Puis-je l’avouer… Malgré l’importance évidente de ses scénarios dans l’histoire de la bande dessinée, je n’ai jamais réussi à totalement accrocher aux univers qui étaient les siens… Mais il n’empêche qu’avec lui disparaît un auteur important…
On le connaît, évidemment, pour être l’auteur de « Valérian », série sf à succès créé dans les années 70, empreinte à la fois des codes de la science-fiction classique et d’un regard critique sur le monde de l’aujourd’hui. Il est crédité également d’une participation au navet intégral que Luc Besson a réalisé en s’inspirant de cette bd. Nul n’est parfait…
Mais Christin, c’est bien plus, heureusement, que cette série…
Il fut le scénariste de Bilal… Pour des albums qui tous, étaient extrêmement marqués politiquement. On a beau dire aujourd’hui que Christin portait un regard sociologique sur la société, il s’agissait aussi d’un regard idéologique… Qui répondait, sans doute, historiquement parlante, à cette époque née dans les années 70 et qui a révolutionné tous les rapports politiques dans le monde.
Mais Pierre Christin a à son actif des livres qui, personnellement, me semblent bien mieux résister au temps qui passe…
Je pense à sa collaboration avec Annie Goetzinger, moins caricaturale, plus tolérante, moins manichéenne, surtout, avec des livres comme « La Diva et le Kriegsspiel ».
Je pense aussi, surtout même, au fabuleux « Rumeur sur le Rouergue », dessiné par Jacques Tardi… Un livre qui, je pense, ne s’est pas fait sans mal, mais qui, totalement, n’a pas pris une ride… Grâce, sans doute, à une collaboration entre deux auteurs qui n’avaient pas vraiment le même univers…
Christin fut aussi écrivain… Voyageur… Professeur… Curieux de tout, en fait, tout simplement.
Avec lui, oui, c’est l’immédiat après mai 68 qui disparaît un peu plus dans l’imaginaire du neuvième art, avec ses dérives politiciennes, mais aussi avec ses honnêtetés intellectuelles et, parfois, politiques.
Jacques et Josiane Schraûwen