Les Prix Atomium 2021

Les Prix Atomium 2021

Le prix Raymond Leblanc couronne un projet au graphisme puissant : « Vents de Montagne, pluies d’océan » de Shih-hung Wu. Cet auteur qui va donc bientôt être publié semble posséder un sens du dessin extrêmement personnel. Un auteur à suivre très certainement !

Le prix de la Fédération Wallonie-Bruxelles couronne l’œuvre de José Parrondo, auteur « alternatif », au dessin simple, voire simpliste, qu’on peut aimer ou détester…

Prix Atomium de Bruxelles : « Béatrice » de Joris Mertens (éditeur : Rue de Sèvres). Un dessin extraordinaire, un sens de la couleur exceptionnel. Une visite dans différentes villes, silencieuse, un regard sur la cité, sa vie, ses existences, ses rencontres… Bruxelles s’y trouve, s’y laisse découvrir d’un œil neuf…

Béatrice © Rue de Sèvres

Le Prix Prem1ère du roman graphique est donné à une vraie bande dessinée, intelligente, puissante, « Incroyable ! » de Zabus & Hippolyte (paru aux éditions Dargaud). Sans cet intellectualisme très à la mode dans la pédanterie actuelle des « romans graphiques », ce livre nous parle de l’enfance, de ses possibles… Poésie, tolérance, tendresse, réflexion, il s’agit d’un vrai chef d’œuvre, qui fut chroniqué ici… L’union parfaite entre deux créateurs osant aller au bout de leurs rêves de et de leurs imaginaires !

https://bd-chroniques.be/index.php/2021/01/07/incroyable/

Incroyable! © Dargaud

Le Prix Cognito de la BD historique couronne, sans surprise, le très intéressant « La Bombe » d’Alcante, LF Bollée et Denis Rodier (éditeur : Glénat). Avec une précision historique exceptionnelle, les auteurs nous font pénétrer dans tous les événements qui amenèrent es Etats-Unis à créer la première bombe atomique. On croise dans ce livre étonnant, mais parfois ardu à la lecture, tous les protagonistes, militaires et scientifiques, et qui orchestrèrent cette invention avec plus ou moins de réticences.

La Bombe © Glénat

Le Prix Le Soir de la BD de reportage est décerné à « Prison n°5 » de Zehra Dogan (éditeur : Delcourt). Un témoignage poignant sur la violence de tout intégrisme, sur les abominations que doivent subir les femmes dans des régimes politiques qui ne sont pas tellement lointains que cela.

Prison n°5 © Delcourt

Le Prix Willy Vandersteen couronne un album paru en néerlandais, « La baleine bibliothèque » de Judith Vanistendael & Zidrou (éditeur : Oogachtend – éditeur francophone : Le lombard). Un extraordinaire conte poétique, un scénariste toujours surprenant, une auteure belge au talent somptueux… Et une chronique que j’ai faite pour la RTBF.

https://www.rtbf.be/info/medias/detail_bd-la-baleine-bibliotheque-un-superbe-conte-poetique?id=10781639

La baleine bibliothèque © Oogachtend

Le Prix Atomium des Enfants est accordé à un livre qui parle de cuisine : « Yasmina, Tome 1 : Master-classe » de Wauter Mannaert (paru chez Dargaud). Humour et militantisme écologique, mais avec simplicité, sourire, tolérance… Un auteur bien d’aujourd’hui, et une héroïne agréable à découvrir.

Yasmina © Dargaud

Un prix Atomium de la BD citoyenne a également &été décerné. Lauréate : « Chez toi » de Sandrine Martin, éd. Casterman. On y découvre un travail graphique et coloré assez original, et une thématique toujours importante, toujours d’actualité, celui de la migration, celui de la place des femmes, celui d’un humanisme essentiel.

Chez toi © Casterman

Jacques Schraûwen

Un Livre Belge dans ma Valise

Un Livre Belge dans ma Valise

Lire en Belgique, et partager ses coups de cœur !

L’édition, en Belgique, est un monde culturel vivant et, qualitativement, extrêmement varié. L’ADEB (association des éditeurs belges) veut le mettre en avant, pour une action qui demande l’aide passionnée de tous les Belges lecteurs !

© adeb

Tout le monde le sait : les mesures sanitaires de ces derniers longs mois n’ont porté qu’un intérêt très partiel à l’importance de la culture ! Certes, les librairies ont pu rouvrir avant les salles de cinéma ou de spectacle. Mais nous l’avons tous constaté : ce que les libraires, dans notre petit pays, ont présenté en majorité sur leurs étalages, c’étaient les best-sellers potentiels. Et français ! En oubliant, ou en reportant à plus tard, les livres sortant des sentiers battus de l’édition.

Benoît Dubois, Directeur de l’ADEB : l’état des lieux

Les auteurs belges, pourtant, ont nourri la littérature française de bien belle manière, et depuis très, très longtemps ! On peut penser à André Baillon, à Emile Verhaeren, à Achille Chavée, à Jijé, Franquin, à Simenon, à Pieter Aspe…

Rops © Espace Nord

Et c’est pour rappeler aux lecteurs belges la force et l’intérêt de l’édition « locale », au moins aussi importante que celle des grands groupes français, c’est pour remettre en avant tous ces éditeurs qui ne se contentent pas de noms vendeurs à mettre en couverture de leurs livres, que l’ADEB s’est lancée dans une action simple, sympathique, participative, intelligente, et qui ne demande que le plaisir pour tout un chacun de partager ses coups de cœur.

Benoît Dubois, Directeur de l’ADEB : l’action

Les réseaux sociaux sont ce qu’ils sont… Des lieux virtuels dans lesquels fleurissent parfois (souvent…) des sentiments qui n’ont pas grand-chose à voir avec la tolérance, il faut bien le reconnaitre !

Spirou © Dupuis

Vouloir dépasser les clivages imbéciles qui semblent vouloir envahir Facebook ou Instagram, c’est une initiative qu’on ne peut, dès lors, que trouver salutaire. Même si elle est quelque peu utopiste…

Benoît Dubois, Directeur de l’ADEB : une utopie

Nous avons, toutes et tous, des souvenances de lectures qui, à leur manière, nous ont construits… Et dans ce que sont nos coups de cœur dans ce domaine, l’important est et restera toujours la diversité. J’ai souvenance d’une « intellectuelle » jugeant de manière péremptoire les gens qui osaient lire des « romans de gare » ou des « romans-photos ». Pour elle, du haut de ses prétentions snobinardes, la lecture demandait un « effort » !

Lambersy © La Renaissance du Livre

Non, lire ne demande aucun effort, lire ne demande pas de vouloir paraître élitiste… Je me souviens par exemple de Gérard Valet, lors de la première réunion des jurés de son prix des auditeurs de la RTBF, le « Prix Point de Mire », leur disant : le but est de donner un prix à un livre qui peut intéresse le plus grand nombre, ne vous sentez donc surtout pas obligés de vouloir paraître au-dessus des autres par vos goûts !

Lire est un plaisir, tellement bien raconté par Daniel Pennac dans « Comme un Roman ».

Baillon © Espace Nord

Lire est votre plaisir… Il ne tient qu’à vous de le partager, de dire haut et fort que la culture ne se définit que dans la variété. Et d’espérer, ainsi, que des inconnus, des voisins peut-être, auront envie d’emporter dans leur valise, pour leurs prochaines vacances, un des livres que vous avez aimé lire, un de ces livres qui, depuis longtemps ou quelques semaines à peine accompagne vos existences, leurs rêves, leurs attentes, leurs chemins d’envol loin des quotidiens de plus en plus sombres qui nous enserrent…

Jacques Schraûwen

Un Livre Belge dans ma Valise : abonnez-vous sur Facebook en suivant ce lien : https://www.facebook.com/groups/527581748600393

Servais © Weyrich

Les Prix Artemisia 2021

Les Prix Artemisia 2021

Je ne suis pas, vous le savez, très « branché » prix…

Mais pour une fois, je veux me faire l’écho de quelques récompenses « différentes », qui, à l’instigation il y a quelque 14 années, de Chantal Montellier et Jeanne Puchol, mettent en évidence la production féminine dans le monde de la bande dessinée.

Je vous avoue ne pas avoir lu tous ces livres, mais je tenais vraiment à ce que ces prix intéressants, intelligents, aient quelques échos !

Le GRAND PRIX : Moi, Mikko et Annikki (auteure : Tiitu Takalo – éditeur : rue de l’échiquier)

Moi, Mikko et Annikki © Rue de l’échiquier

D’inspiration autobiographique, ce récit passionnant se veut à la fois social et intimiste, historique et très personnel. Il nous fait partager la lutte menée par une petite communauté joyeuse et marginale afin de sauver l’îlot historique d’Annikki, dans la ville finlandaise de Tampere. Tiitu Takalo relate avec talent et précision le combat acharné que mènent les habitants de ces maisons de bois jadis habitées par une population ouvrière, entrés en résistance contre des promoteurs immobiliers aux énormes appétits, et des édiles locaux trop souvent complices.

PRIX SPECIAL : Sourvilo (auteure : Olga Lavrentieva – éditeur : Actes Sud)

Sourvilo © Actes Sud BD

Une grand-mère se souvient de ses années de jeunesse, passées entre Guerre mondiale, bombes, obus, purges politiques et privations de toutes sortes !

Cet album nous ramène un imaginaire russe dépaysant et des dessins poétiques dépourvus de toute artificialité. Une sincérité au service d’une réalité souvent douloureuse, mais très édifiante et ré-humanisante, à tous points de vue.

PRIX JEUNESSE : Melvina (auteure : Rachele Aragno – éditeur : (Dargaud)

Melvina © Dargaud

Rachele Aragno entraîne son héroïne dans un univers étrange à la Lewis Carroll où l’on croise une reine à la tête coupée, des enfants qui attendent de naître, une abeille transformée en amulette, des pensées heureuses transformées en lucioles, des tigres sauvages de l’aurore et une sorte de croquemitaine résidant dans des marais métaphysiques.

PRIX ECOLOGIE : La Déesse Requin (auteure : Lison Ferné – éditeur : CFC)

La Déesse Requin © CFC

Dahut, une belle et trop curieuse jeune fille qui ne craint pas de braver les interdits de sa mère, la déesse Boddhisatva, cherche à s’affranchir et à découvrir le monde par elle-même.

Un dessin totalement au service du vivant et de ses souffrances. Au plus près de ce réel-là que nous refusons trop souvent de voir.

PRIX SOCIÉTÉ : Hippie Trail (dessin : Elléo Bird – scénario : Séverine Laliberté – éditeur : Steinkis)

Hippie Trail © Steinkis

Ce roadtrip, en 4L, sur la célèbre Hippie Trail, nous plonge en plein cœur des seventies, nous invite à sillonner dangereusement les routes orientales, de la Yougoslavie de Tito jusqu’en Afghanistan en passant par la dictature des colonels grecs, là où est née la scénariste. Ces pérégrinations mêlent avec subtilité récit intime et immersion dans la grande Histoire.

COUP DE CHAPEAU : On baise (auteure : Catherine Beaunez – éditeur : La folle du logis) (un livre que j’ai chroniqué : https://bd-chroniques.be/index.php/2021/03/25/on-baise/

On baise © La folle du logis

Des strips rapides, en quelques dessins, qui nous montrent comment une femme française comme toutes les femmes vit le confinement, ses obligations, ses trajets interdits, ses rêves éteints, ses solitudes assumées ou pas. Il en résulte, graphiquement, des tas de petites tranches de vie qui semblent presque dessinées, comme pour graver une mémoire immédiate dans un déroulement du temps totalement dérèglé…Catherine Beaunez nous parle ainsi de tout ce qui a fait l’existence, il y a un an, de tout ce qui, aujourd’hui encore, aujourd’hui plus, même, encadre les heures et les minutes de nos vies.

Jacques Schraûwen