Pierre Christin : la mort d’un scénariste symbolique de son époque…

Pierre Christin : la mort d’un scénariste symbolique de son époque…

Puis-je l’avouer… Malgré l’importance évidente de ses scénarios dans l’histoire de la bande dessinée, je n’ai jamais réussi à totalement accrocher aux univers qui étaient les siens… Mais il n’empêche qu’avec lui disparaît un auteur important…

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On le connaît, évidemment, pour être l’auteur de « Valérian », série sf à succès créé dans les années 70, empreinte à la fois des codes de la science-fiction classique et d’un regard critique sur le monde de l’aujourd’hui. Il est crédité également d’une participation au navet intégral que Luc Besson a réalisé en s’inspirant de cette bd. Nul n’est parfait…

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Mais Christin, c’est bien plus, heureusement, que cette série…

Il fut le scénariste de Bilal… Pour des albums qui tous, étaient extrêmement marqués politiquement. On a beau dire aujourd’hui que Christin portait un regard sociologique sur la société, il s’agissait aussi d’un regard idéologique… Qui répondait, sans doute, historiquement parlante, à cette époque née dans les années 70 et qui a révolutionné tous les rapports politiques dans le monde.

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Mais Pierre Christin a à son actif des livres qui, personnellement, me semblent bien mieux résister au temps qui passe…

Je pense à sa collaboration avec Annie Goetzinger, moins caricaturale, plus tolérante, moins manichéenne, surtout, avec des livres comme « La Diva et le Kriegsspiel ».

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Je pense aussi, surtout même, au fabuleux « Rumeur sur le Rouergue », dessiné par Jacques Tardi… Un livre qui, je pense, ne s’est pas fait sans mal, mais qui, totalement, n’a pas pris une ride… Grâce, sans doute, à une collaboration entre deux auteurs qui n’avaient pas vraiment le même univers…

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Christin fut aussi écrivain… Voyageur… Professeur… Curieux de tout, en fait, tout simplement.

Avec lui, oui, c’est l’immédiat après mai 68 qui disparaît un peu plus dans l’imaginaire du neuvième art, avec ses dérives politiciennes, mais aussi avec ses honnêtetés intellectuelles et, parfois, politiques.

Jacques et Josiane Schraûwen

Eliane Bar – l’adieu à la passion faite femme, la passion du neuvième art…

Eliane Bar – l’adieu à la passion faite femme, la passion du neuvième art…

Tous les amateurs de bd de Bruxelles, et même de Navarre, la connaissaient, ne fut-ce que de vue… Eliane était bien plus qu’une libraire… C’était, au sens le plus noble du terme, l’amie de la bande dessinée !

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« Nous les petits, les sans grade… » disait le grognard d’Edmond Rostand… Longue tirade d’une écriture et d’une intelligence superbes… Ces mots qu’en un autre temps j’ai dits sur une petite scène, ce sont eux qui me sont revenus à la mémoire lorsque, hier, j’ai appris la mort d’Eliane… Une amie…

Sans les petits, sans les sans grade, rien d’important ne pourrait exister ou avoir existé sur cette planète de merde qui accueille nos éphémères présents. Ce sont eux, ces humains de l’ombre, qui savent ce qu’est vraiment la passion, celle de vivre, celle de ne pas se désespérer, celle de se battre contre toutes les adversités, sans ostentation. Celle d’avoir dans le regard comme dans la tête une vraie petite folie, communicative…

Les petits, les sans grade, ce sont les antinomies des Napoléon meurtriers et adulés, des sportifs battant d’un dixième de seconde un record inutile… Les petits, les sans grade, ce sont les vrais gardiens ce l’existence.

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Eliane était de leur race. Droite, honnête dans ses prix, fidèle dans ses amitiés, elle était d’abord et avant tout une femme sachant ce qu’elle voulait, comme on dit. Et se donnant les moyens de ses ambitions, mais sans chercher à écraser qui que ce soit.

Et ses ambitions étaient de faire son métier de libraire avec une vraie passion, celle d’aimer cet art que l’on dit neuvième en continuel mouvement, en éternelle mutation, celle de faire partager à ses visiteurs ses coups de cœur comme ses coups de dégoût… A aimer la bd, oui, mais avec un sens de l’indépendance qui a fait d’elle une actrice à part entière d’un univers qui, pourtant de plus en plus formaté, ne pouvait pas se passer d’elle pour que se voient mis en avant des auteurs que les « grands » éditeurs laissaient dans la pénombre d’une forme d’anonymat…

Eliane, c’était, je l’ai dit, une amie… Une femme capable d’ouvrir les bras pour aider quelqu’un dans le besoin, quel que fût ce besoin.

Eliane, il y a un peu plus de quinze jours, je l’ai vue chez moi, et elle m’a écrit ensuite, le plus simplement du monde, qu’elle avait été contente de me revoir…

Je ne boirai plus de porto avec elle…

Je ne parlerai plus avec elle de nos souvenirs communs… De Hermann… De Franquin… Des auteurs que j’appréciais et qu’elle trouvait mauvais, ce qui entraînait des discussions animées, mais toujours souriantes… De Sebastian, de Jean-Wallace, de Cédric, pour qui elle avait aussi une passion véritable…

Nous ne parlerons plus ensemble avant, qui sait, un moment d’éternité en un ailleurs improbable.

Mais je lui dis, aujourd’hui, avec aux paupières une tristesse qui m’en rappelle une autre, je lui dis, simplement, calmement : « Merci, Eliane, et bonne route… »

Jacques (et Josiane) Schraûwen

André Juillard: l’ultime départ d’un des immenses artistes du neuvième art!

André Juillard: l’ultime départ d’un des immenses artistes du neuvième art!

Un homme que j’ai rencontré quelques fois… Un homme passionnant, passionné…

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Il y a des jours où on n’a pas vraiment envie d’écrire, de parler… Il y a des jours où la vie se montre telle qu’elle est, chemin conduisant à l’inéluctable du départ… Il y a des jours où la mémoire se fait cruelle aux miroirs d’un présent qui éveille, une fois de plus, des souvenances de larmes souriantes…

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André Juillard s’en est allé dans des territoires du souvenir que ses livres emplissent de son talent, de sa générosité, de sa gentillesse.

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Il avait 76 ans, 76 printemps… que lui soit douce la route vers l’ailleurs… Je n’en dirai pas plus… Mais pour le retrouver, suivez simplement les liens qui mènent à des chroniques que je lui ai consacrées… Carnets secretsDouble 7, avec une interview de Juillard… Le testament de William S., avec, également, du son d’André Juillard…

Jacques et Josiane Schraûwen