Jean-Luc Vernal : la mort d’un auteur passionné par l’Histoire

Jean-Luc Vernal : la mort d’un auteur passionné par l’Histoire

C’est le 15 janvier dernier que Jean-Luc Vernal est décédé. Journaliste de formation, il a été scénariste pour quelques dessinateurs importants, et le dernier rédacteur en chef du Journal de Tintin.

Le monde de la bande dessinée doit beaucoup, sans aucun doute possible, à ces auteurs qui, souvent oubliés de nos jours, ont participé sans vedettariat à l’évolution de cet art mêlant écriture et graphisme.

Parmi eux, il y eut Jean-Luc Vernal. Passionné par l’histoire, il fut le scénariste de la série Jugurtha, avec deux dessinateurs hors du commun, Hermann, d’abord, Franz ensuite. Mais aussi de Ian Kalédine avec Ferry, ou de Tetfol avec Eric. Des séries mêlant la grande histoire à une imagination fertile mais toujours soucieuse de créer des univers historiquement vraisemblables.

A côté de ça, il fut aussi le scénariste de plusieurs récits exclusivement historiques, eux, dans la continuité de ce qui se faisait déjà dans le journal de Tintin comme dans celui de Spirou (avec l’oncle Paul), des récits didactiques plus que d’aventure.

Et il a touché également au fantastique et à l’humour avec « Brelan de Dames ».

Il fut aussi le rédacteur en chef de la dernière époque de vie du Journal de Tintin, de 1979 à 1988. C’est à cette époque que les personnages créés par Servais, entre autres, ou Chaillet ont pris vie dans les pages de ce magazine.

Discret et talentueux, toujours très précis dans son écriture, qu’il voulait simple sans être simpliste, et, également, grammaticalement et orthographiquement sans défauts, il est de ceux dont la bd peut s’honorer!

C’était, à sa manière, un puriste du neuvième art, travaillant dans la tradition sans pour autant refuser certaines ouvertures vers une bd plus moderne.

C’est, incontestablement, un des grands noms du scénario des années 80 qui vient de rejoindre son ami Franz dans les paradis imaginés de la bd !…

 

Jacques Schraûwen

Pascal Garray : Benoît Brisefer et les Schtroumpfs orphelins une nouvelle fois…

Pascal Garray : Benoît Brisefer et les Schtroumpfs orphelins une nouvelle fois…

Les Schtroumpfs, personnages mythiques de la bd franco-belge, créés par Peyo, ont toujours continué à vivre leurs aventures grâce à des dessinateurs amoureux du style graphique de leur créateur. Parmi eux, Pascal Garray, dont on a appris aujourd’hui le décès.

Pascal Garray avait 51 ans. Toute sa carrière, il l’a passée dans l’ombre du grand Peyo. A ses côtés, d’abord, participant au dessin des Schtroumpfs. Sous sa houlette, ensuite, en reprenant Benoît Brisefer, et en continuant à lui donner vie le temps de sept albums, après la mort du « maître »…

C’est probablement avec ce personnage, super-héros souriant du quotidien, qu’il a pu le mieux exprimer son talent, dans la continuité, certes, de l’art de Peyo (mais aussi de Walthéry…), mais en y imprimant, par le mouvement et le travail sur les décors par exemple, sa propre empreinte.

Après l’aventure de Benoît Brisefer, Pascal Garray n’a pas abandonné les studios Peyo, et on lui doit une collaboration efficace le temps de 17 albums des Schtroumpfs, dont  » L’arbre d’Or  » et  » Schtroumpf les bains « .

Il venait de terminer les dessins du prochain album des petits personnages bleus, qui sera publié en septembre prochain, sous le titre  » Les haricots mauves « .

Avec lui, c’est un continuateur précis et fidèle de l’œuvre de Peyo qui disparaît.

 

Jacques Schraûwen

Groom : que faut-il sauver de 2016 ?

Groom : que faut-il sauver de 2016 ?

Les éditions Dupuis continuent, en ce début 2017, à faire paraître leur  » Méga Spirou hors-série « . Un magazine destiné à un public jeune (et moins jeune), et qui, dans ce numéro-ci, revient sur 2016, une année fertile en événements de toutes sortes.

Ce qui est remarquable, dans le sens premier du terme, avec Groom, c’est qu’il s’adresse à tous les publics, sans pour autant user d’un vocabulaire simpliste ou d’une analyse à l’emporte-pièce. En une expression comme en cent, Groom ne prend pas ses lecteurs pour des demeurés mentaux !

Groom reste également fidèle à la marque de fabrique du magazine Spirou, dont il est issu : l’humour est l’arme la plus efficace pour désamorcer l’horreur !

L’humour, et la tolérance, oui, servis ici par une brochette d’auteurs issus, pour la plupart d’entre eux, de la jeune génération de la bd. Cette génération qui a été marquée, incontestablement, par l’attentat contre Charlie.

Mais pas d’outrance, dans Groom, ce qui n’empêche pas les auteurs de pointer du doigt les failles du monde qui est le nôtre. Mais le tout est géré par un principe de base pratiquement philosophique, journalistique en tout cas :  » comprendre le pire avant d’en rire  » !

Et s’il est vrai qu’on sourit en passant de page en page, d’événement en événement, de mémoire en souvenir, il est tout aussi vrai que le pire a été omniprésent pendant les douze derniers mois !

Il y a eu le terrorisme, et on retrouve dans le dossier qui traite de ce sujet l’excellent Dab’s. Il y a eu le Brexit, expliqué d’une manière claire. Il y a eu la présidente du Brésil priée de s’en aller. Il y a eu Erdogan et la Turquie, que Ducoudray n’épargne pas sans tenir compte, lui, de la géopolitique. Il y a eu l’enfer des migrants dans la jungle de Calais, l’élection de Donald Trump, la gauche française qui se déchire et lorgne vers la droite du paysage politique, la Syrie, le chômage…

Comme vous le voyez, ce Groom ne se contente pas de porter les bagages de n’importe qui dans le grand hôtel de l’information et de l’amusement. Il dit ce qu’il pense, avec le sourire, certes, mais avec un besoin de lucidité qui, de nos jours, brille souvent par son absence.

Cela dit,  » Groom « , ce n’est pas du journalisme utilisant comme support le média bd. Non,  » Groom « , c’est de la bd, avec ses codes propores, qui utilise le média du journalisme et de l’info. Et c’est ce qui fait de ce magazine une belle réussite, à mettre dans les mains des adolescents prêts à tenter de comprendre le monde dans lequel ils vivent, et duquel, très bientôt, ils vont être partie prenante !

 

Jacques Schraûwen