.

C’est une exposition, certes… C’est aussi un hommage à un dessinateur humaniste… C’est enfin un voyage dans un univers, celui de l’adolescence, que peu de dessinateurs ont réussi aussi bien à restituer en récits et en images mêlés !

Jacques Schraûwen

Exposition dans la galerie Champaka (27, rue Ernest Allard – B-1000 Bruxelles – Tél : 32 2 514 91 52) jusqu’au 2 octobre 2021)

© Mitacq

Les Prix Atomium 2021

Les Prix Atomium 2021

Le prix Raymond Leblanc couronne un projet au graphisme puissant : « Vents de Montagne, pluies d’océan » de Shih-hung Wu. Cet auteur qui va donc bientôt être publié semble posséder un sens du dessin extrêmement personnel. Un auteur à suivre très certainement !

Le prix de la Fédération Wallonie-Bruxelles couronne l’œuvre de José Parrondo, auteur « alternatif », au dessin simple, voire simpliste, qu’on peut aimer ou détester…

Prix Atomium de Bruxelles : « Béatrice » de Joris Mertens (éditeur : Rue de Sèvres). Un dessin extraordinaire, un sens de la couleur exceptionnel. Une visite dans différentes villes, silencieuse, un regard sur la cité, sa vie, ses existences, ses rencontres… Bruxelles s’y trouve, s’y laisse découvrir d’un œil neuf…

Béatrice © Rue de Sèvres

Le Prix Prem1ère du roman graphique est donné à une vraie bande dessinée, intelligente, puissante, « Incroyable ! » de Zabus & Hippolyte (paru aux éditions Dargaud). Sans cet intellectualisme très à la mode dans la pédanterie actuelle des « romans graphiques », ce livre nous parle de l’enfance, de ses possibles… Poésie, tolérance, tendresse, réflexion, il s’agit d’un vrai chef d’œuvre, qui fut chroniqué ici… L’union parfaite entre deux créateurs osant aller au bout de leurs rêves de et de leurs imaginaires !

https://bd-chroniques.be/index.php/2021/01/07/incroyable/

Incroyable! © Dargaud

Le Prix Cognito de la BD historique couronne, sans surprise, le très intéressant « La Bombe » d’Alcante, LF Bollée et Denis Rodier (éditeur : Glénat). Avec une précision historique exceptionnelle, les auteurs nous font pénétrer dans tous les événements qui amenèrent es Etats-Unis à créer la première bombe atomique. On croise dans ce livre étonnant, mais parfois ardu à la lecture, tous les protagonistes, militaires et scientifiques, et qui orchestrèrent cette invention avec plus ou moins de réticences.

La Bombe © Glénat

Le Prix Le Soir de la BD de reportage est décerné à « Prison n°5 » de Zehra Dogan (éditeur : Delcourt). Un témoignage poignant sur la violence de tout intégrisme, sur les abominations que doivent subir les femmes dans des régimes politiques qui ne sont pas tellement lointains que cela.

Prison n°5 © Delcourt

Le Prix Willy Vandersteen couronne un album paru en néerlandais, « La baleine bibliothèque » de Judith Vanistendael & Zidrou (éditeur : Oogachtend – éditeur francophone : Le lombard). Un extraordinaire conte poétique, un scénariste toujours surprenant, une auteure belge au talent somptueux… Et une chronique que j’ai faite pour la RTBF.

https://www.rtbf.be/info/medias/detail_bd-la-baleine-bibliotheque-un-superbe-conte-poetique?id=10781639

La baleine bibliothèque © Oogachtend

Le Prix Atomium des Enfants est accordé à un livre qui parle de cuisine : « Yasmina, Tome 1 : Master-classe » de Wauter Mannaert (paru chez Dargaud). Humour et militantisme écologique, mais avec simplicité, sourire, tolérance… Un auteur bien d’aujourd’hui, et une héroïne agréable à découvrir.

Yasmina © Dargaud

Un prix Atomium de la BD citoyenne a également &été décerné. Lauréate : « Chez toi » de Sandrine Martin, éd. Casterman. On y découvre un travail graphique et coloré assez original, et une thématique toujours importante, toujours d’actualité, celui de la migration, celui de la place des femmes, celui d’un humanisme essentiel.

Chez toi © Casterman

Jacques Schraûwen

Un Livre Belge dans ma Valise

Un Livre Belge dans ma Valise

Lire en Belgique, et partager ses coups de cœur !

L’édition, en Belgique, est un monde culturel vivant et, qualitativement, extrêmement varié. L’ADEB (association des éditeurs belges) veut le mettre en avant, pour une action qui demande l’aide passionnée de tous les Belges lecteurs !

© adeb

Tout le monde le sait : les mesures sanitaires de ces derniers longs mois n’ont porté qu’un intérêt très partiel à l’importance de la culture ! Certes, les librairies ont pu rouvrir avant les salles de cinéma ou de spectacle. Mais nous l’avons tous constaté : ce que les libraires, dans notre petit pays, ont présenté en majorité sur leurs étalages, c’étaient les best-sellers potentiels. Et français ! En oubliant, ou en reportant à plus tard, les livres sortant des sentiers battus de l’édition.

Benoît Dubois, Directeur de l’ADEB : l’état des lieux

Les auteurs belges, pourtant, ont nourri la littérature française de bien belle manière, et depuis très, très longtemps ! On peut penser à André Baillon, à Emile Verhaeren, à Achille Chavée, à Jijé, Franquin, à Simenon, à Pieter Aspe…

Rops © Espace Nord

Et c’est pour rappeler aux lecteurs belges la force et l’intérêt de l’édition « locale », au moins aussi importante que celle des grands groupes français, c’est pour remettre en avant tous ces éditeurs qui ne se contentent pas de noms vendeurs à mettre en couverture de leurs livres, que l’ADEB s’est lancée dans une action simple, sympathique, participative, intelligente, et qui ne demande que le plaisir pour tout un chacun de partager ses coups de cœur.

Benoît Dubois, Directeur de l’ADEB : l’action

Les réseaux sociaux sont ce qu’ils sont… Des lieux virtuels dans lesquels fleurissent parfois (souvent…) des sentiments qui n’ont pas grand-chose à voir avec la tolérance, il faut bien le reconnaitre !

Spirou © Dupuis

Vouloir dépasser les clivages imbéciles qui semblent vouloir envahir Facebook ou Instagram, c’est une initiative qu’on ne peut, dès lors, que trouver salutaire. Même si elle est quelque peu utopiste…

Benoît Dubois, Directeur de l’ADEB : une utopie

Nous avons, toutes et tous, des souvenances de lectures qui, à leur manière, nous ont construits… Et dans ce que sont nos coups de cœur dans ce domaine, l’important est et restera toujours la diversité. J’ai souvenance d’une « intellectuelle » jugeant de manière péremptoire les gens qui osaient lire des « romans de gare » ou des « romans-photos ». Pour elle, du haut de ses prétentions snobinardes, la lecture demandait un « effort » !

Lambersy © La Renaissance du Livre

Non, lire ne demande aucun effort, lire ne demande pas de vouloir paraître élitiste… Je me souviens par exemple de Gérard Valet, lors de la première réunion des jurés de son prix des auditeurs de la RTBF, le « Prix Point de Mire », leur disant : le but est de donner un prix à un livre qui peut intéresse le plus grand nombre, ne vous sentez donc surtout pas obligés de vouloir paraître au-dessus des autres par vos goûts !

Lire est un plaisir, tellement bien raconté par Daniel Pennac dans « Comme un Roman ».

Baillon © Espace Nord

Lire est votre plaisir… Il ne tient qu’à vous de le partager, de dire haut et fort que la culture ne se définit que dans la variété. Et d’espérer, ainsi, que des inconnus, des voisins peut-être, auront envie d’emporter dans leur valise, pour leurs prochaines vacances, un des livres que vous avez aimé lire, un de ces livres qui, depuis longtemps ou quelques semaines à peine accompagne vos existences, leurs rêves, leurs attentes, leurs chemins d’envol loin des quotidiens de plus en plus sombres qui nous enserrent…

Jacques Schraûwen

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Servais © Weyrich