324 dessins : François Avril

324 dessins : François Avril

Une exposition à Bruxelles et un livre !

Inclassable artiste, passionné et lumineux, François Avril expose chez Huberty & Breyne, à Bruxelles. Une exposition accompagnée d’un très beau livre, intitulé tout simplement « 324 dessins »…

François Avril © François Avril

Le style de François Avril est fait d’une envoûtante simplicité, dans le trait comme dans les couleurs, une simplicité faire de sincérité.

Ses œuvres exposées comme son livre nous montrent à voir des dessins rapides, créés dans la magie d’un regard, d’un instant fugace, sans doute, dans l’urgence parce que sans but, foncièrement, sans d’autre raison que de souligner de quelques traits une minute d’existence.

François Avril : dessiner librement

Et ce qui caractérise ces dessins, outre le fait qu’ils n’ont pas été créés pour être vus ni publiés, c’est leur spontanéité, une sorte de rapidité dans l’exécution qui fait que, étrangement, ils deviennent, mis bout à bout, face à face, comme un portrait éclaté de leur auteur.

François Avril © François Avril

Ce sont des instantanés de lieux, de sensations, d’impressions que François Avril a voulu immortaliser, sans s’attarder… Comme pour nier au temps toutes ses dictatures…

François Avril : des dessins personnels

Ce qui frappe aussi, dans l’exposition comme dans le livre, c’est la multiplicité des techniques utilisées. On en ressent une impression extrêmement douce : celle d’entrer par la petite porte dans un univers très personnel, mais aussi celle de comprendre qu’au-delà de toute technique, c’est le plaisir du contraste, donc de la lumière, qui génère au bout des doigt de François Avril comme des clichés d’errance. L’œuvre de François Avril n’a rien de surréaliste, que du contraire, puisqu’elle aime s’aventurer dans des paysages urbains. Et pourtant, avec cette exposition et ce livre, on se retrouve en face d’une sorte d’écriture graphique automatique.

François Avril : technique et lumière

Le livre nous montre à voir, donc, 324 dessins « secrets ».

François Avril © François Avril

L’exposition, elle, nous invite à découvrir que toute œuvre artistique n’existe que dans le dialogue. Celui que les visiteurs entament avec les œuvres en se baladant dans la galerie. Mais aussi et surtout, peut-être, le dialogue que les dessins vivent entre eux, par le choix de leurs places aux cimaises, de leurs agencements. Les dessins se regardent, et se parlent les uns aux autres, se complètent, se continuent, ou même se nient. Là aussi, la littérature surréaliste et ses cadavres exquis sont comme un fil conducteur. Ou, plutôt, comme la chance de découvrir, derrière les simples apparences, le portrait d’un artiste passionné par le monde qui l’entoure et qu’il fait sien.

François Avril : des dessins qui dialoguent

Ses premières amours, il y a plus de trente ans, ont été celles de l’illustration et de la bande dessinée. Avec des références évidentes, à l’époque, à la « ligne claire ».

François Avril © François Avril

Aujourd’hui, son art dépasse largement les frontières d’une « école », d’une « doctrine ». Ainsi, chaque dessin de cette exposition, de ce livre, ne raconte pas une histoire, mais plusieurs… Chaque ébauche est déjà une construction imaginaire.

Alors qu’on peut comparer les tableaux de François Avril à des poèmes graphiques devant lesquels on s’arrête pour rêver, on peut, je pense, rester dans le monde de la poésie avec ce livre et cette exposition.

François Avril © François Avril

Mais une poésie plus courte, plus vive, moins lyrique. Les dessins de ce livre-ci et de cette exposition sont des haikus, des poèmes ramassés sur eux-mêmes, des poèmes qui, sans but, parviennent, en quelques traits, à créer et définir une ambiance, un voyage silencieux…

François Avril : Dessin et poésie
François Avril © François Avril

François Avril est un raconteur d’histoires… Des histoires qu’il nous appartient de compléter à partir de nos propres sensations, de nos propres poèmes vécus, en quelque sorte…

Jacques Schraûwen

324 Dessins – par Huberty & Breyne François Avril – Exposition chez Huberty & Breyne, place du Châtelain à Bruxelles (Ixelles) – éditeur du livre : Huberty & Breyne 420 pages – Sortie mars 2021 (en vente à la galerie)

https://hubertybreyne.com/

François Avril © François Avril
Laurent Verron s’expose à Bruxelles jusqu’au 27 mars 2021

Laurent Verron s’expose à Bruxelles jusqu’au 27 mars 2021

Une belle occasion de découvrir toute l’étendue du talent d’un dessinateur classique, populaire, et talentueux !

Laurent Verron © Laurent Verron

Oui, Laurent Verron fait partie, sans aucun doute possible, de ces dessinateurs qu’on peut dire « classiques », dans le trait, dans la filiation avec ce qu’on appelle l’école de Charleroi, même si aucune école n’y a vraiment existé dans le monde de la bande dessinée !

Ce qui, par contre, l’a formé, ce sont quelques années passées auprès de Roba, des années d’apprentissage, pendant lesquelles, sans doute, Laurent Verron a cultivé son plaisir à intégrer ses personnages dans des lieux, des décors, des environnements.

Laurent Verron © Laurent Verron

Et le voici donc dans une galerie d’art consacrée au neuvième art, pour ce qui ressemble à une rétrospective, mais bien ancrée dans l’actualité d’un dessinateur passionné…

Une exposition qui semble l’étonner, parfois… Tant il est vrai que le regard, le sien mais aussi celui des visiteurs, se vit différemment lorsque les œuvres ne sont plus imprimées, mais accrochées sur des murs…

Laurent Verron : impressions face à une exposition

Cette exposition remonte le temps, puisqu’elle nous permet de retrouver les planches d’une série iconoclaste et jouissive que Laurent Verron a dessinée entre 1996 et 2006 sur des scénarios de Yann. Odilon Verjus, missionnaire anar, s’est baladé à travers le monde, et c’est un bonheur d’en découvrir les dessins originaux dans la galerie Champaka.

Laurent Verron © Laurent Verron

Ce qui est intéressant dans cette petite « rétrospective », aussi, c’est de pouvoir suivre l’évolution de Laurent Verron, des années 90 jusqu’à aujourd’hui. Et d’y découvrir par exemple la façon dont, en quelque vingt ans, il a travaillé les décors, les esquissant pour Boule et Bill, les peaufinant pour Mademoiselle J.

Laurent Verron : les décors

Ce qu’il faut souligner également, c’est que la carrière classique certes, de Laurent Verron, se caractérise par une volonté incontestable de qualité, tant dans le graphisme que dans le choix de ses scénaristes. Et c’est encore le cas avec la série qu’il dessine aujourd’hui, Mademoiselle J., sur un scénario d’Yves Sente.

Une série plus réaliste, qui nous raconte, au fil de ses âges, la vie d’une femme désireuse de ne pas dépendre des modes et de leurs sexismes.

Laurent Verron : Mademoiselle J.

Cette jeune femme, donc, qui en est à son deuxième album, vieillit de dix ans en dix ans. Ce qui est un défi graphique, un défi réussi, et qu’on peut voir de tout près aux cimaises de la galerie Champaka.

Laurent Verron : un personnage qui vieillit.

Une exposition sans tape-à-l’œil qui séduira toutes celles et tous ceux qui aiment la bande dessinée, humoristique ou semi-réaliste, faite avec conviction, et talent !

Jacques Schraûwen

Exposition de Laurent Verron jusqu’au 27 mars à la Galerie Champaka, rue Allard, 1000 Bruxelles

Mademoiselle J. (dessin : Laurent Verron – scénario : Yves Sente – éditeur : Dupuis)

Odilon Verjus (dessin : Laurent Verron – scénario : Yann – éditeur : Le Lombard)

Boule et Bill (éditeur : Dargaud)

Quelques autres œuvres de Laurent Verron : Le Maltais (éditeur : Claude Lefrancq) – Fugitifs surs Terra 2 (éditeur : Dargaud)

http://www.galeriechampaka.com/

Laurent Verron © Laurent Verron

Samedi 27 février 2021: deux auteurs passionnés en dédicace au BDWeb

Samedi 27 février 2021: deux auteurs passionnés en dédicace au BDWeb

Pour donner vie au magasin BDWeb, large espace ouvert à la culture du neuvième art, nombreux furent les visiteurs, il y a quelques jours, à venir rencontrer deux jeunes auteurs. Et ce fut une belle rencontre, conviviale, souriante, passionnante, autour de deux albums à mettre en bonne place dans toute bibliothèque de bande dessinée.

Deux artistes qui, chacun à sa manière, se sont penchés sur des existences réelles pour nous offrir des livres qui se révèlent être des portraits, presque intimes, de deux femmes d’exception, de deux femmes qui ont marqué leur époque.

Angela Davis pour Nicolas Pitz et Anaïs Ninn pour Léonie Bischoff sont des femmes qui ont rué dans les brancards, selon l’expression consacrée, deux héroïnes qui, en tout cas, ont voulu faire de leur vie un combat très personnel pour la liberté, pour LES libertés.

Les héroïnes

Dans notre univers de plus en plus formaté, on ne peut que trouver dans les combats de ces deux femmes, l’un très intime, celui de l’écriture, celui du libertinage aussi, d’Anaïs Ninn, l’autre activiste et militant, celui d’Angela Davis, on ne peut qu’y apercevoir une lutte qui se devrait sans doute d’être universelle encore et toujours : celle contre les habitudes, ces normes qui nous sont imposées sans que, souvent, on ne s’en rende vraiment compte.

Les habitudes
Traquée © Glénat

La bande dessinée peut prendre bien des formes. De la distraction d’un moment à une réflexion plus profonde, plus sociologique, il y en a, comme on dit, pour tous les goûts, et c’est tant mieux. Le neuvième art se doit d’être éclectique pour rester populaire. Mais il y a aussi un véritable plaisir à trouver, dans une lecture, qu’elle soit dessinée ou pas, des échos qui se font contemporains. Et c’est bien le cas avec ces deux œuvres, sans aucun doute…

Les échos

La bande dessinée, tout comme la littérature et le cinéma, dépend également, il faut le reconnaître, de modes. Depuis quelques petites années, on voit ainsi fleurir à l’envi des biographies. Toutes, loin s’en faut, ne sont pas intéressantes…

Sur la mer des mensonges © Casterman

Ici, Nicolas Pitz, et Léonie Bischoff ont pris le parti de parler de personnes réelles en choisissant, pour chacune d’elles, un angle de vue précis, presque anecdotique. Et c’est cela qui, sans doute, fait une des grandes qualités de ces deux livres. On se trouve dans des moments de vie, dans des laps de temps qui sont comme un focus mis sur des éléments qui, pour secondaires qu’ils puissent avoir l’air d’être dans le flot d’une existence, se révèlent pourtant essentiels, fondamentaux.

Bio

Jacques Schraûwen

Sur la mer des mensonges (auteure : Léonie Bischoff – éditeur : Casterman)

Traquée (dessin : Nicolas Pitz – scénario : Fabien Grolleau – éditeur : Glénat)

BDWeb – rue De Tamines – 1060 Bruxelles

https://www.facebook.com/BDWeb.fr